La préférence française pour le chômage
Ce titre d'un célèbre article de 1994 écrit par Denis Olivennes est malheureusement toujours d'actualité. La France est toujours le seul pays de l'OCDE qui n'a jamais réussi à vaincre durablement le chômage depuis 1973 et le choc pétrolier.
Le 31 décembre 1993, François Mitterrand exprime aux Français ses voeux pour 1994 : "Nous avons tout essayé contre le chômage".
Bel aveu d'impuissance et de fatalité de la part d'un homme qui incarnait officiellement le socialisme décrit jadis par cette citation au vitriol de Sir Winston Churchill : Christophe Colomb fut le premier socialiste. Il ne savait pas où il allait, il ignorait où il se trouvait, et il faisait tout ça aux frais du contribuable !
Un an plus tard, le sphinx florentin finira ses voeux pour 1995 par une pirouette : Je crois aux forces de l'esprit et je ne vous quitterai pas.
Entre les deux, dans cette année 1994, Denis Olivennes fait paraître un texte intitulé "La préférence française pour le chômage". Un quart de siècle, le constat d'Olivennes reste plus vivace que jamais, et la France échappe à la troïka de Bruxelles pour éviter de faire monter le FN ...
Pourquoi ? Tout simplement car d'importants acteurs du système politique et social n'ont aucun intérêt à ce que le chômage baisse, ils en vivent ... Partis extrémistes (Rassemblement National, France Insoumise, Parti Communiste Français, Debout la France), syndicats durs (C.G.T., Force Ouvrière et Sud). D'autres, comme le patronat, tirent les marrons du feu via un rapport de force ultra-favorable face aux salariés pour négocier une embauche ou rémunérer la progression dans l'entreprise.
Avec un chômage à 3, 4 ou 5 % comme aux Etats-Unis, en Suisse ou en Allemagne, soit la définition économique du plein-emploi, pas autant de détresse sociale et pas de poussée comparable des extrémistes dans toutes les élections, hormis l'OVNI Trump. Et la cause n°1 des victoires populistes en Italie, aux Etats-Unis ou pour le Brexit reste la crise migratoire et la peur du grand remplacement identitaire, avant même la perte de pouvoir d'achat lié à la mondalisation pour les classes moyennes occidentales. Mettons de côtés les délires indépendantistes venus de Catalogne, d'Ecosse ou de Flandre. Catalans et Flamands, régions riches, veulent se désolidariser du reste des Espagnols et des Wallons, et affirmer leur souveraineté. Rien de tel en France, Etat Nation relativement homogène au niveau de ses régions, malgré la spécificité de la Corse.
Le bon sens n'est ni de gauche, ni de droite, c'est connu. Les solutions sont connues de tous, on ne guérit pas le cancer avec l'aspirine. Encore faut-il le courage politique de les expliquer aux Français en période électorale. Mais il est vrai que nombre de compatriotes ont été manipulés dès le lycée par des Diafoirus de l'économie leur expliquant que l'entreprise était le Grand Satan, à l'origine du péché originel. Tout juste si on ne colle aux patrons le nuage de Tchernobyl et le S.I.D.A. par-dessus l'exploitation des travailleurs ...
C'est pourtant le secteur privé qui crée le P.I.B. d'un Etat et permet de financer les dépenses du secteur public :
police, armée, justice pour le régalien, santé, culture et éducation pour l'égalité des chances. Attention, l'égalité, la vraie, pas l'égalitarisme à la française où des pigeons bien ciblés paient pour les autres ... Donc la même règle du jeu pour tout le monde quelque soit ses revenus, pas un jeu où les dés sont pipés ...
Alors, comment combattre le chômage ? Déjà il faudrait vraiment essayer, ce qu'aucun gouvernement, sous Mitterrand ou tout autre Président, n'a réellement fait ...
