La Grèce face aux Necromongers de l’Euro. Convert or Die ? Non, la Grèce a perdu une bataille mais elle n’a pas perdu la guerre
Si Alexis Tsipras semble avoir raté son rendez-vous avec l’histoire dans la mesure où il est désormais perçu comme celui qui a peut-être laissé échapper l'occasion qui lui était offerte de déclencher la réaction en chaîne conduisant à la fin de l’UE supranationale, une union dont chacun - les grecs en premier -, finira par comprendre qu'elle n'est guidée que par les seuls intérêts financiers et n'a cure de la souveraineté, de la dignité et de la qualité de vie des peuples européens, il n'est pas exclu pour autant qu'il puisse finalement être un jour considéré comme celui « qui aura malgré tout essayé », initiant un mouvement désormais inéluctable qui sera relayé très probablement, sur d'autres bases, par le parti espagnol Podemos, pour commencer.
On risquera cette citation qui s'impose d'elle-même dans les circonstances actuelles et que chacun reconnaîtra aisément : lla Grèce a perdu une bataille, mais elle n'a pas perdu la guerre.
« They are an army unlike any other... crusading across the stars toward a place called UnderVerse, their promised land - a constellation of dark new worlds. Necromongers, they're called. And if they cannot convert you, they will kill you. Leading them, the Lord Marshal. He alone has made a pilgrimage to the gates of the UnderVerse... and returned a different being. Stronger. Stranger. Half alive and half... something else. If we are to survive, a new balance must be found. In normal times, evil would be fought by good. But in times like these, well, it should be fought by another kind of evil. »
Aereon, in Les Chroniques de Riddick, 2004
https://www.youtube.com/watch?v=WY7UlwMSBUw
I - Constat
On ne discute pas avec les Necromongers européens. Il faut les tuer avant qu'ils ne vous tuent. Pas d'alternative : car faute de se convertir à l'Euro, on meurt. Les choses sont aussi simples que cela. Pour le moment.
Cela, Y. Varoufakis l'avait parfaitement compris. Ses adversaires aussi. C'est la raison pour laquelle ils ne voulaient plus traiter avec lui.Euclide Tsakalotos semblait plus policé, moins enclin à envoyer un ramponneau au visage de J. Dijsselbloem, sans doute. Alexis Tsipras, lui, a joué honnêtement avec des adversaires qui ne l'étaient pas et qui, à un moment donné, ont eu peur de perdre la main.
Alexis Tsipras a manqué l'occasion de renverser le jeu d'échec. Trop poli. Trop naïf, sans doute. A moins que...
Que voit-on aujourd'hui, sinon depuis dimanche 13 juillet, depuis la mise en place d'un « Greekment »l (affreux néologisme techoeuropéen désignant un accord-agrément avec la Grèce), les glapissements de joie de toute cette infâme camarilla de pillards nécrophages, ces klephtes, cette ploutocratie incarnée par la « Troïka » désormais de retour qui croit savourer sa victoire sur Alexis Tsipras, l'homme qui a enfin mis un genou à terre et qu'elle aura fait capituler, punissant l'insolence d'une Grèce qui croyait impunément remettre en cause la vulgate économique et financière qui l'asphyxie.
En réalité, et là réside le drame, c'est l'Europe toute entière qui est précipiée dans ce maelstrom financier par les Dissjelbloem, Juncker et autres dont l'unique but était de remettre les compteurs à zéro, d'effacer la parenthèse ouverte le 25 janvier 2015 et qu'ils ont cru fermer avec l'accord du 13 juillet suivant en punissant la Grèce d'avoir voulu soumettre à referendum - manifestation démocratique absolue, crime impardonnable - l'approbation ou le rejet d'un programme de nature à engager pour des années d'austérité accrue l'avenir d'un peuple et d'un pays. Non, l'Europe, tu l'aimes et tu ne la quittes pas, sinon elle te tue.
