La rose en noir et blanc
Au lendemain des élections européennes, et du score calamiteux du PS, c’est clairement la question de l’avenir du mouvement socialiste qu’il incarne, qui se pose.. Et c’est d’ailleurs tout un symbole : sur les bulletins de vote la rose n’apparaissait plus qu’en noir et blanc ! Le désarroi de nombreux militants s’est ainsi exprimé soit par une abstention, soit parfois même par un vote pour une autre liste et notamment Europe Ecologie.
Je connais personnellement plusieurs militants, pas des sympathisants, qui eux se comptent à la pelle ( !), mais bien des militants encartés, à jour de leurs cotisations, qui ont préféré voter pour la liste Europe Ecologie ! Et s’ils l’ont fait, avec regret, voire douleur, c’est bien parce que le PS aujourd’hui ne porte plus cette vision d’espoir, cette vision d’une vie meilleure pour les classes populaires, pour les classes moyennes, qui a fait dans le passé la force du mouvement socialiste.
Faut-il rappeler tous les acquis obtenus grâce à la gauche…au siècle passé… quand cette gauche portait encore l’espoir d’un monde différent, quand cette gauche n’avait pas abdiqué au niveau idéologique, quand elle était capable de proposer des solutions, même si celles-ci n’étaient pas toujours dans l’air du temps ?
Faut-il citer la sécurité sociale, les congés payés…qui devaient mettre la France en faillite et faire tomber les ouvriers dans l’alcoolisme et le désoeuvrement ? Faut-il citer la retraite par répartition bâtie sur le principe de solidarité entre générations ? Et puis faut-il parler de la réduction régulière, tout au long du XXème siècle, du temps de travail, qui a permis, petit à petit, aux salariés de mieux vivre leur vie sans simplement « la perdre à la gagner » ?
Aujourd’hui nos sociétés, malgré la crise actuelle, sont plus riches qu’elles ne l’ont jamais été, grâce à une productivité qui a explosé avec les avancées technologiques du 20ème siècle. Mais la répartition de ces richesses n’a jamais été aussi inéquitable…et, au nom d’un modernisme bien compris, on nous demande, en plus, de revenir sur des acquis sociaux, comme, par exemple, accepter un allongement de la durée du temps de travail… quand le chômage explose ! …comprenne qui pourra ! (Lire à ce sujet « Crise : la solution interdite » de Pierre Larrouturou)
Face à ce contexte le PS apparaît à beaucoup comme immobile, peu crédible, en un mot, peu attirant !
Alors n’est-il pas revenu le temps d’oser ? N’est-il pas revenu le temps de faire des propositions qui aillent au-delà de la simple attente du retour d’une très hypothétique croissance (déesse libérale !), qui aillent au-delà d’un simple sparadrap posé sur les dégâts qu’ont causé, et que causeront, les tenants d’un libéralisme économique dévastateur, mais malheureusement toujours créatif et renouvelé ? Allons-nous continuer à accepter leurs thèses comme incontournables et inéluctables ?
Alors oui, si nous ne réagissons pas, notre avenir sera plus noir et blanc que rose !
Et pourtant !…les résultats, pitoyables pour le PS aux élections européennes, ne le sont pas pour la gauche en général. Elle est même sans doute majoritaire si l’on prend pour base que les ¾ des électeurs d’Europe Ecologie en font partie, sans oublier ceux du Front de Gauche et tous les autres qui se sont réfugiés, par dépit, dans l’abstention ou dans le vote plus extrémiste.
La droite est minoritaire en voix. La gauche, majoritaire, est désunie et surtout manque d’un projet porteur d’espoir. Nous devons proposer, et notamment nous, au PS, autre chose qu’un programme qui n’apparait pas suffisamment novateur, voire qui ne se distingue pas suffisamment fortement des thèses de nos adversaires politiques. Avant de penser à satisfaire les ambitions individuelles, intéressons nous à ceux qui réfléchissent et proposent des solutions alternatives… Osons !
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