Dire la vérité aux Français n'aide pas à se faire élire, il est vrai ... Ceux qui avaient un profil trop lisse n'ont pas accédé à l'Elysée, de Chaban-Delmas à Fillon en passant par Barre, Balladur, Jospin ou Juppé. Le cas de Dominique Strauss-Kahn est encore tout autre avec son addiction sexuelle digne de Kennedy. On préfère voter pour de beaux parleurs qui ne reculent devant aucune promesse, il faut faire rêver le peuple avant de le décevoir avec un difficile retour à la réalité : Mitterrand, Chirac, Sarkozy, Hollande, Macron ... Cette liste ne connaît aucune exception, et c'est bien pour cela que la dernière élection intermédiaire gagnée par le pouvoir en place date de 1978, les législatives sous VGE ...
Il faut donc aider les entreprises à se développer pour créer de l'emploi, c'est aussi simple que cela. Comment ? Commençons par leur enlever l'enclume avec lesquelles ont leur demande de courir le marathon face à leurs rivales des pays de l'O.C.D.E.
Et pour convaincre le peuple sans le faire exploser de colère, offrons lui quelques justes contreparties sociales, avec trois exemples simples :
- 6e et 7e semaine de congés payés contre la suppression des 35 heures et donc des R.T.T.
- moralisation des conseils d'administration des grandes entreprises pour éviter la consanguinité entre grands patrons sur leurs bonus
- validation du salaire fixe et variables des P.D.G. par les actionnaires et non par le conseil d'administration
Que faut-il donc faire ? Voici quelques pistes car le problème étant ancien et complexe, abordons le avec humilité.
Importons les recettes et méthodes qui ont marché chez nos voisins allemands, suisses et suédois par exemple.
- Baisser les charges pesant sur nos T.P.E. et P.M.E., notoirement trop faibles comparées au voisin allemand.
La France souffre d'un coût trop élevé de ses produits alors qu'elle offre du moyen de gamme. Choisissons notre camp : bas de gamme (Chine, Espagne) ou haut de gamme (Allemagne). Pour ne pas faire flamber la dette en parallèle bien entendu, baisser drastiquement les dépenses publiques : moins de fonctionnaires travaillant vraiment 39h et pas 32h (et mieux payés avec une part de variable) et moins de doublons entre couches administratives (Etats, régions, départements, cantons, communes ...), réformer les aides sociales et culturelles inefficaces, suppression de toutes ces agences d'Etat qui sont des placards à hauts fonctionnaires comme Mme Saal, recasée par le pouvoir ailleurs dans l'organigramme du mammouth malgré le scandale de ses notes de frais de taxis à l'I.N.A. ...
- Réformer la formation professionnelle permettant à chacun de changer de métier plus facilement, de monter en qualifications après la sortie du système éducatif, à cet âge de 25 ans où l'on nous colle une étiquette pour la vie.
- Remonter les seuils sociaux qui brident la croissance d'entreprises restant à 9 ou 49 salariés du fait de contraintes comme la participation, le C.E. et autres. Cela peut s'absorber mais sur une taille critique bien plus élevée.
- Sortir du bazar fiscal global avec un principle simple : taux bas et assiette large. En commençant par le scandaleux impôt sur le revenu payé par seulement 50 % des contribuables, celui qui ne sert pour rappel qu'à payer les intérêts de la dette atteginant 100 % du P.I.B. hexagonal ... Hormis quelques niches évidentes (pupilles, enfants, investissement dans les TPE / PME), supprimons TOUTES les niches existantes et mettons en place le taux unique, sans progressivité ni tranches donc.Tout le monde paiera 10 % par exemple ? Injuste selon vous ? Le "méchant riche" paiera le même taux comme le "gentil pauvre" ? Sortons cinq minutes du réflexe primaire "Robin des Bois" et regardons la réalité en face, comme avec la prostitution ou la drogue, soit avec pragmatisme et sans terrorisme intellectuel ou caricatures. L'exil fiscal a toujours existé, et la France est l'exact inverse de l'Eldorado : l'Infernado fiscal avec instabilité, complexité et injustice totale. Il n'y a pas deux contribuables qui paient le même taux et c'est insupportable. Avec le système actuel, le "riche" paie souvent 0 % car il fuit l'Hexagone du fait de l'I.S.F. ou désormais de l'I.F.I. A minima, il paiera moins que les classes moyennes ou populaires du fait de niches fiscales historiques qu'un fiscaliste compétent lui aura conseillé. C'est aussi bête que Darwin et la sélection naturelle dans un environnement hostile. Les forts s'en sortent toujours, et les faibles paieront les pots cassés ... Mieux vaut donc avoir des "riches" en France qu'hors de France, et des riches qui paient leur impôt plutôt que pas du tout ou moins du fait de niches aussi stupides qu'injustes. Et rien ne justifie d'instaurer ces tranches qui découragent le mérite et la réussite de ceux qui veulent travailler, créer et innover.
