Après le deuxième tour des élections régionales, Daniel Cohn-Bendit a lancé un appel fondateur : « inventons ensemble une Coopérative politique ».
Oncle Dany appelle à « changer la politique pour changer de politique ». Il veut créer un mouvement nouveau qui transcenderait Europe Ecologie. Il propose de sortir du système des « partis conçus comme des machines désincarnées, sans autre objet que le pouvoir ». Il compare ces partis à des « écuries de Formule 1, ces belles mécaniques politiques peuvent être très sophistiquées et faire de belles courses entre elles, mais elles tournent en rond toujours sur le même circuit, avec de moins en moins de spectateurs ».
Dany propose de réunir et de faire participer toutes les parties prenantes, quelles que soient leurs origines, pour se diriger ensemble vers un objectif consensuel. « Encore une fois, l’important est moins d’où nous venons, mais où nous voulons aller, ensemble ».
En somme, « nous » sommes tous dans une même galère qui va là où nous « voulons aller ». C’est sans doute clair, mais pas très précis. Il y a certainement plusieurs niveaux de lecture comme pour les textes ésotériques.
Ce que je comprends, c’est que dans « notre » galère coopérative, il y a ceux qui sont dans la cale et qui rament, puis ceux qui sont sur les ponts supérieurs et enfin, celui qui dirige le navire : le Pacha. Je verrais bien notre Oncle Dany, tout en rondeurs, dans le rôle du Pacha (Commandant dans la Marine).
Dans la coopérative galère, on applique le principe de subsidiarité, hautement démocratique, selon lequel chaque niveau doit prendre en charge les problèmes pour lesquels il est compétent.
Dans la cale, les galériens doivent régler les problèmes à leur niveau (cadence des coups de rames, élection-désignation du responsable fouetteur, changement du tambour qui marque le rythme,…). Pour ce faire, ils doivent tous pouvoir exprimer leur opinion sans aucune exclusive (qu’ils soient encartés ou non). Les représentants des galériens peuvent transmettre des idées aux « butineurs » des ponts supérieurs. C’est l’application de la démocratie participative réinventée. Mais, il n’est pas question de sacrifier à la « folie des référendums » (Interview, DCB, Le Monde 8 juin 2005), car ces idées ou ces revendications ne doivent pas aller à l’encontre du « bien commun » dont les locataires des ponts supérieurs sont les garants. Par exemple, une revendication sera jugée irrecevable si elle se traduit par une réduction de la vitesse du navire, car il faut aller au plus vite là où nous « voulons aller ».
Sur les ponts supérieurs se trouvent ceux qui « savent », ceux qui savent comment « construire un bien commun alternatif » apte à nous emmener là où nous « voulons aller ». Ce sont eux les concepteurs et les réalisateurs du « logiciel libre » de gestion de la « coopérative politique ». Evidemment, le code source du logiciel est à la disposition de tout le monde, mais les galériens n’ont heureusement pas les compétences pour modifier les programmes.
Tout en haut, se trouve le Pacha (Oncle Dany) qui sait là où nous « voulons aller ». Mais il n’en dit mot, car seuls les initiés de haut rang peuvent comprendre. Il faut faire confiance au Pacha et nous sauverons la planète.