La Gauche socialiste en lambeaux
Le monarque républicain François III dans son souci pathétique de suivre son troupeau bêlant de plus en plus à droite vient de pousser à la démission une de ses ministres les plus emblématiques qui restera dans l'histoire comme celle qui a fait passer contre une Droite caricaturale la loi sur la mariage pour tous que pratiquement plus aucun des vociférateurs d'antan ne voudrait aujourd'hui prendre le risque d'abroger.
En effet, c'est une chose d'aller à contre-courant de l'histoire bien au chaud dans l'enceinte du parlement où l'opposition reste purement académique, c'est une autre paire de manche d'enclencher un retour en arrière qui ridiculiserait la France sur la planète entière à l'exception des pays baignés par l'obscurantisme qui y trouveraient matière à raffermir leurs convictions rétrogrades.
Le monarque républicain, mal élu sur la faiblesse de son adversaire et fort tôt mal aimé, adepte de la normalité et des escapades nocturnes en scooter chez une actrice dans le plus pur style de la comédie de mœurs balzacienne est en grand danger de voir compromise sa réélection.
En donnant des gages à la Droite et en spéculant sur le grégarisme de la Gauche, il compte bien élargir sa base électorale qui part en peau de chagrin.
Giscard avant lui et l'ineffable Sarkozy avaient essuyé les plâtres de la défaite et l'adieu théâtral du premier – tant moqué – fut en définitive un adieu.
Mais aucun des deux précités n'a connu le déshonneur d'une élimination au premier tour et c'est pourtant le sort qui attend de plus en plus François III.
Sarkozy que rien n'étouffe et surtout pas le poids de ses erreurs monumentales dont il se défausse cyniquement sur ses collaborateurs tente un retour, un come-back comme disent les Anglais, dans l'espoir assez vain que ses fausses contritions et son apparente modestie fassent oublier sa nature profonde de Rastignac louvoyant.
Il s'inscrit, lui aussi, dans le sillage de la comédie balzacienne et il suffirait de relire la « Comédie humaine « pour deviner l'aboutissement de toutes ces péripéties gesticulatoires qui n'ont que l'importance que leur donnent les journalistes.
Dieu ! que l'on manque de pamphlétaires dont la malveillance servirait d'antidote à ce consternant conformisme...
Madame Taubira, c'est le symbole de la Gauche en lambeaux, une étoile lettrée et tribunitienne dont l'éloquence manquera dans un gouvernement où le talent oratoire va bientôt se résumer aux compte-rendus comptables assortis de coups de menton vindicatifs.
Quant à Hollande, emporté par la maladresse de sentiments vengeurs à Versailles et déclinant avec emphase une revendication inepte de la Droite Extrême, la déchéance de nationalité, il pourrait reprendre à son compte et pour son compte, à l'instar de Molière faisant dire à Géronte cette formule empruntée au Pédant de Cyrano de Bergerac « mais que Diable allait-il faire dans cette galère ? «
Il s'est mis lui-même dans un mauvais cas : aucune reconnaissance à attendre de la Droite - sinon le baiser mortel des deux élus FN - et des désaveux à Gauche, il s'est condamné à la fuite en avant avec une escouade de godillots.
Madame Taubira se retire, le Droite se dit soulagée, un bel aveu qui résone comme un hommage.
C'est peu de dire qu'elle a laissé du temps au temps, espérant sans doute un éclair de lucidité présidentielle ; la Garde des sceaux se tiendra éloignée d'une disposition de loi dont elle n'approuve ni la finalité ni l'utilité et, symbole contre symbole, elle choisit l'égalité des citoyens devant la punition.
D'autant que le symbole en question ne désespère pas ceux qu'il est censé frapper de forfaiture mais répond aux attentes de ceux dont on se demande par quelle aberration intellectuelle, ils pourraient se sentir soulagés par une mesure dont les destinataires pourraient même tirer gloire.
On eût pu espérer un sursaut de la part d'un exécutif aux abois qui multiplie les pas de clerc et les contradictions ; sur les 35 heurs Valls reprend Macron qui insiste mais ne s'en va pas encore ; le gouvernement navigue entre deux eaux sans parvenir réellement à choisir sinon dans une panoplie de demi-mesures dont on peut être sûr qu'elles seront inefficaces voire contre-productives car propices au désenchantement.
A quoi bon disserter sur les macronnades puisque elles restent largement inabouties comme si, au milieu du gué, l'attelage ne sachant s'il doit continuer ou faire demi-tour reste planté avec son mage scrutant l'alignement des étoiles.
Les effets d'annonce débouche sur l'immobilisme ! Cela fait bientôt quarante ans que la France s'enfonce dans la crise : on a beaucoup essayé, il faut le reconnaître et peu réussi, seul le chômage ne semble pas encore contrarié par un plafond de verre mais jamais le système condamné par sa dynamique interne n'a été remis en cause.
Macron représente pour le système une des dernières solutions avant la dérégulation totale, il risque de symboliser aussi l'implosion du PS qui fait partie du scénario.
36 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON