La réforme universitaire, Excalibur et la jouissance féodale
Le train de réformes que mène Nicolas Sarkozy est-il le fruit de sa conviction politique profonde, ou le simple prétexte à un combat politique ?
L’auteur de cet article propose de considérer les réformes engagées par le pouvoir politique, et notamment celle des universités, sous l’angle du combat politique que veut livrer à tout prix le chef de l’Etat. A partir d’une double hypothèse, il montre comment la réforme des universités n’est qu’un prétexte pour affirmer sa puissance politique au risque de ruiner l’enseignement supérieur et la recherche.
La réforme des universités que mène tambour battant le chef de l’Etat, s’inscrit dans un contexte qui repose de mon point de vue, sur une double hypothèse :
1 – Si l’on observe les discours et les actes du président de la république, la réforme de la fonction publique s’inscrit dans une stratégie de kost killing qui sert visiblement un objectif idéologiue : diviser et affaiblir le service public pour justifier sa disparition au profit du secteur privé. Cette hypothèse explique notamment les termes tels que « rentabilité » qui reviennent constamment dans le discours du chef de l’Etat (qu’il n’écrit pas), réduisant sa fonction à celle d’un contrôleur de gestion. A l’évidence, cette stratégie ne reflète pas l’ambition et la personnalité de Nicolas Sarkozy.
2 - Nicolas Sarkozy suit paradoxalement une logique personnelle basée sur son attrait irrépressible pour le combat politique. C’est avant tout un guerrier et peu lui importe la réforme, et qui la propose, si elle lui permet d’enfourcher son cheval et de mener bataille. Car telle est l’essence de son plaisir, une jouissance primitive, reptilienne qui fait de lui un coq de combat, un petit chef de bande à l’attitude indicative et violente. Tyranneau féodal, il n’a qu’un langage, celui de la terreur qu’il doit inspirer à ses vassaux, qu’ils soient ministres ou simples citoyens, afin d’être respecté et obéit. Cela explique notamment son aversion pour la culture, le guerrier préférant le rapt des belles femmes et les butins étincelants.
Il ressort de cette double hypothèse que le chef de l’Etat n’est pas impliqué sur le fond de la réforme, laquelle est à l’évidence le fruit d’une réflexion néolibérale à laquelle il n’a pas participé, mais pour laquelle il est résolu à se battre. Voilà ce qui explique à la fois les contradictions vis à vis de son propre camp politique, et sa manière d’invectiver les différents corps sociaux contre lesquels, plutôt que de négocier, il préfère livrer bataille. Or, pour un tel personnage, plus Caligula que Bonaparte, la négociation n’est qu’une occasion d’observer l’ennemi de prêt, l’instant jouissif au cours duquel son cerveau sécrète une stimulante adrénaline.
Ainsi la réforme de l’université, considérée sous cet angle, prend une dimension dramatique. Ce que veux Sarkozy, c’est un combat. Il veut mener bataille. Dès lors, qu’importe le contenu s’il permet de faire se lever les armées adverses. Peu importe la réalité de l’enseignement et de la recherche, ce qui compte, c’est de se battre contre des adversaires à sa mesure, et quoi de mieux que ces « gauchistes » d’un autre temps ? Quoi de mieux que cette improbable « ultra gauche » qui justifierait un combat héroïque ?
De fait, le contenu de la réforme est un remarquable retour au féodalisme, il est le prétexte pour réveiller de vieux bastions révolutionnaires endormis. Le lecteur aura en tête le scénario d’Excalibur de John Boorman… Qu’importe donc les ruines fumantes de nos universités, puisqu’il y aura toujours des vautours pour se nourrir des restes. L’essentiel est que le preux Sarkozy puisse jouir du sang sur son armure.
Ce 29 janvier 2009, le paisible peuple de France a bougé…
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