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La TVA sociale, ou comment éviter volontairement l’hégémonie !

On a trop parlé de chambre bleue, totalement bleue, mais une victoire plus modeste de l’UMP serait la bienvenue pour rester crédible. Le meilleur moyen d’y parvenir était de relancer le thème de TVA sociale entre les deux tours des législatives. Avec ce stratagèm, la majorité va réussir à perdre quelques dizaines de sièges et faire croire qu’elle est encore démocratique !

Comment perdre intelligemment quelques sièges dont personne n’a besoin, sauf les quelques malheureux sous-fifres qui pensaient être élus les doigts dans le nez il y a encore cinq jours ? Les conseillers de Nicolas Sarkozy ont très vite compris qu’une victoire écrasante aux législatives avait un relent de république bananière. On ne pouvait cependant demander à des candidats UMP arrivés en première position au premier tour de se retirer alors qu’il n’y avait même pas de Front national présent en triangulaire. Le système électoral, avec l’obligation d’avoir au moins 12.5 % des inscrits pour se maintenir au second tour, ne permet pas ce subterfuge. Il faut donc un nombre de socialistes suffisamment décent pour faire croire à la fable d’une opposition utile au débat politique.

Le débat sur la TVA sociale aurait attendu la victoire d’après deuxième tour, si l’UMP n’avait espéré que 300 élus à tout casser. On l’aurait ressortie au mois d’août à coup de 69.3 ! Mais avec la déferlante prévisible, il faut tout faire pour perdre un peu et montrer sa bonne volonté. Une république décente ne peut se permettre 500 élus sur 577 ! Et puis, si quelques villepiniens ou chiraquiens restent sur le carreau, ce ne sera pas un drame, loin de là. L’intelligence en politique, et ce depuis Machiavel, est de ne pas trop humilier l’adversaire, sauf quand on est sûr de l’éradiquer pour de bon. Il ne faut jamais frapper l’homme à terre, sauf si l’on est certain qu’il ne se relèvera jamais. Avoir un petit adversaire faiblard et peu offensif est nettement plus payant que de ne pas avoir d’adversaire du tout !

Et puis, malgré les résultats calamiteux du MoDem, Bayrou reste le véritable adversaire de Sarkozy pour 2012. Maintenir la tête hors de l’eau au Parti socialiste peut se montrer payant en vue d’une réélection dans cinq ans. L’idéal étant de battre un socialiste au second tour et ainsi éviter Bayrou, nettement plus dangereux dans un affrontement frontal. Car le PS n’en a pas fini de ses querelles internes, à moins de trouver, comme sorti d’un chapeau, un ou une candidate présentable et éligible. L’intérêt de Sarkozy est donc la survie des socialistes. L’intérêt de la droite serait un nouveau Villepin ou Chirac, avec trente ans de moins et sans gamelles. Sarkozy fera tout pour que cet homme providentiel n’apparaisse pas pour lui damer le pion. Il a déjà supprimé l’hypothèse d’un président de parti ayant les mêmes pouvoirs que lui avant la présidentielle de 2007. Il noyaute la droite de façon très subtile.

Plus de Front national, quasiment plus de Parti communiste, des altermondialistes à la ramasse... il devient donc impératif de se garder un meilleur ennemi. Les socialistes sont les moins dangereux et les plus utiles et en plus ils font tout pour ne pas gagner.

Reste donc deux tâches essentielles pour Sarkozy, éliminer Bayrou pour de bon en évitant de le pousser à la grève de la faim (ce qui le rendrait populaire) et tout faire pour empêcher l’émergence d’un opposant interne. Et pour cela rien de tel que des socialistes divisés mais encore vivants.

Il a cinq ans pour y arriver. Comment va-t-il faire sans trop se démasquer ?

Il peut déjà compter sur les socialistes pour l’y aider. Quasiment tous n’ont qu’une envie, celle de dégommer la Dame en blanc. Ceux qui n’y pensent pas trop ne songent qu’à envoyer Hollande se présenter au Plat Pays, c’est-à-dire dans une circonscription du Nord-Pas-de-Calais aux prochaines législatives.

Fabius et Strauss-Kahn vont s’entredéchirer jusqu’à disparition. Valls et Montebourg viseront 2017 s’ils ont l’intelligence d’attendre leur tour avec une chance de succès.

Il reste juste la « petite » Clémentine Autain pour réunir les partisans du non au référendum, les derniers communistes, les trotskistes et les bovésistes. Pas de quoi gagner une élection, mais suffisamment pour créer une véritable opposition à gauche qui ne soit pas totalement ridicule.

Quant à plus à droite, ni De Villiers, ni Mégret ni J.-M. Le Pen ne sont en position pour représenter politiquement quelque chose. Reste la fille Marine, mais on n’est pas en Italie et elle ne pourra fonder un parti de droite acceptable avec un peu de repentance pour se faire accepter. Sarkozy pour l’instant est au zénith, il reste cinq ans pour espérer le voir chuter. Seul le Béarnais semble pouvoir y arriver, mais c’est encore loin d’être gagné pour lui à ce jour.


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14 réactions à cet article    


  • Georges Yang 19 juin 2007 11:40

    Pour information Cet article a été écrit vendredi dernier, c’est à dire avant les résultats du second tour, mais publié aujourd’hui

    PS Erreur de frappe, il faut lire 49.3 et non 69.3


    • Douzillac 19 juin 2007 11:51

      Suis tout à fait d’accord avec cette analyse.

      Joli coup de Borloo dans le régistre « restons crédible »


      • Olivier Bonnet Olivier Bonnet 19 juin 2007 13:02

        A vous croire, la droite aurait donc fait exprès de se laisser piéger sur la TVA « sociale » ?

        Je manque de mot pour exprimer à quel point cette hypothèse est irréelle.


        • IP115 19 juin 2007 13:12

          Pourquoi pas ... après tout cela pourrait expliquer que Borloo obtienne une promotion (ministre d’état et n°2 du gouvernement) pour le « punir » de cette « bourde » ... smiley smiley


          • Bulgroz 19 juin 2007 15:06

            Pareil pour moi, je pense que tout était ficelé d’avance et que l’option « Juppé perd » avait été étudiée.

            Car avec Nicolas Sarkozy, il n’y a pas d’improvisation.


          • Leveque 19 juin 2007 15:21

            Volontaire ou non, on ne le saura jamais.

            Il n’empeche qu’on les aurait traité de dictateurs pendant 5 ans, si ils avaient eu une telle majorité !!

            De plus, l’annonce d’une vague écrasante de l’UMP a naturellement mobilisé les partisans de gauche et détourné des urnes les ceux de droite qui étaient plus septiques.

            Au fond ca ne change rien, sauf qu’on pourra pas dire qu’il n’y a pas d’opposition..........


            • Le Chacal Le Chacal 19 juin 2007 20:56

              Pour ma part, l’hypothèse la plus vraisemblable reste que Borloo est une personne très brouillon qui n’a pas calculé la connerie qu’il disait le soir du premier tour. Toute la semaine, ses camarades ont tenté de rattraper le coup, mais en aggravant le problème. A l’arrivée, l’UMP sauve les meubles, en perdant Juppé, ce qui n’arrange pas forcément les affaires de Sarkozy qui se retrouve avec un gouvernement d’ouverture mais sans réel chiraquien d’envergure. Du coup, en manque de réelle grosse pointure pour le remplacer, il choisit de retirer Borloo de l’Economie où il risquait de faire d’autres bêtises, pour le mettre dans ce ministère fourre-tout qui ne servira que de vitrine à mon avis, ce qui lui permet de le surveiller de plus près.

              Bref, une bourde, et un placard doré à la suite...


              • moebius 19 juin 2007 22:23

                Analyse paranoiaque, c’est la gauche qui a fait exprés de perdre les présidentielles pour ne pas avoir a assumer la crise économique que tout les experts prédisent pour les prochaine années. Ces memes experts prédisent une embellie aprés 2012, ce sera alors le moment venue pour eux de prendre le pouvoir et si les cadres du PS a gauche se déchirent entre eux ça n’est qu’une mise en scene destinée à acréditer cette idée.


                • Sébastien Sébastien 20 juin 2007 01:03

                  Arretez de voir des complots partout. Borloo a fait une bourde un point c’est tout. Tout est certes calcule avec Sarko mais il ne predit pas encore l’avenir.

                  Et parler de republique bananiere est tout a fait innaproprie. Je m’etonne toujours de voir des personnes apparemment si respectueuses de la democratie contester le choix des urnes. S’il y avait eu 500 deputes UMP, cela aurait ete le choix des francais. Je vous remercie de le respecter meme si cela ne vous plait pas.

                  Je suis de droite, mais si la gauche avait gagne la presidentielle et les legislatives, je n’aurais pas crie au complot de la gauche, a la confiscation de la democratie ou a je ne sais quoi d’autre. Restons un tant soit peu serieux.


                  • uranus74 22 juin 2007 23:56

                    Comment peut on trouver normal notre mode de scrutin inique que nous sommes les seuls à avoir (avec les anglais) parmi les 27 pays de l’UE qui permet à un président élu avec 51% des voix soit 43% des français (26% au 1er tour) de raffler 56% des sièges à l’Assemblée, et de laisser sans représentation ou si peu des courants d’idées importants du pays (Le Modem, Le FN ...)

                    Nous sommes bien dans une république bananière doublée d’une monarchie de fait.


                  • dimanchesoir 21 juin 2007 10:35

                    Vous êtes un peu naïf ou frais en politique. Dans 30 ans, après une longue habitude des déclarations et bafouillements de vos représentants, vous verrez la bévue Borloo comme une vraie bévue.

                    La preuve ? La déclaration du jour de Raffarin qui déclare qu’il n’y aura pas de majorité absolue pour la TVA Sociale que Sarko n’a pas abandonnée après l’élection législative.

                    Votre article a donc un temps de retard considérable, mais l’intérêt d’un article est d’anticiper ce que vous n’avez pas su faire.


                    • Olivier 22 juin 2007 10:11

                      Je viens juste de tomber sur votre article. Je vous rejoins tout à fait dans votre lecture de la semaine électorale... Je recopie ci-dessous un billet que j’avais glissé dans quelques blogs lundi 18 juin...

                      Carton plein pour Sarkozy ... ou le tir réussi d’une fusée à multiples étages... :

                      - 1er tour présidentielle = un excellent score personnel, et le FN dehors ;
                      - 2ème tour présidentielle = son élection large avec 85% de participation = une légitimité record ;
                      - l’ouverture gouvernementale = cela sème une forte zizanie à gauche ;
                      - 1er tour législatives = un score UMP exceptionnel, permettant une prise de risque ; Avec en plus un FN durablement essoufflé, un PC enfin marginalisé et un Modem resté balbutiant ;
                      - l’entre-deux tours = lancement délibéré et savamment pensé du missile « TVA-sociale » à destination de la gauche ; Réception immédiate du-dit missile dans l’allégresse générale à gauche ;
                      - 2ème tour législatives = l’UMP est largement majoritaire, mais juste ce qu’il faut ;

                      Bilan : Le missile a brillamment atteint son but, et la fusée Sarkozy a TOUT réussi au long de sa trajectoire...

                      L’objectif du missile « TVA-sociale » étant le moyen de pouvoir obtenir une assemblée qui ne soit PAS une vague bleue comme annoncée pour les raisons suivantes :
                      — cela évite un bloc UMP trop gros, toujours source de divisions internes potentielles ; Car le groupe UMP (c’est à dire la majorité) devra - par nécessité - rester uni a minima ;
                      — cela permet à la gauche PS de sentir un air de « non-défaite » et celle-ci ne pourra donc que rester bloquée sur ses dissensions et ne pas « exploser » tout de suite, car une explosion immédiate aurait contribué à un renouveau plus rapide d’un PS modernisé ; Les têtes PS ne sont pas tombées de suite, il faudra plus de temps ; Plus de temps aussi pour remodeler une idéologie et une ligne programmatique ; Tous ces temps là, Sarkozy en a besoin, car ça le laissera tranquille d’une opposition structurée et crédible beaucoup plus longtemps ;
                      — cela permettra de mieux juguler l’opposition DANS l’assemblée plutôt que QUE dans la rue ;
                      — cela referme le débat pour la proportionnelle pour quelques années ;
                      — le projet « TVA-sociale », beau projet pragmatique par excellence, a été bel et bien largement annoncé « avant » ; Et validé de fait dans l’énoncé par le corpus électoral.

                      Concernant Juppe : pour Sarkozy sa défaite n’était pas forcément envisagée précisément ; Mais est-ce vraiment un accident ? Rien n’est moins sûr car il n’en demeure pas moins que la relégation de Juppe signe aujourd’hui la quasi VRAIE fin du chiraquisme, dont il était la dernière grosse écharde dans le pied de Sarkozy. Ceci pouvant expliquer cela, vu depuis les entrailles politiciennes méandreuses... D’une part, il est à noter l’absence remarquable d’une défense acharnée de Juppe durant l’entre deux tour à Bordeaux, alors que tout le monde le savait en risque imminent de perte... il était loisible à souhait de le soutenir plus vivement. D’autre part, en parallèle il faut constater l’extrême affichage volontaire de cette fameuse règle républicaine de se retirer en cas de non élection... Au vu de ces deux faits, la défaite de Juppe, plus qu’un simple accident, pourrait n’être en réalité que le fruit d’un pari délibéré à dessein.

                      Pour l’aspect local qui m’intéresse également, Carignon et son fils spirituel De Sans Nicolas sont également satellisés en Isère... Rien que du bonheur ici : le gratin dauphinois semble, enfin, brûlé.

                      En conclusion, le PS en satellite géostationnaire, Juppe et le chiraquisme en apesanteur, l’UMP bien majoritaire sur terre... la fusée Sarkozy a semble-t-il totalement rempli ses missions...

                      Il a maintenant les moyens et du temps pour déployer son projet.

                      Olivier, 18/06/2007


                      • Georges Yang 22 juin 2007 15:43

                        Je me sens moins seul dans mon analyse. Le départ de Juppé est en fait favorable à Sarkozy même si ce n’était pas initialement calculé. De plus avec 320 UMP et affiliés on ne risque pas voir se former un groupe de la majorité anti sarko soutenant un nouveau Villepin(à définir)pour 2012. Avec 480 à 500 députés, le risque existait pour Sarkozy.


                      • Carnifex 22 juin 2007 14:10

                        C’est certainement une bourde dont les conséquences ont été bien gérées et finalement pas si négatives que ça. smiley En tout état de cause, le résultat est le même et montre une certaine intelligence et une bonne cohésion de l’équipe au pouvoir (tout jugement politique mis à part).

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