Et voilà que « François Hollande s'est hissé au niveau de l'Histoire » a cru déclarer M. Valls, perdant une autre occasion de se taire. Nul doute qu'un nouveau Daladier aussi minable que le premier vient effectivement d'entrer dans l'histoire de la trahison, de la veulerie, de la faiblesse coupable envers un pays ami, en prêtant la main le 13 juillet 2015 à cet autre Munich que fut l'accord signé le 30 septembre 1938, scellant le destin de la Tchécoslovaquie, alors que le rôle de la France aurait été de mettre un terme à cette tragicomédie grecque en signifiant un « non » définitif à cette vision germanique de l'Europe et d'en proposer une reconstruction sur de nouvelles bases.
Mais qu'avons-nous fait, quelle malédiction poursuit-elle donc la France pour que nous subissions des individus aussi inconsistants que ceux-là ?
« Il y aura un reprofilage de la dette par un allongement des échéances, ce qu'on appelle les maturités et probablement des taux d'intérêt » a encore déclaré M. Hollande, se piquant d'économie. Cela s'appellle « rouler » la dette, M. le président. Rien de neuf sous le soleil, voyez-vous. Mais il est fort possible qu'il y ait aussi un « reprofilage » des dirigeants politiques européens qui auront cru qu'ils pouvaient impunément mettre un pays de l'Union sous la tutelle d'une sorte de proconsulat ou de protectorat économique et financier. Nous en sommes là et la suite romet d'être très intéressante.
II - Prospectives
En réalité, comme nous allons le voir, rien n'est joué dans la mesure où nous n'avons en effet aucune idée de la manière dont la population grecque réagira lorsqu'elle aura compris à quelle servilité elle sera réduite.
Disons les choses clairement : face à ce coup d'Etat financier, tous les ingrédients d'un soulèvement sont réunis.
A l'issue d'un processus d'usure, un tribunal digne de l'Inquisition qui n'avait rien à voir avec des négociations dignes de ce nom, les chefs d'État et de gouvernement de la zone euro sont parvenus à un pseudo-accord sur un éventuel troisième plan d'aide international à la Grèce, assorti de conditions draconiennes. Alexis Tsipras a donc peut-être tout perdu.et avec lui la Grèce, à moins que par un retournement dont le pays pourrait avoir la ressource - avec ou sans Tsipras -, le peuple grec décide une bonne fois pour tout de prendre ses créanciers à leur propre piège et d'opérer ce Grexit qui se traduirait par un coup au but porté à l'intransigeance et à l'inflexibilité d'une Allemagne toute puissante dont le modèle ordo-libéral est manifestement toxique.
A moins aussi que le parlement grec dise « Non » au programme de pillage du pays, qu'une crise politique s'ouvre - et elle s'ouvrira -, et qu'un nouveau débat reconduise une autre formation politique au pouvoir, laquelle ne pourra pas s'abstraire de l'obligation de respecter les intérêts de la Grèce sans la transformer en un pays occupé, privé de toute souveraineté.
Nul doute que l'on verra alors surgir une prise en compte très sérieuse d'un pays poussé à bout, coincé dans une Union européenne inextricable et invivable et qui pourra enfin dire non à son dépeçage, se rappeler l'acte héroïque de Manolis Glezos et retrouver l'oxygène nécessaire à sa survie pure et simple.Pays pauvre, la Grèce peut vivre simplement, ce qu'en revanche aucun de ses voisins plus riches qu'elle n'est en réalité incapable d'imaginer et de faire.
http://socialistworker.org/2015/07/08/the-eu-mob-seeks-revenge-in-greece
Il n'est pas non plus exclu que l'un ou l'autre mouvement de foule ou de rébellion apparaisse en Europe et qu'intervienne alors – contre les peuples européens – cette force de police intérieure, cette « gendarmerie européenne » propre à l'UE que l'on appelle l'EuroGendFor, et qui se chargera, dans un premier temps, de réprimer toute contestation de l'ordre économique européen.
Nul doute que le masque tombera vraiment et qu'il sera alors difficile de parier le moindre centime d'Euro sur l'avenir des Draghi, Juncker, Schultz, Dijsselbloem, Lagarde, Hollande, Schaüble et autres...
Il n'est pas non plus exclu qu'un des « Troïka-boys » de retour à Athènes puisse être victime d'un regrettable accident. On ne peut pas contrôler tout le monde, n'est-ce pas ?
