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La saga jaimelesartistes.fr ou l’art de se tirer une balle dans le pied.

Tous les internautes qui ont suivi les actualités dans le cadre des lois Hadopi 1 et 2 s’en souviennent sûrement. Mais si, le site pro-Hadopi mis en place par le ministère de la culture !
Revenons un peu en arrière.
 
Tout à commencé sous le règne de Christine albanel, au début de l’examen d’Hadopi 1 au sénat et à l’assemblée nationale.
 
La finalité était de promouvoir cette loi auprès des internautes et de la rendre populaire.
Ainsi naquit jaimelesartistes.fr, Le site de propagande du ministère de la culture qui ne lui coûta qu’entre 50 000 € et 85 000 € (1) , une paille !
 
On pouvait trouver sur ce site des témoignages d’artistes pro-Hadopi en streaming, des explications (?) de la loi et des risques encourus, La fameuse pétition signée par 10 000 "artistes" qui a fait polémique...
 
Au fur et à mesure que les débats avançaient et s’intensifiaient, ce site devait connaître nombre de péripéties :
 
- La désormais célèbre pétition en faveur d’Hadopi, signée par près de 10 000 artistes, dont certains anti-Hadopi (? !?), d’autres fictifs ou tellement peu connus que google ne pouvait les trouver (pourtant c’est pas si dur d’y apparaître), mais aussi des non artistes, des employé de la SACEM et des lobbies... (2) (analyse de la liste) (3) (4) (5)
 
- Les partenaires privés cachés. (6)
 
- Les artistes ayant fait les témoignage vidéos n’auraient pas eu toutes les infos. (7)
 
- La malheureuse déclaration du ministère suite à quelques attaques du site : "Mais ils peuvent toujours attaquer, le site est super blindé" (Aie !). La réponse vint très vite, quelques heures plus tard, le serveur agonisait. Suite à cet épisode, l’hébergeur jeta l’éponge et jaimelesartistes.fr alla s’installer ailleurs. (8) (9)
 
 
Critiqué, raillé et parodié il demeura stoïque lors de la censure suivie du vote définitif d’une Hadopi 1 édentée (Les gencives de la mer numérique), de l’arrivée du "neveu de" "tonton" ,membre d’un des lobbys demandeur de cette loi, sur le trône culturel, puis du vote de la petite soeur, Hadopi v2.0 (Frankenfish).
 
Et puis...
 
- 1er novembre 2009, le ministère de la culture ne renouvelle pas le nom de domaine qui tombe aussitôt aux mains de "l’ennemi" redirigeant désormais les internautes vers un site Anti-Hadopi ! (10) Remous dans les rangs de l’UMP. (11)
 
- le site revient sur le serveur du ministère : http://www..culture.gouv.fr/culture/aimelesartistes/index.html. Notez l’amputation du J dans l’adresse, lui donnant un air impératif, "Aimes les artistes !" (ou quittes les !). Disponible via un nom de domaine en .com . (12)
 
 
- Quelques jours plus tard, il disparaît définitivement. (voir 12) (13)
 
Bilan : pertes sèches jusqu’à 85 000€
 
Interrogé par Pcinpact, le ministère déclara : « Le site est fermé. C’était un site événementiel pour agréger les témoignages d’artistes en faveur du projet de loi Hadopi. La loi ayant été votée, le site n’a plus lieu d’être ».
 
Etait-ce vraiment le cas ?
 
 
 
Toujours à l’affût des dernières nouvelles du monde numérique, j’étais allé jeter un oeil curieux sur le site après sa réapparition chez culture.gouv.fr.
 
Outre les contenus listés plus haut, j’ai eu quelques agréables surprises :
 
- Dans la rubrique "en savoir plus" on trouvait le lien "Filtrage et protection de sa connexion internet" menant vers une listes d’informations et de recommandations pour améliorer la sécurité de la connexion et de l’ordinateur. Bien que basiques, ces informations étaient claires et simples. La présence d’infos plus complètes voire de tutoriels auraient pu faire de cette page un véritable outil pédagogique.
 
- Ce que j’ai le plus apprécié est la page "Découvrir l’offre de téléchargement légal". Elle recensait un grand nombre de lien vers les sites des majors, les plates-formes de vente en ligne, les sites de téléchargement légaux et d’écoute en streaming...et même un site de musique open source ! Au total, plus d’une soixantaine de liens (dont une erreur) avec pour chacun, le type de contenu et les services proposés. (ici une copie la page, issue du cache yahoo et hébergée par numérama)
 
Après la découverte de ce filon, je me suis dit : "quelle page intéressante ! (pas à cause des sites des majors, mais des autres) Ils ont fait un bon boulot ! Mais il faudrait développer ça un peu plus." Et d’utiliser le formulaire de contact pour leur envoyer des remarques et des idées qui m’avaient traversé l’esprit. Dommage, l’envoi à échoué.
 
Je pense que c’était quand même de bonnes idées, jugez par vous même :
 
 "Bonjour.
 
 Je viens d’étudier attentivement votre page sur l’offre de téléchargement légal.
 
 Première constatation, les oeuvres dites "libres" n’y sont que très peu représentées.
 Rappelons que les licences libres sont tout comme celle de la SACEM, garantes de la protection du droit d’auteur, cela fut confirmé par un tribunal il ya quelques semaines.
 Il en va de même pour les oeuvres dites orphelines et celles relevant du domaine public.
 
 Le site www.dogmazic.com est présent dans votre liste mais pas d’autres tels que www.jamendo.com (musique), www.inlibroveritas.net (livres), www.ebooksgratuits.com (livres tombés dans le domaine public) et beaucoup d’autres.
 
 Une idée pour étoffer la liste serait de proposer un formulaire de soumission de liens. Les visiteurs du site pourraient alors vous soumettre des adresses de sites de téléchargements légaux qui, après vérification, seraient ajoutés à votre liste.
 
 Cela permettrait : d’étendre l’offre légale, de promouvoir certains sites pour l’instant trop méconnus, les oeuvres du domaine public font partie de notre patrimoine et les faire connaître via votre portail peut leur donner une nouvelle jeunesse tout en permettant l’accès à la culture pour tous, enfin, l’implication des internautes, les faire participer de façon active au développement et au référencement de l’offre légale ne peut être que positif, le fait d’aider à accomplir cette oeuvre d’utilité publique va inciter à partir à la découverte de l’offre légale et donc, augmentera sa fréquentation puis et par là même son développement.
 
 Une autre suggestion serait de proposer un filtre, la liste pouvant devenir conséquente, pour permettre de classer les sites par catégories, types de contenus, type de licences, ordre alphabétique... afin de permettre aux visiteurs de trouver plus facilement leur bonheur." 
 
 formule de politesse nom et tout ça.
 
 
Le lendemain, jaimelesartistes disparaissait du réseau.

Quid de la pédagogie si chère à Christine ALBANEL ?
 
Et la mission de l’Hadopi de référencer, labelliser et développer l’offre légale ?
 
Pourquoi les logiciels, livres, musiques libres de droits (souvent gratuits) semblent systématiquement écartés par le ministère ?

Selon moi, le ministère disposait là d’une solide base de travail pour la mise en place d’un portail de l’offre légale, évoqué au cours des débats.

Au lieu de ça, il a été bêtement décidé de le supprimer. Le ministre de la culture a loupé le coche, espérons que cela ne nous conduira pas vers un sinistre de la culture.
 
 
 
Vous l’aurez sans doute compris, je ne suis pas un partisant hadopiste, mais il est vrai que le droit d’auteur compte.

Les artistes, surtout les petits et les indépendants ont le droit de récolter les fruits de leur labeur, mais tout le monde doit pouvoir se cultiver, pas seulement les riches.
 
Une réforme de l’industrie culturelle aurait été plus productive qu’une répression aveugle qui risque à la longue d’aboutir à un internet crypté, fermé, et de causer des dommages irréparables pour la culture, la liberté d’expression et de l’information.
 
J’espère que mon premier article vous aura plu.
 
@lbireo
 

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7 réactions à cet article    


  • Voris 21 novembre 2009 10:49

    A la place, nous aurons droit au site du premier sinistre : « moi j’ai les arts tristes ». Déconseillé aux dépressifs.


    La gamme du libre

    Sur Jamendo,
    Moi j’amène do.

    Et vous, vous amènerez
    Bien sûr la note de ré.

    Faites venir aussi des amis
    Pour y faire résonner le mi.

    Bien éloigné du califat,
    On y verra la clé de fa

    Et loin de Miterrand-la-Folle,
    On y verra la clé de sol.

    Toutes ces musiques-là
    Se moquent du fric et des galas.


    Voris.

    Improvisation du 21/11 10 h 45. Peut-être sur le prochain album.





