La République outragée et quand Marianne guérit !
Bien que la constitution de 1958 ait privilégié le drapeau tricolore comme emblème national, la figure de Marianne incarne la République française et les valeurs contenues dans sa devise : « Liberté, Égalité, Fraternité ».
Aujourd’hui, 52 ans après la naissance de la Vème République, Marianne et ses fameuses devises se trouvent secouées au cœur d’un cyclone politique qui menace les fondements même de la République.

De Sarkozy « voyou de la République » à Sarkozy « le pas rasé de Carla »
Après le « Sarkozy voyou de la République » du journal Marianne, voici le "Sarkozy le pas rasé de Carla" du DailyMail. L’image de la République française que Nicolas Sarkozy a choisi de représenter autant aux yeux du peuple français, qu’au regard de toutes les nations n’aura jamais été autant chahuté depuis la naissance de la Vème République.
En Aout 2010, le couple présidentiel de la Veme République Carla et Nicolas Sarkozy apparait en public pendant ses vacances sur la Côte d’ Azur, dans le domaine familial Bruni-Tedeschi au Cap Negre, le château Faraghi.
Lui, pas rasé, la chemise trempée de sueur, un look à la Gainsbar, elle en jean délavé …
La presse anglaise s’amusera à décrire le couple présidentiel DailyMail le journaliste voit une « Carla au bras de son mari, visiblement amusée par… le visage bourru et la tignasse mal peignée de son Nicolas ». Le mari « particulièrement bronzé et mal rasé » et le courage de l’épouse qui n’hésite pas à se jeter dans les bras de cet homme à la chemise toute collante de sueur virile.
Lire : la presse étrangère s’amuse de leurs vacances.
52 années séparent ces deux photos,
celle du premier couple présidentiel de la Vème République, et celle du couple Sarkozi-Bruni.
Ce qu’en retient Internaute.com :
En 1958, à 67 ans, le général Charles de Gaulle est rappelé par les députés pour les aider à résoudre la crise algérienne, Yvonne son épouse désapprouve mais suit… C’est le premier couple présidentiel de la Ve République, Yvonne et Charles de Gaulle, la représentation parfaite du couple traditionnel. A l’Elysée, en tant que Première dame, Yvonne de Gaulle tient le même rôle qu’à Colombey ou à Londres : celui de l’épouse, présence silencieuse, toujours derrière le chef de l’Etat, telle son ombre.
Celle que les Français surnomment "Tante Yvonne" gère en bonne maîtresse de maison le budget de l’Elysée : pas question de gaspiller. Elle fait elle-même ses courses et rend compte au Président des difficultés des Français. Yvonne de Gaulle veille aussi à la bonne moralité des invités de l’Elysée. Lorsque son mari convit l’actrice de "Et Dieu créa la femme", Brigitte Bardot, à une réception officielle, elle s’y oppose car la star est une femme divorcée. En 1968, cette incarnation du couple traditionnel est dépassée. "Tante Yvonne" n’est plus qu’une caricature de la "vieille France" dont on se moque. Quand, en 1969, le général de Gaulle décide de quitter le pouvoir, Yvonne est soulagée.
De l’Elysée, elle dit au Président américain Eisenhower : "Tout le monde y est chez soi, sauf nous".
La juxtaposition de ces deux images et photos des couples présidentiels suffisent à mesurer l’ampleur du bouleversement de la Vème République en 52 ans, autant sur le rôle du Président de la République, que sur les différences d’éthique véhiculée par la fonction présidentielle et celle du couple présidentiel.
De la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme à son renoncement
62 ans, c’est la distance qui sépare la déclaration universelle des Droits de l’Homme et du Citoyen en 1948, avec les accusations humiliantes de l’ONU concernant le non respect de la France des principes de cette même déclaration. Cette déclaration rédigée par le français René Cassin donna à la France son statut international de nation héraut des Droits de l’Homme. La Vème République et ses différents présidents successifs mettront un point d’honneur à maintenir ce statut et à se faire le garant du respect des principes de cette déclaration.
