La mutation de l’extrême gauche française
A l’heure ou Marie-Georges Buffet a été reconduite dans ses fonctions de secrétaire nationale du Parti Communiste, l’extrême gauche française subit actuellement une profonde mutation, où le trotskisme, incarné par Olivier Besancenot, devient une force majeure de l’échiquier politique, au détriment du communisme, replié sur ses succès d’antan. Le déclin du PCF, incarné par les quelques 2% obtenus par Marie-Georges Buffet lors des dernières échéances présidentielles, ne fait plus du PCF une force politique incontournable. Divisé et dépourvu de leader charismatique, le PCF n’incarne plus les luttes sociales, payant à prix cher une certaine neutralité politique adoptée depuis quelques années par les syndicats. La prolifération de mouvements s’inscrivant sur le même créneau que le PCF a indéniablement précipité son déclin, au même titre que l’émergence d’Olivier Besancenot, seul leader charismatique à la gauche du PS.
Ce dernier, de par sa médiatisation et sa contestation de l’orientation social-démocrate du PS a pris les devants sur un PCF dont la relation avec le parti socialiste reste floue. Par ailleurs, contrairement à des personnalités telles que Jacques Duclos ou Georges Marchais, Marie-Georges Buffet ne s’inscrit pas dans une logique véritablement contestataire, base de l’électorat extrémiste (voir notre article à ce sujet). Olivier Besancenot a substitué ce monopole au PCF, sa jeunesse et son franc-parler séduisant la branche gauche du parti socialiste, déçue de l’émergence de Ségolène Royal et de ses alliés social-démocrates.
Par ailleurs, la chute de l’URSS et du bloc soviétique en 1990 a irrémédiablement causé le déclin du PCF, dont l’appellation "communiste" était dépourvue de sens et de crédibilité après la dislocation du plus grand et du premier empire communiste de l’histoire. Prôner la mise en place de mesures émanant d’une idéologie qui furent à l’origine du déclin économique et politique d’un des seuls états à l’avoir adopté, telle est une des incohérences flagrantes et invraisemblables du PCF. Les différents échecs de 2002 et de 2007 qui ont hâté de plonger le PCF dans la crise sont donc dus au caractère obsolète de l’appellation communiste, du manque de prestance de ses dirigeants, de la relation ambiguë entretenue avec le PS et de l’émergence du charismatique Olivier Besancenot.
Le PCF peut-il de ce fait encore occuper un espace sur l’échiquier politique ? Certainement, mais lequel ? Celui de l’ultra gauche restera très certainement fidèle à Olivier Besancenot ainsi qu’aux deux autres formations trotskistes que sont le POI et LO, tandis que José Bové reste extrêmement populaire dans le courant alter mondialiste. Reste de ce fait le maigre créneau des déçus de l’orientation sociale-démocrate entreprise par le PS et qui s’étaient réfugiés sur le bulletin Olivier Besancenot, sans toutefois partager la majorité des valeurs et des convictions du facteur neuilléen. Si le PCF était amené à renoncer au label communiste et s’allier, comme ce sera le cas lors des prochaines élections européennes, au Parti de Gauche de Jean-Luc Mélenchon, cette union formerait une alternative très intéressante pour les déçus de la branche gauche du PS, en recherche de représentant. Olivier Besancenot devrait dans ce cas-là, mettre au conditionnel son succès annoncé lors des prochaines échéances présidentielles...
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