La politique peut-elle fabriquer des superstars ? A priori, non. Pas de disque d’or, pas de grosse production à Bercy, pas d’affiche en compagnie de Christian Bale… Spontanément, aucun atout ne vient pour crédibiliser cette idée de superstar politique. Sauf que…
Inversons le raisonnement. Plutôt que de poser la question de la possibilité de la chose, interrogeons-nous sur les conditions nécessaires pour qu’un (ou qu’une) politique devienne superstar. Comment, donc ?
Un contexte « normal » empêche tout politique, mêmes les plus grands, d’accéder aux feux de la rampe. Logiquement, un contexte anormal, extraordinaire, singulier, en est une condition sine qua non.
Il suffit de remonter le temps de 70 ans pour comprendre qu’un certain contexte à porté sur les fonts baptismaux un certain général… Homme doué mais condamné à l’ordinaire en temps normal, De Gaulle est devenu extraordinaire grâce à un contexte qui l’était également.
Aujourd’hui, personne ne contestera que le contexte soit singulier. Par conséquent, la question est : quel profil peut devenir la superstar (politique) du singulier XXIe siècle ? Il existe plusieurs hypothèses, et autant de profils.
Si le capitalisme mondialisé venait à tomber, ce sera Olivier Besancenot qui deviendra notre superstar politique nationale. Si le monde se convertissait au vert, ce sera Cohn-Bendit et ses affidés. Si le contexte en arrivait à la fermeture des frontières et à la préférence nationale tous azimuts, ce sera Le Pen.
Et si. Et si le contexte était celui de la désuétude totale du clivage gauche/droite, tel que nous le connaissons depuis 1789 ? Et si le contexte était celui d’un dépassement du rapport à la politique de la part des citoyens ?
Et si le contexte était aux alliances constructives et pérennes, pas politiciennes et conjoncturelles ? Aux mises en commun d’idées, pas au sectarisme permanant ? A, enfin, la fin de l’opposition systématique, binaire et arriérée PS/UMP ?
Ce contexte de renouveau des desiderata des citoyens, fruit d’un contexte extraordinaire, peut porter François Bayrou. La Nouvelle Star, le président du MoDem ?
Sans conteste, il ne remplacera pas, quoi qu’il arrive, Michael Jackson. Il ne sera pas non plus le nouveau De Gaulle. Mais il pourra incarner un nouveau, vraiment nouveau, modèle politique dont la France a tant besoin.