La guerre Copé-Fillon fait une victime collatérale : l’UMP
Lancés dans la bataille pour la tête de l’UMP, les deux ténors du parti se livrent à une véritable guérilla urbaine en se jetant à la figure des piques plus perfides les unes que les autres… Copé/Fillon où quand sous couvert de politesse, deux politiques du même camp sont à la limite de la prise de bec...
C’est à une lutte fraternelle qu’est livrée depuis peu l’UMP. En effet, la semaine passée a été marquée par des échanges qui n’ont jamais été aussi frontaux dans une famille où l’on clamait l’unité et la parfaite cohésion autour de l’ex-président de la République Nicolas Sarkozy.
Jean-François Copé s'est déclaré "surpris", mardi, par les déclarations de l'ancien Premier ministre François Fillon, selon lequel l'élection du président de l'UMP à l'automne constituerait "une primaire avant l'heure", dans la perspective de la présidentielle de 2017.
"Cela m'a beaucoup surpris (...) Cette élection (à la présidence de l'UMP) ne vise qu'à une seule chose : donner aux militants de l'UMP le libre choix de celui qui va diriger avec une équipe notre parti durant une période très particulière, qui n'est pas celle de 2017 (mais) celle de 2012 à 2015", a réagi le secrétaire général de l'UMP sur RTL.
Le ralliement à certains candidats : conviction ou opportunisme ?
Les soutiens de Copé sont principalement des ennemis de François Fillon, à l’instar de Rachida Dati, preuve s’il en fallait que l’engagement au sein de l’UMP se fait plus autour de vieilles rancunes que de partage de convictions. Une image qui pourrait coûter très cher à l’ancienne majorité. En effet, le Parti Socialiste avait réussi, lors des primaires, à expliquer clairement aux Français quels étaient les différents courants de pensée qui avaient siège rue de Solférino. Si quelques incidents avaient servi l’UMP (le fameux fraise des bois entre autres), l’adhésion autour de François Hollande avait au moins ceci de crédible que les anciens ennemis pouvaient utiliser le vote du peuple comme raison pour faire table rase du passé.
A l’UMP on hait encore plus qu’on aime, on fait la guerre plus qu’on débat, bref on s’écharpe autour d’une élection qui est pourtant censée servir de fondation à la campagne présidentielle de 2017. Parlons-en d’ailleurs de cette échéance : n’est-ce pas envoyer un bien mauvais signal aux Français que de se placer pour une élection qui aura lieu dans 5 ans, alors même que les présidentielles et les législatives de 2012 viennent d’acter une défaite sans précédent pour la droite ? Le message est bien difficile à décrypter pour l’électeur : au lieu de s’intéresser aux problèmes du pays, les cadres de l’UMP semblent plus distraits par leurs petites carrières au sein du parti. Une difficulté de communication supplémentaire pour des politiciens pourtant rompus à l’exercice du parler vrai, et du paraître concerné par les problèmes du Peuple. Ceux qui connaissent par cœur les ficelles de la « com’ », les utilisant avec brio sur tous les plateaux télé encore quelques mois auparavant, ont aujourd’hui bien du mal à afficher avec sérénité l’unité au sein du parti.
Sarkozy : trop vite enterré ?
Si l’UMP est la victime collatérale des ego personnels de cadres ne voulant sous aucun prétexte céder leur place, il y a une autre victime moins évidente mais qu’il serait pourtant hasardeux d’enterrer si vite : Nicolas Sarkozy. Oublié le chef incontesté, le rassembleur, le monarque tantôt haï, tantôt adulé par des personnalités aussi hétéroclites que Rachida Dati, NKM, Nadine Morano, David Douillet, Rama Yade, Chantal Jouano… les anciens protégés du Président semblent tous avoir explosé en vol. Seule NKM tire son épingle du jeu, en ayant très rapidement tourné casaque par rapport à son ancienne ligne de conduite politique. Ces talents révélés sont aujourd’hui autant d’icônes déchues dont les médias ne relaient plus l’écho.
Même Jean Sarkozy hésite à se détourner de la politique, comme si tout ce qu’avait touché Sarkozy était à présent condamné.
Si la conjoncture semble compliquée pour l’UMP, ce serait peut-être oublier un peu vite que Nicolas Sarkozy est la personnalité politique spécialiste de la traversée du désert, capable, même au milieu d’un champ de mine de trouver le chemin pour renaître de ses cendres, tel le phénix des sondages, un jour au plus bas, le lendemain plébiscité par les médias. 2017 pourrait être surprenant pour les cadres de l’UMP, qui pensent déjà que le jeu se fera sans lui.
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