    • Gourmet 21 novembre 2009 13:50

      Je pense qu’il est inutile de revenir sur le sujet. Les choses sont très claires depuis le début : l’argent ne compte pas dans cette histoire, c’est open bar.
      Non plus que la populasse. Non mais, qu’est ce que ces cons de français viennent nous faire c.... dans ces relations entre peoples ? La culture (et les ministères en général) sont un monde à part, feutré, où les relations bien senties comptent bien davantage que le respect de l’autre.

      85 000 euros par ici, 500 000 par là (on ne me fera pas croire que l’Hadopi ne pouvait pas aller s’installer en banlieue), des milliers d’heures de discussion ... sans débat au parlement.
      Comment voulez-vous que l’on ait encore envie de payer ses impôts ?

      db


      • norbert gabriel norbert gabriel 21 novembre 2009 15:26

        L’avis d’un artiste chanson.. C’était dans une revue web qui parle de chanson
        www.ledoigtdansloeil.com
        il y a quelques mois, ça reste d’actualité

        Une balle dans quel pied ?

         

        Je suis auteur-compositeur-interprète-producteur et je me demande aujourd’hui dans quel pied je dois me tirer une balle.

        Deezer, myspace, youtube and co. Si je mets ma musique en libre écoute sur internet, personne ne va acheter mon nouvel album (pied droit). Si je ne la mets pas, personne ne va entendre ma musique, puisqu’elle ne passe pas en radio (pied gauche).

        Les médiathèques. Si je vends aux médiathèques, les personnes qui empruntent mon CD peuvent le copier en 2 minutes sur leur ordinateur et ils ne l’achèteront donc pas (pied droit). Si je ne vends pas aux médiathèques, ça me coupe d’un bel outil pour faire découvrir ma musique (pied gauche).

        La distribution. Je n’ai pas mis mon album en magasin car les magasins ne s’intéressent pas à un faible vendeur potentiel comme moi, je n’aurai aucune visibilité et ça me rapporte plus par album (et c’est plus sympa) de vendre en direct ou en sortie de concert, mais je loupe plein de ventes, la plupart des journaux n’en parlent pas et je ne peux pas avoir de subventions (pied droit). Si je fais distribuer mon album, je dois financer la fabrication, la SDRM et la promo, je prends le risque que le distributeur ait des problèmes financiers, et j’ai de bonnes chances au final de perdre de l’argent (pied gauche).

        Hadopi. Je suis pour car je trouve que le piratage va trop loin, mais je passe pour un mec de droite copain de Pascal Nègre (pied droit). Je suis contre car c’est répressif, c’est dépassé (voir plus haut Deezer and co...) mais comment je gagne ma vie, moi ? Et comment je paie les gens, moi (musiciens, ingénieur du son, attaché de presse...) ?

        La musique, c’est un métier. Même sur un seul pied.

         

        ignatus


        • charles-edouard charles-edouard 21 novembre 2009 21:19

          à bon c’est un metier artiste


        • PhilVite PhilVite 22 novembre 2009 14:41

          Je crois que la musique en conserve ne rapportera plus d’argent aux artistes à l’avenir. La dématérialisation en rend la valorisation quasiment impossible. Hadopi 1, 2, 3 et suivants ne changeront rien à l’affaire.

          Elle ne servira plus qu’à les faire connaître du public et donc à attirer le public à leurs concerts. Une sorte d’outil publicitaire, en quelque sorte.

          Les concerts, et toutes les manifestations ’’live’’ seront les seules sources de revenus des artistes (puisqu’en ces occasions, la présence physique des artistes et des spectateurs est incontournable). Ce qui, finalement , n’est qu’un simple retour aux sources.
           Il leur faudra donc chiader leurs prestations afin de justifier un prix de billet élevé. Ainsi, il me semble possible que tout le monde puisse y trouver son compte. (A part les artistes allergiques aux concerts qui, dans ce contexte, ont évidemment du soucis à se faire.)

          Bien sûr, un artiste pourra toujours choisir de ne pas être diffusé sous forme numérique, mais dans ce cas, je ne vois pas trop comment il se fera connaître. Le bouche à oreille peut-être, mais c’est tellement long...


        • Mili 21 novembre 2009 18:41

          Tiens Deezer ne reverse pas une part des recettes publicitaires aux artistes dont la musique est en libre écoute ? Ou bien il ne le font que pour les artistes qui ont signé chez un major ?


          • Deneb Deneb 22 novembre 2009 17:55

            norbert :" Et comment je paie les gens, moi (musiciens, ingénieur du son, attaché de presse...) ?"

            Commence par faire de la musique. T’as besoin d’un attaché de presse pour ça ?

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