- Instaurer la sélection à l'université et remettre des numerus closus par filières en fonction du besoin des entreprises. A quoi sert-il de former des cohortes de sociologues, philosophes et archéologues dont le D.E.A. ne leur sert à rien d'autre que d'avoir de la conversation en soirée ? Certains D.E.A. terminent en caisse ou en manutention dans la grande distribution. Ce n'est pas un cliché mais une réalité. Sortons de cet échec insupportable
pour notre jeunesse ...
- Incitation au retour à l'emploi en évitant que 5 ou 10 % des demandeurs d'emploi préférent l'assistanat à la dignité du travail. Plafonner les subventions et aides sociales en les limitant à distance raisonnable du S.M.I.C.
Limiter dans le temps les aides (en s'alignant sur la moyenne européenne) pour éviter ce phénomène, certes marginal, de cadres dirigeants qui attendent le dernier moment pour retrouver un job dans un marché des cadres avec seulement 3 % de chômage. Pour les moins qualifiés, accepter des mini-jobs ou du temps partiel n'a rien de déshonorant. Inhumain selon vous ? Alors regardez ce cas concret : quitte à ce que la personne ne vive qu'avec 700 euros par mois, ce qui est bien entendu insuffisant pour vivre dignement à Paris comme en province, je préfère personnellement que la somme vienne de son travail partiel, comme outre Manche et outre-Rhin, que du contribuable via une allocation de l'Etat. Il n'est pas normal et pas davantage acceptable que près d'un million d'emplois ne soient pas pourvus en France, et que toute une catégorie d'emplois soient occupés par des clandestins parce que les Français ou les étrangers en situation régulière préfèrent le confort du canapé au B.T.P., à la plonge dans les restaurations, voire d'autres métiers ingrats et/ou pénibles ...
- Inciter à une retraite par points par accumulation de droits comme en Suède, pour responsabiliser les travailleurs et éviter. Bien entendu tenir compte de la pénibilité de certains métiers, et des congés maternité pour les femmes.
- Plafonner les pénalités payées par les entreprises aux prud'hommes pour sortir de l'incertitude en terme de montants à provisionner, problème terrible pour un petit patron.
- Sortir du C.D.I. trop protecteur pour avoir un contrat unique qui limitera le recours aux temps partiels, aux C.D.D. et autres stages presque non rémunérés.
Un mot sur le logement où la rigidité du système a les mêmes effets pervers que pour le travail : pas assez d'offre car certains bailleurs préfèrent louer leur bien au black, et affectons l'argent des A.P.L. à la construction de logements. Par ce double biais, la demande deviendra enfin inférieure à l'offre, et les prix chuteront mécaniquement... Que fait-on depuis des décennies en France pour aider l'offre ? On stimule la demande par les A.P.L. et on réduit encore l'offre (peu encouragée par la construction trop timide) avec un droit du logement rigide qui conduit à un marché noir terrible, qui là encore frappe en premier ceux que l'on est censés aider le plus, les couches populaires ! Facilitons donc les expulsions pour tuer le premier problème (il faut des fois attendre 2 ou 3 ans pour que la justice intervienne, soit un manque à gagner terrible pour un propriétaire) et allouons l'argent des A.P.L. à la rénovation du parc du logement. Là aussi, avant de parler d'injustice, mettez vous cinq minutes dans la peau d'un propriétaire et vous comprendrez pourquoi ils exigent tant de garanties avant de signer un bail ... En contrepartie, durcissons les conditions de restitution des cautions aux locataires, sur lesquels les abus sont légion de la part des bailleurs.
There is no alternative, comme dirait Mme Thatcher ...
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