La révélation « démocratique » des primaires
Les primaires du PS remettent enfin un peu de démocratie dans la vie politique.
Depuis des mois, grâce aux théories toxiques de la dette et de la santé des banques et des marchés, on en était venu à penser que là, et là seulement, se situent les vrais pouvoirs.
Au prix de ces fausses vérités, "on" peut saigner le peuple à blanc ( les grecs en savent quelque chose), "on" peut laminer l'éducation et la culture en les rangeant au rang de produits d'épicerie ( l'AGCS ne dit pas autre chose) et les dirigeants fricollabos en viennent à penser qu'ont peut diriger exclusivement en fonction des souhaits des divinités du marché... en oubliant que « démocratie » veut dire « pouvoir du peuple » .
Notons tout d'abord qu'une partie représentative de ce peuple, celle qui en a marre de renflouer les déficits pour le profit d'une bande de truands légaux , vient d'accorder 17 % à un certain Montebourg qui propose de les mettre au pas.
Tout seul comme un grand, il a osé lancer des idées réputées impossibles par la science magouillo-financière... De droite comme de gauche.
Il faut se rappeler que les 40 heures, l'interdiction de travailler pour les enfants de moins de 14 ans, les congés payés et la retraite ont en leurs temps été déclarés impossibles.
Et si c'était ce que veut le Peuple ?
Question stupide ! Penserait un ancien trésorier de l'UMP un peu plus arrogant que les autres. Impossible à mettre en œuvre ! Pensent tous les dirigeants potentiels nourris au biberon de la finance.
Que devient le mot démocratie (dans son sens premier) lorsque le moindre pet de travers de la haute finance commande d'abandonner en quelques mois les acquis de plusieurs décennies de débat démocratique ? Je vous laisse la réponse.
La droite s'empêtre dans ses contradictions
Fillon trouve ça moderne (l'adjectif le plus ringard qui soit), d'autres pensent en silence que leur propre camp devrait s'en inspirer. Même Claude Guéant, à qui on avait confié la mission de savonner la planche, trouve ça bien même si ça révèle l'absence « d'un vrai leader à gauche ». Il oublie juste qu'en démocratie un vrai leader doit être désigné par le peuple, sinon c'est un dictateur.
Et la dessus, en cheftaine godillot, voilà Nadine Morano qui estime que la primaire ne signifie rien et « qu'elle n'a pas mobilisé la gauche ». Ce qui mobilise le mieux c'est un playback sur une chanson gnan-gnan.
Bref, comme on dit à droite : ça fait débat.
Si vous avez bien suivi, aucun (à ma connaissance) n'a prononcé le mot « démocratique ». Ils ont du oublier … Le mot.
Et Maintenant, il faut aller au bout
Nombre de celles et ceux qui ont voté Montebourg ont profité d'une occasion pour faire entendre leur ras le bol sans être trop pressé de sacrer Martine la première ou Francois le second, qui a déjà déclaré qu'il « comprenait » ce vote ( quand on connaît Monsieur « on verra », on sait ce que ça signifie).
Pour récupérer le précieux pactole d'Arnaud, le choix des mots et de l'attitude sera déterminant.
Si l'on adhère trop à ses idées, on se coupe de l'électorat le plus à droite (qui pense comme Vals en silence à une jolie TVA sociale, et un bon tournevis).
Si l'on continue à affirmer que ses idées sont farfelues, on risque de perdre le combat primaire.
Et de plus Montebourg sait qu'il n'est rien sans ce père PS qui l'a façonné (même s'il termine son Eudipe). Il doit donc jouer le jeu même s'il lui reste quelques « vases de soissons » derrière la tête. Audrey lui conseillera peut-être la modernité féministe.
Très joli travail de com en perspective. Il faudrait peut-être demander conseil à celui qui se présentait comme le meilleur DRH du PS il y a 4 ans.
Les écolos sont une composante du vote qui n'était pas directement représentée, mais qui compte. Martine a semblé plus ouverte à l'idée d'abandonner le nucléaire lors du premier débat. S'ils sont fort peu intéressés par la cuisine interne, les écologistes n'oublient pas qu'une alliance avec le PS entre les deux tours de la présidentielle sera conditionné à cette promesse.
Là aussi il faudra adopter une ligne stratégique fine.
Ben ça leur en fait du boulot ! Et en plus il faut verser quelques larmes de crocodile sur le triste sort de Ségolène. Elle avait pourtant finement observé pour le débat qu'avec un fond bleu et blanc, il fallait un chemisier rouge pour faire tout à fait républicain … Le bas peuple n'a pas compris.
Comme disait ma grand tante : « la démocratie, c'est pas d'la tarte ! »
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