La presse allemande très critique après l’interview croisée d’Angela Merkel et Nicolas Sarkozy
Tout d'abord le grand quotidien allemand Die Welt, a choisi comme titre "Wie Angela Merkel sich in einen Tollpastsch verliebte" (Comment Angela Merkel s'est éprise d'un lourdaud", ce qui donne le ton de cet article.
Celui-ci commence par la comparaison déjà faite outre Rhin entre Nicolas Sarkozy et Louis de Funès. Puis il fait remarquer que l'ensemble de la coalition qui forme le gouvernement allemand n'apprécie pas le soutien de la chancelière au président de la République française. Le journal précise que le ministre des Affaires étrangères allemand, Guido Westerwelle (FPD) a accusé Mme Merkel de n'avoir pas respecté la neutralité requise en tant que chancelière, il a déclaré au journal "Der Spiegel" : Le gouvernement fédéral n'a pas à prendre partie dans la campagne électorale francaise"
Quant au journal allemand "lDer Spiegel" (centre-gauche) lui, il titre son article : "Dream-Team vom Élysée" (Le dream team de l'Élysée) et ironise sur l'harmonie du couple franco allemand. Voilà comment il décrit la scène : le président français a regardé avec sympathie la chancelière et lui a demandé en anglais : "fatiguée ?", alors Merkel a secoué la tête avec un air amusé et a répondu en anglais séchement, comme à son habitude : "fatiguée ? non".
L'hebdomaire allemand fait également remarquer qu'en s'invitant dans la campagne présidentielle française, la chancelière joue à un jeu dangereux. Dans son article, le journal indique que cette position pourrait offenser François Hollande, le candidat socialiste qui selon les derniers sondages pourrait être élu avec une marge importante, et avec qui il devrait alors travailler.
Il met également en exergue dans cette article que la chancelière s'accommode du fait que les vieux ressentiments à l'égard de la puissante Allemagne ressurgissent en France et que ce pays se divise en une droite pro-allemande et une gauche anti-allemande. Enfin il souligne que ce soutien de la chancelière à Nicolas Sarkozy ne soit pas suffisant pour la réelection de celui-ci, mais qu'alors le mal serait fait.
Le Süddeutsche Zeintung (conservateur) déclare, lui aussi, qu'Angela Merkel aurait tout à perdre à "brusquer" le favori des sondages français François Hollande. Pour ce journal allemand, on ressent une impression dangereuse que l'Allemagne voudrait empêcher la victoire politique du parti socialiste français, et que si François Hollande devenait le président, il serait difficile de lui demander d'oublier cette position et de pardonner.
Toujours selon le Süddeutsche Zeintung, la crise va forcer la chancellerie allemande et le président français à coopérer. Or la position de Merkel qui snobe François Hollande, peut coûter cher à l'Allemagne. Il serait bon que la chancelière accepte de recevoir ce dernier comme il l'a demandé, car bientôt elle peut être tenu a faire appel à sa raison en tant que président.
En résumé, la presse allemande ne comprend pas trop cette démarche de leur chancelière de soutenir sans condition Nicolas Sarkozy dans sa campane électorale, malgré sa déclaration précisant que leurs partis étaient amis : " Je soutiens Nicolas Sarkozy sur tous les plans, car nous appartenons à des partis amis".
De toute façon cette interview croisée a fait paraître encore plus Nicolas Sarkozy à la remorque de la chancelière allemande, quoi qu'il en dise. Le quotidien populaire Bild, qui est le journal le plus lu d'Allemagne, confirme ce que j'ai ressenti en regardant à la télévision cette interview, en écrivant ceci : le fier chef de la "grande nation" France se prosterne devant Merkel. Car étant très bas et devancé par le candidat socialiste dans les sondages il a besoin du soutien public de Merkel.
Sources : Die Welt, Der Spiegel, Süddeutsche Zeintung, Bild,
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