La Gauche de Mélenchon… Simple dissidence ou profonde remise en question ? Aboutissement ou reniement ?
En apprenant à connaître Jean-Luc Mélenchon sur son blog riche en archives vidéos il va s'en dire qu'on arrive vite à comprendre pourquoi selon lui le Parti Socialiste campe sur des blocages dont il n'arrive pas à se dépêtrer ou qu'il n'arrive pas à dépasser… Songer à sauver un pédalo ou un rafiot qui prend l'eau, cela doit depuis longtemps ne plus guère l'intéresser outre mesure la confirmation de ce qu'il craignait de pire lorsqu'il en claquât la porte sans états d'âmes laissant derrière lui une solide carrière de sénateur et un soutient inconditionnel au mittérandisme des premières heures… Laissé aux soumissions et exigences d'un capitalisme qu'il était quand même censé combattre au départ, le PS a fini par devenir quelque chose qui cloche ou qui ne tourne pas rond dans ce qu'il est convenu d'appeler une politique de gauche. Son objectif principal au départ étant quand même ce qu'elle sera capable de soustraire comme équilibre dans la part du capital, installé et en circulation dans des masses monétaires chiffrées à la hausse, par rapport aux richesses détenues en de fantomatiques mains et une pauvreté d'un niveau tiers-mondiste qui frappe à nos portes, suite à une crise à laquelle on s'habitue mais qui n'enlève en rien qu'elle soit devenue, elle, dans ses causes et son origine, pourtant de moins en moins fantomatique… Comble du paradoxe et de l'incohérence on nous annonce également que les conséquences en marqueront l'avenir de beaucoup de pays et qu'elles ne sont pas encore entièrement perceptibles dans ce que les danois appellent déjà "les années maigres" (! ?)… C'est donc qu'elles n'en sont pas moins durables ?… Plus la crise durera et plus le pouvoir droitier deviendra indispensable puisqu'il détient une grande majorité de parts du capital. La crise est devenue le fondement et la garantie de la solidification de son autoritarisme qui contribue au développement du conservatisme et renforce la fragilité de l'économie libérale où nous sommes conduits depuis que l'Union européenne basculât sérieusement à droite avec l'avènement, à l'échelle européanniste, d'un conglomérat de droites réunies en une seule par l'extrême populisme qu'elle véhiculait pour regrouper une grande formation politique unanime qui allait s'étendre au galop aux quatre coins de l'Europe sous cette bannière aux couleurs pourtant différentielles de ce Parti populaire européen (Ppe) alors que ce n'était là qu'une stratégie ultime pour que les différentes formations politiques aux tendances de droite de cette Europe en construction puissent mettre la main sur la tirelire de tout un continent et limiter par un référendum les risques de voire la majorité du Parlement européen basculer à gauche. En effet, si les différents "non" donnés au TCE n'alarmèrent personne, la faible majorité au "oui", alors allouée par les principaux pays décideurs ayant organisé ce référendum, ne faisait malheureusement que confirmer une forte majorité de droite dans l'Europe et l'éclosion de droites encore de plus en plus dures parvenant à remporter les présidentielles dans leur pays. À l'unité ces droites, conservatrices et nationalistes, parfois étrangement identifiées à carrément de l'extrême droite, ne sont pas majoritaires mais le deviennent de manière surprenante lorsqu'émerge, dans l'espace européen officiel, l'addition des majorités européennes données par chacun des pays membres à leurs représentants parlementaires pour cette Union que beaucoup préfèreraient voire se déterminer comme une "fédération".
De la vidéothèque bien fournie que le Front de Gauche met à la disposition du public on découvre notamment dans La mécanique Mélenchon** proposée par LCP/AssembléeNationale in Docs ad Hoc les motivations politiques abandonnées par le PS qui ont fait partir Jean-Luc Mélenchon de ce parti de gauche dominant et qu'il ne l'a pas quitté ce Parti Socialiste pour disparaître et mourir tout seul mais pour insister sur les différences que prenait le PS avec le socialisme de départ et celui que l'économie européenne lui impose de libéralisme et auquel il se contraignît de lui-même et par lui-même sans jamais songer un seul instant que des électeurs et quelques élus dans ses rangs puissent choisir un autre chemin… Ni que jamais également ne puisse s'installer une politique de gauche en Europe aux bases majoritaires situées alors à gauche et non pas à droite comme cela semble s'instituer au point d'en devenir incontournable…
Fuyant le médiocre caviar que continuait à lui proposer les socialistes dans les choix démocratiques des programmes sortis des Congrès pas tirés au sort finalement mais dans lesquels il comprît vite qu'il n'avait plus aucune chance d'y faire valoir ses idées en tant que ligne directrice majoritaire puisque celles-ci étaient appelées à rester minoritaires... Expérience qu'il ne rééditera plus puisque sa motion arrivée quatrième le pousse à partir du PS pour ne pas participer au Congrès de Reims et s'engager dans une politique anticapitaliste devenue la source d'un véritable socialisme engagé poursuivant non pas la stabilisation de son pouvoir mais une remise en question profonde du système capitaliste dont les fonctions sont à redéfinir par des politiques moins conservatrices ou présentées novlangue… Hors en politique le newspeak comporte toujours des risques de simplification du discours et des explications arrivant plus souvent que parfois à atteindre des sommets de l'ennui comme dans les dernières interventions de Sarkozy même si celui-ci en revendique l'efficacité et sa vocation à aller droit au but se jouant de l'égalité démocratique dans laquelle il avait été élu. On était habitué à la verve des Jaurès, Taurès, Proudhon… la liste serait longue… mais là, avec un Président "café du commerce", bientôt candidat à sa propre succession, dont on ne sait vraiment plus quoi en faire si ce n'est d'en subir encore les derniers coups de boutoir qu'impose l'achèvement de son œuvre réformatrice, il devient urgent de s'interroger sur ce que disent les politiques des objectifs qu'ils se sont fixés. Si jamais il n'a pas fini au mois de mai pourquoi ne pas le laisser là où il est ? (!)