En réalité, tout ne fait que commencer car rien n'est réglé. Ce n'est qu'une bataille, car sur le fond - et c'est cela qui est à la fois dramatique et passionnant-, c'est l'idée même d'une Europe construite sans l' assentiment de ses membres (traduisez de ses citoyens, i.e. chacun d'entre-nous) qui a reçu un coup mortel de la part de ceux-là même qui prétendent la construire et la diriger.
Et l'on ne peut que s'en réjouir, car il existe une lueur au bout du tunnel. Ne nous y trompons pas : dès lors même que l'Eurogroupe a commis l'erreur de menacer la Grèce d'une sortie de l'Euro et lui a tordu le bras pour lui imposer un diktat économique, politique et financier impossible à mettre en place, il a de facto reconnu la possibilité même d'une sortie, sous forme de Grexit, mais aussi d'Iberexit, de Lusoexit, d'Italexit, de Francexit et, pourquoi pas, de Germanexit, tant l'Allemagne aura démontré l'impossibilité d'adapter ses propres règles à la réalité des faits.
L'idée même voulue par l'Allemagne de créer une zone centralisée autour d'un projet volontairement accepté par tous et dirigée par elle au nom de ses propres intérêts bien compris est morte – fort heureusement -, car intrinsèquement injouable. l'Europe latine en est par définition exclue tant il est devenu évident qu'une Ligue hanséatique est irréductible à une Union latine et hellénique, la première étant idéologquement incapable de tolérer l'existence de la seconde.
Rien n'est donc réglé car le ver est dans le fruit et, qu'on le veuille ou non, les thuriféraires de cette Europe qui a cru administrer une leçon de gestion patrimoniale à la Grèce n'ont pas compris que la moniliose va désormais infecter toute la corbeille de fruits. La cargaison est pourrie, immangeable, invendable, toxique.
Quant à l'Euro et à sa représentation sous forme de billets de banque avec ces images ineptes de ponts censés rapprocher ses membres, il a lui aussi vécu, l'Eurogroupe ayant paradoxalement montré que l'Euro n'était rien d'autre que la monnaie de la BCE et qu'il était capable...de priver l'un de ses pays de sa propre monnaie en asséchant ou en neutralisant son système bancaire, éonomique, financier.
III – Le cirque continue
Dernières nouvelles du front en ce mardi 14 juillet 2015 : les créanciers de la Grèce recherchent 12 miliards d'Euros que personne ne veut sortir, et pour cause ! Il est impératif que la Grèce puisse honorer ses échéances envers la BCE et ses arriérés envers le FMI avant que le programme mis en place par l'Eurogroupe soit adopté.
Comme l'écrit plaisamment l'économiste François Leclerc, « L’Eurogroupe d’hier, qui y était consacré, a renvoyé la question pour étude à son groupe de travail, qui fait les fonds de tiroir…Ils ne croient tellement pas à leur plan qu’ils ne sont pas prêts à y mettre un sou de plus. Et ils en sont à étudier des bricolages qui posent des problèmes juridiques, ne sont pas suffisants, ou rencontrent des vetos. 12 milliards d’euros sont recherchés et ne sont pas trouvés ! La prochaine grosse échéance de la Grèce est dans six jours, envers la BCE, et un défaut entrainerait la suppression des liquidités d’urgence et l’effondrement immédiat des banques, suivi d’une sortie de la zone euro en catastrophe.Wolfgang Schäuble et ses alliés, notamment finlandais, jouent la montre et pourraient créer un fait accompli.Le ministre allemand a proposé que des IOU (I Owe You = je vous dois) soient émis par le gouvernement grec pour compléter ce qui manquera du bricolage s’il est trouvé. Il continue de savonner la planche et a déjà annoncé qu’il va falloir renforcer l’union monétaire… à sa manière. Cherchant à ne pas se laisser entraîner, François Hollande annonce des propositions de « gouvernement économique européen » et déclare qu’il « n’accepte pas qu’un peuple soit humilié », à contre-courant de la presse française et de l’opinion, selon un sondage. Quel naufrage ! »
Des IOU, cela ne vous dit rien ? Je risque ici un pronostic : le retour de Yannis Varoufakis n'est pas impossible...
La Grèce ne peut se sortir de sa situation sans répudier ses dettes.
