La révolution de salon du centre mou
La précédente tentative d’indépendance, celle de Bayrou, on le sait, a fait long feu. Les vélléités d’autonomie des Borlo, Morin et consorts se fracasseront également sur le mur du réalisme politique.
Tout d’abord parce que le centre n’a jamais été identifié comme un parti structuré mais plutôt comme une nébuleuse de clubs, voire une amicale de notables. Face à ce marigot centriste composé de barons locaux, l’UMP tendance RPR affiche une solidité et une cohérence, liées de tous temps au charisme d’un leader et à sa prise de pouvoir du parti, à la hussarde.
On pourrait presque dire qu’à l’UMP/RPR les leaders ont toujours eu de l’ambition politique pour le pays, alors que les ambitions des centristes se limitent le plus souvent à la conservation d’une circonscription législative, voire d’un canton, à défaut de pouvoir en gagner de nouveaux.
En second lieu, en intégrant l’UMP, les centristes se sont livrés pieds et poings liés. En cas de fronde, il sera toujours possible pour l’UMP tendance RPR, qui détient par aileurs les cordons de la bourse, de refuser l’investiture à tel ou tel centriste et de lui mettre dans les pattes un RPR bon teint, quitte même à perdre une circonscription au profit de la gauche, si cela n’a pas d’incidence globale sur les équilibres gauche/droite. Cela peut calmer les ardeurs d’indépendance.
Quid enfin de la fibre sociale qui distinguerait les centristes du reste de l’UMP ? Il faut bien constater que cela ne repose pas sur grand chose, hormis la volonté de ne pas déplaire à un électorat catholique, rural et vieillissant, et parfois un peu réac. Cette fibre sociale revendiquée est surtout la conséquence d’une volonté constante d’éviter les conflits. Cela à pu se traduire dans des collectivités gérées par des centristes par des accords sociaux dignes de collectivités communistes.
Si le clivage caractérise la politique de N. Sarkozy, on peut affirmer sans crainte d’être contredit que le consensus mou est la marque de fabrique du centrisme.
Pas ou peu de fibre sociale là dedans, mais plutôt une posture destinée à garder son siège ou son poste généreusement concédé temporairement par le parti majoritaire et qui posera le baron centriste auprès de ses sujets lors des élections locales.
Pour toutes ces raisons, N. Sarkozy peut se permettre de s’essuyer les pieds sur les centristes et de les humilier. Ils seront toujours là pour lui cirer les pompes en cas de besoin, en salivant sur les circonscriptions législatives ou les strapontins ministériels promis.
N. Sarkozy ne prend aucun risque en les écartant du nouveau gouvernement. En se recentrant sur ses fondamentaux de droite et en se mettant en ordre de bataille pour 2012, il cherche surtout à éviter le scénario catastrophe à la Jospin de 2002, avec un second tour à la présidentielle future entre M. Aubry ou DSK contre M. Le Pen.
C’est bien ainsi qu’il faut expliquer les choses. Dans cette logique, les centristes, qui cru pouvoir se démarquer sur le dossier des retraites, sur la réforme des collectivités territoriales ou bien encore sur la réforme de la fiscalité (le grenelle proposé par Borloo), en payent aujourd’hui les conséquences.
L’oeil fixé sur 2012, N. Sarkozy peut se permettre ce petit plaisir et on ne doit pas croire à un scénario Borloo ou Morin pour la présidentielle, le fait qu’ils soient déjà deux sur les rangs otant déjà toute crédibilité à leur démarche. En bref, une candidature centriste serait davantage la marque d’une fronde et d’une rupture individuelles que d’une volonté marquée d’indépendance d’une mouvance centriste éparpillé et qui sera bien contente d’aller à la soupe le moment venu.
25 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON