Fin de la trêve hivernale pour la classe politique. Avec plus de 53% de majorité, le peuple vient logiquement de la jeter dehors…En 1998 la première tentative eut lieu avec 48 % d’abstention. Le peuple fût clément, l’UM-
PS resta locataire des meubles et dorures des chambres du Pouvoir. Aux uns le local, aux autres, le national, et réciproquement. Après le lent rétablissement de la monarchie sous
Mitterrand 1 et 2 durant 14 ans, puis 12 ans sous Chirac 1 et 2, le peuple a cru lors des élections Présidentielles dernières à une rupture possible de la Royauté Constitutionnelle. Avec plus de 80 % de participation, le brave peuple se donna ainsi à
Nicolas Sarkozy. L’homme incarnait la jeunesse, le dynamisme, la sécurité. Les résidus des deux Régences interminables évoquées se rassemblèrent donc autour du nouveau Napoléon. La valse des courtisans fut rapide. Un nouveau monde commençait. Il n’y avait plus d’opposition. Le pays allait renaître. On serait tous riches. Les feignants pauvres et chômeurs auraient à se cacher, enfin.
Rapidement, le changement était manifeste et visible. A peine élu, le président ne cachait pas ses sorties en discothèques ni toutes ses amitiés dans les couvertures de magasines. La modernité arrivait. La politique serait enfin people. Un peu comme sous la première Régence de Tonton 1, durant laquelle toute une frange du Spectacle et du Journalisme était virée illico de la télévision, chacun nota l’apparition de nouveaux visages portant haut le statut de vedettes médiatiques. On serait les Etats-Unis à nous tous seuls. Obama n’aurait qu’à bien se tenir. Les prénoms dansaient alors dans le nouveau ciel de France. Les uns en pinçaient plutôt pour Rachida (devenue Avocate à Paris, Députée en Europe, bientôt Maire de Paris), si belle et toujours vêtue de la plus grande haute couture. Tout « volait » dans les hauteurs. Les autres ne juraient que par Rama. On admirait son esthétique aussi parfaite que ses notes de synthèses orales ponctuées de gestes mécaniques millimétrés des mains. Le nouveau ministre des Sports avait plein de campings et Casinos pour lui tout seul, et un accent à dévorer toute crue l’œuvre de Balzac en regardant un match de rugby. David Douillet nous tenait chaud sous les pièces jaunes. Rapidement, il serait Député, puis Ministre. Tout changeait. Bien sûr, le nouvel élu Elyséen pouvait compter surtout sur l’élue de son cœur pour émouvoir dans les chaumières. Outre un divorce haletant, la romance Elyséenne n’en finissait pas de chavirer nos cœurs éblouis. Il était beau et riche, elles étaient belles. On se pensaient tous VIP. La rolex pouvait enfin s’affichait ! Une ex mannequin chantonneuse mutée en première dame de France ne tardait pas à conférer à la Présidence de notre pays, un rayonnement universel inégalé jusque-là. La jeunesse bronzée triomphait enfin La population majoritairement âgée de notre pays versait sans cesse des larmes paternalistes bienveillantes. L’espoir crevait l’écran. Nous faisions tous notre footing avec notre nouveau Président. Il aimait la chanson Française comme nous.
Toute la volaille bobologique élevée sous Tonton Eternel se pressait bientôt aux soirées de la nouvelle Présidence, plus branchée que jamais. Etre de droite s’imposait comme le label de qualité durable, parallèlement à l’émergence de la new Top écologie comme pensée politique révolutionnaire. Tous les petits hommes seraient verts. Changer la société, ici et maintenant, relevait d’une philosophie surannée et étroite. L’enjeu serait à l’avenir de la planète, ou ne serait pas. Zorro faisait un grand retour. Il changerait la face du monde, chassant la vilaine pollution d’un rapide mouvement d’épaule. Tout le monde était ouvertement de droite et le paradis fiscal pointait à l’horizon. Après Obama, Blair, nous avions enfin notre héros, rien que pour nous. Il était formidable. Hélas, le chômage n’en finissait pas de pointer non plus.
Le footing du Président commença à recueillir moins de caméras. Une affaire d’état opposait notre nouveau Napoléon à un ancien Premier Ministre. Chacun comprenait que les Monarchies de Tonton 1 et 2 n’avaient pas l’exclusivité des scandales. On ne lavait déjà plus blanc.
Le peuple voyait bientôt des milliards d’euros "voler" au dessus de sa tête. Les salaires des grands patrons et amis du Pouvoir (depuis les Monarchies passées) ne pouvaient plus être cachés. Soudain le Président eut un malaise. Précisément, ce malaise devait bientôt gagner la France entière. Le film touchait à sa fin.
Les bobologues commencèrent à faire marche arrière, à Gauche toute !. Au local de la rue de Solferino, le portail électronique de télésurveillance retrouvait un peu de sa raison d’être. La candidate Royale coachée par un Agent d‘artiste s’en était allée. La fille du Président rêvé de tous les Français, un certain Jacques Delors, y travaillait sérieusement depuis quelques mois. Le marketing publicitaire retrouva en partie ses beaux quartiers bobos, et l’on songea à promouvoir une sœur jumelle d’Angéla Merkel. Le look fût travaillé jours et nuits pour lancer la nouvelle candidate présidentiable. Les paillettes ne faisant plus recette, la sobriété devint branchée. Le dimanche soir sur
TF1, des élus de gauche caviar étaient de nouveau reçus. Les RG prévoyant une raclée pour le Pouvoir en place, il fallait bien faire monter au créneau la parti frère. Le désert pourrait ouvrir la porte à une révolte spontanée, autant occuper le terrain et les esprits.
Avec tant de pauvres jonchant nos rues, la médiacratie commence à réclamer un peu de roses pour apaiser sa mauvaise conscience, des roses, même un peu rouges. Chacun doit se mettre au vert en tout cas. Avant qu’un vrai courant n’émerge, on décida ainsi de remettre le concept « Gauche » en course manu militari. La démocratie est militaire, ou ne sera plus.
Les mois prochains, il n’est plus exclu qu’on nous serve pendant quelques temps un peu de Mai 81 réchauffé. La sauce pourrait être indigeste. Si la Présidence venait à tomber plus bas encore, la « Gauche » vaut mieux qu’une vraie crise, voire, de vrais courants de pensée politique. Comme nous le répète Jacques Maillot aux « Grandes Gueules » ( entretenir l’illusion de la liberté !) sur RMC, voter autre chose que PS ou
UMP serait "une voix de perdue". La liberté serait donc bipolaire.
Avec un peu de chance, notre Napoléon (avec respect) pourra donc s’appuyer sur le plat réchauffé de Mai 81 pour retrouver toute sa flamboyante modernité, lors du scrutin de 2012. Autant que « l’opposition » à qui l’on a décidé d’attribuer à nouveau toutes les régions ait son heure de gloire, maintenant. Un échec apparent fonde souvent une victoire future !
S’agissant de la démocratie reposant sur le vote réel d’un citoyen sur deux, peut-être moins, qu’importe ! On l’a échappé belle, le scénario bipolaire saura encore fonctionner. L’UM-PS reste fraternellement maître, du jeu. Pour les 12 millions de pauvres, les 5 millions de chômeurs non officiellement avoués, les taux de suicides jamais égalés (200 par an dans le milieu paysan, des milliers de jeunes…), la dette millénaire… on en parlera plus tard, peut-être. De toute façon on a créé plusieurs soupapes, du Front de Gauche à Europemachin… S’il le faut, on agitera le chiffon Front National pour faire peur. Le peuple soumis reviendra alors vers l’UM-PS… La démocratie au garde à vous ! 1, 2, 1... Parti !
Telle est bien notre pseudo liberté de pensée parfaitement quadrillée, couvrant par avance et en permanence tout l’échiquier de débats fictifs, afin d’empêcher l’émergence de courants bien réels d’expression. La démocratie est fraternellement en coulisse, ou ne serait plus.
Si vraiment tout se dégrade en 2011 pour la Présidence, on trouvera bien l’occasion d’une manif d’étudiants ou de fonctionnaires pour faire gagner la supposée opposition. On a des syndicats pour quadriller à ce niveau, aussi. La France est le pays des Droits de l’Homme, puisqu’on vous le dit !
Les 53 % du PA (Parti Abstentionniste) ? On va les expulser rapidement, du débat. Comme de chez eux, ceux qui ne payent pas leurs loyers.
En politique, il n’y a pas de vraie trêve hivernale.
Guillaume Boucard