Si on ne tient pas compte de cette différenciation essentielle et fondamentale qui existe dans le socialisme entre Mélenchon et ce qu'il reste d'idées au PS on ne comprendra jamais les risques qu'il y aurait à laisser l'un (PS) poursuivre sa course majoritaire un peu folle derrière l'économie du libéralisme tout en perdant la vocation première de ce qui le fît socialiste tandis qu'un autre (Mélenchon) se verrait caricaturer de forte gueule toute juste bonne à amuser la galerie (? sans doute le caviar dinosaurien ?) ou un simple dissident dur à cuir qu'il sera toujours difficile à convertir et qui par conséquent ne peut aboutir qu'à une impasse politique… Au contraire, cette présidentielle 2012 doit être l'occasion de réorienter les objectifs de la gauche dans ce qu'elle compte apporter comme opposition dans ces dégâts, maintenant amplement constatés, que le capitalisme de connivence (PSeuropéen différent de la GaucheEuropéenne) ou fille d'une droite dure ou modérée (Ppe) laisse comme plaies sociales et de ravages à l'économie. Car il ne faut pas se leurrer mais si chez les socialistes du PS on n'arrive déjà pas à se mettre d'accord sur le nucléaire et l'écologie comment voulez-vous trouver un terrain d'entente dans la lutte contre le capitalisme et reconquérir toutes les gauches dont il n'est désormais plus le maître absolu ?
Faudra-t-il continuer à faire confiance à un Parti Socialiste prétendument unifié et probablement modernisé par des idées gérées par son aile droite qui a du mal à donner une continuation de gauche ou ne vaudrait-il pas mieux s'accorder autour d'un Républicain fidèle aux valeurs de cette gauche dont son histoire témoigne***, certainement l'un des seuls qui reste maintenant à avoir obtenu le soutient indéfectible de Mitterrand ?… Assurément Jean-Luc Mélenchon est un leader socialiste qu'on ne peut qualifier d'ancien ni même de "démago" comme on l'entendrait trop souvent pour l'identifier ainsi plus facilement à son hypothétique équivalence avec son opposée extrême droite tant il est toujours resté réaliste face aux dangers qu'il y avait avec le temps à faire du socialisme une roue du carrosse capitaliste et non plus son mode de révision et de régulation permanent… En bref, le socialisme était censé rester l'axiome critique des tueries dans lesquels le capitalisme engloutissait l'humanité ainsi qu'un moyen d'extraction d'une partie du capital à des fins redistributives et non pas devenir inversement un instrument qui l'aiderait à fonctionner et le servirait au titre d'un capitalisme social socialisé prêt à se confondre en une sorte de gauche centrée et droitifiée assujettie aux exigences inégalitaires qui sont les siennes que le capitalisme parvenait à convaincre de n'en guère modifier les modèles de répartition des gains, ni d'en reprendre l'échelle de l'établissement des salaires s'il en reste, ni d'en contester le système de radiation humaine auquel il conduit lorsque le pouvoir leur échappe à ces socialistes modérés.
Au delà d'une gauche radicale simplifiée Jean-Luc Mélenchon en appelle à un simple socialisme de transition avec le capitalisme amené à disparaître car devenu trop mauvais pour l'humanité parce qu'il y a trop de droites qui gouvernent mais qui ne partagent pas assez...
*http://www.jean-luc-melenchon.fr/videotheque/
**http://www.lcp.fr/emissions/docs-ad-hoc/vod/14829-la-mecanique-melenchon/jean-luc-melenchon
***http://www.jean-luc-melenchon.fr/2011/12/19/documentaire-pour-en-arriver-la-sur-planete/
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