Quant à l'Europe, face à des changements géopolitiques, géostratégiques, géofinanciers aussi importants que ceux qui viennent d'avoir lieu lors du 7ème Sommets des BRICS et de l'OSC à Oufa, elle serait inspirée de passer à autre chose en repartant très vite sur de nouvelles bases. Il n'est pas bon de faire partie des péiphéries. On s'y perd.
Références indispensables et bonnes feuilles :
Note cironstanciée d'Olivier Blanchard, économiste en chef du FMI, qui explique avec une précision et une honnêteté intellectuelle qui l'honorent ce qu'ont été les erreurs de cette thérapie économique mortifère appliquée à la Grèce.
Grèce : bilan des critiques et perspectives d’avenir
Par Olivier Blanchard, Conseiller économique et Directeur, Département des études, FMI
iMFdirect" Le 09 juillet 2015
http://www.zerohedge.com/news/2015-07-13/how-german-media-see-new-greek-deal
Facho-capitalisme
http://www.zerohedge.com/news/2015-07-12/how-fascist-capitalism-functions-case-greece
Un fruit prêt à tomber : la Grèce ? Non, l'Europe
http://www.zerohedge.com/news/2015-07-12/russia-readies-fuel-deliveries-athens-will-support-greek-economic-revival
http://www.zerohedge.com/news/2015-07-11/putins-latest-thoughts-greece-and-greek-exit-euro
UFA BRICS Summit
http://en.kremlin.ru/events/president/news/49909
Avenir proche de la Grèce
http://www.zerohedge.com/news/2015-07-13/after-deal-heres-whats-next-greece
http://www.truthdig.com/report/item/we_are_all_greeks_now_20150712
Un accord ? Fondamentalement, rien n'est réglé et tout est à faire. L'Eurogroupe aura agi avec la Grèce (et l'image n'est pas choisie par hasard), comme un étrangleur ottoman.
L'Allemagne a tué l'Europe. Une fois de plus.
http://krugman.blogs.nytimes.com/2015/07/12/killing-the-european-project/?smid=tw-share&_r=1
A. Tsipras :
« La décision prise aujourd'hui permet le maintien pour la stabilité financière de la Grèce, donne des possibilités de relance. La mise en oeuvre sera difficile », a prévenu le premier ministre grec Alexis Tsipras, en sortant du sommet marathon qui a abouti à un accord de sauvetage de la Grèce. « Les mesure prévues sont celles votées au parlement grec. Elles renforcent la récession mais j'espère que les 35 milliards d'euros de mesures et la restructuration de la dette permettront aux marchés et aux investisseurs de comprendre que le Grexit appartient au passé » et qu'elles « attireront les investissements nécessaires pour compenser la récession », a-t-il ajouté. « D'autre part, le fardeau sera reparti de façon juste. Ce ne sont pas ceux qui ont payé les années précédentes qui vont continuer à payer cette fois-ci. Ceux qui avaient réussi à éviter de payer leur part, paieront » a-t-il notamment expliqué, soulignant également une vision positive pour la Grèce des négociations tendues de ces derniers jours : « Nous continuerons à lutter afin de pouvoir renouer avec la croissance et regagner notre souveraineté perdue. Nous avons gagné la souveraineté populaire, le message de la démocratie a été transmis en Europe et dans le monde entier, c'était le plus important ».
« Nous avons évité le projet de transfert des actifs à l'étranger, nous avons évité l'effondrement du système financier, nous avons pu, dans cette lutte très dure, obtenir une restructuration de la dette et un financement à moyen terme », a énuméré le chef du gouvernement grec, en sortant du sommet marathon qui a abouti à un accord de sauvetage de la Grèce.
« Je souhaite remercier tous mes collaborateurs car ensemble nous avons lutté jusqu'au bout » a-t-il conclu.
http ://www.truthdig.com/report/item/we_are_all_greeks_now_20150712
Les prochains billets européens seraient fort inspirés, car l'Euro renaîtra sous une autre forme, de montrer des symboles réellement européens auxquels chaque citoyen européen pourra s'identifier et dans lesquels chaque citoyen saura et sera heureux de reconnaître enfin une identité commune : Cervantès, Magellan, De Gaulle, Dante, Beethoven, Goethe, Périclès, Mendel, Tesla, Bohr, etc.
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