Si la presse internationale s’amuse des vacances du couple présidentiel français, elle ne s’amuse pas du tout du virage de la Vème République depuis la mandature de Nicolas Sarkozy.
Le New York Times, le respectable quotidien américain a choisi de consacrer son éditorial de vendredi au sujet. Selon lui, Nicolas Sarkozy "attise dangereusement les sentiments anti-immigrés", pour satisfaire des "calculs politiques à court terme" "dans un pays qui a longtemps défendu avec orgueil le principe d’égalité devant la loi de tous les citoyens français".
Il rappelle que Nicolas Sarkozy a épousé une Italienne naturalisée française, Carla Bruni, et a pour père un immigrant hongrois, Pal, qui a également acquis la citoyenneté française... Le principe d’égalité devant la loi "s’applique" à l’épouse et au père du président français "et doit s’appliquer à n’importe qui d’autre", tranche-t-il avant de souligner qu’aux États-Unis, la citoyenneté américaine, qu’elle soit de naissance ou acquise, est protégée par le 14e amendement. ( lire article Le Monde)
Pour la Tribune de Genève, "si l’on suit cette logique présidentielle, les Français de souche qui auraient abattu un membre des forces de l’ordre pourraient donc conserver leur passeport". Ce faisant, Sarkozy créera deux catégories : les "Français-Français" et les "Français-pas tout à fait Français".
De quoi "kärchériser" certains principes fondamentaux du droit qui posent l’égalité des citoyens, affirme la Tribune de Genève. Pire, en ouvrant "la brèche à d’autres mesures de ce genre", Nicolas Sarkozy "portera atteinte à tout l’édifice républicain qui repose sur la notion d’égalité entre les Français", conclut-il. (lire Principe d’égalité passé au kärcher)
Marianne, Marianne !
A ces graves accusations émanant tout autant de respectables citoyens de France et d’autres nations amies, les membres du gouvernement semblent s’être accordés pour un concours de la déclaration la plus balourd. Cette risée générale aurait du suffire à un homme politique intelligent pour entendre l’appel fraternel à la rectification des erreurs, mais il a fallu à l’équipe au gouvernement apparaitre comme frappée d’autisme, et rajouter une sublime couche supplémentaire au tas grossissant de ridicule dont elle se couvre.
J’ai retenu dans la mêlée la déclaration de Nadine Morano.
Nadine Morano secrétaire d’Etat à la famille déclare sur RTL le 11 aout : « Lorsqu’on est journaliste et qu’on écrit dans un magazine qui s’appelle Marianne, qui est un de nos symboles de la République (...) et qu’on utilise des propos tels qu’il a été utilisé à la Une de Marianne, c’est simple : soit on change de nom, soit on présente des excuses publiques, parce que ce n’est pas acceptable"
La République outragée et quand Marianne guérit !
Une chose est de constater et de comprendre les difficultés qu’ont les hommes politiques aujourd’hui à incarner les valeurs de liberté, d’égalité, de fraternité, et de reconnaitre qu’ils pèchent en la matière. Une constatation désolante mais d’autant compréhensible que la population française elle-même semble de moins en moins attachée à exercer ces valeurs au quotidien.
Mais l’outrage est quand Répression . Inégalité . Haine entre les citoyens, ces valeurs négatives des devises que portent Marianne sont présentées par le président de la République comme le bien suprême et le remède aujourd’hui de la Nation française.
Le nom de Marianne n’a jamais été mieux porté que lorsqu’en son nom des citoyens français, journalistes entre autres, se sont levés pour crier à l’outrage car les valeurs républicaines de Liberté, d’Egalité, de Fraternité étaient aujourd’hui bafouées jusqu’en haut lieu, de manière délibérée par celui même qui s’est fait choisir pour être le garant de ces valeurs républicaines.
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