La vie politique normale de François Hollande
Le 6 mai 2012 est élu au suffrage universel François Hollande, premier président normal de l’histoire de France. Une normalité assumée par le principal intéressé, revendiquée même comme marque de fabrique. Action de communication ou réel investissement d’un Français comme les autres ?

Ce n’est pas tuer le suspens que d’affirmer d’emblée que de normal, François Hollande n’en a que l’apparence, du moins la prétention de l’être. Tout chez monsieur Hollande est dans la continuité de son prédécesseur, Nicolas Sarkozy, qu’il s’empressait de stigmatiser, non sans arguments, comme représentant du bling-bling et du mauvais goût.
Rappelons-nous la désormais célèbre intervention en opposition au style du sixième Président de la 5ème République, lors du débat de l’entre-deux tours - « Moi Président, ».
Pourtant, François Hollande rencontre, peu de temps après le début de son mandat, les mêmes problèmes que Nicolas Sarkozy.
Le premier d’entre eux se nomme Valérie Trierweiler, et l’incroyable scandale suscité en France par sa prise de position dans les législatives à la Rochelle, menant à un mélange entre la vie publique et la vie privée quasi inédit en France. Il est le symbole de la difficile séparation des champs de la vie dans une société 2.0, dominée par l’omniprésence du réseau et de la transmission de l’information.
Vivre le décloisonnement social (augmentation du nombre de divorce, liens du mariage qui faiblissent, familles recomposées) est sans doute le principal trait de normalité de François Hollande. Sa situation pourrait être un résumé de l’œuvre d’un autre François, de Singly celui-ci, sociologue de la famille.
En effet, il a géré de multiples situations familiales imbriquées entre son ex qui n’en est pas complètement une sur tous les plans, puisqu’elle fait partie encore de son milieu professionnel politique, ses enfants, sa nouvelle compagne qui fait elle partie d’un champ professionnel censé être indépendant du sien, mais qui ne se gène pas pour intervenir sur les deux champs… Un imbroglio qui met en lumière les difficultés de son prédécesseur, Nicolas Sarkozy, à gérer une situation similaire.
François Hollande et ses conseillers
L’autre continuité de François Hollande est beaucoup moins connue du grand public, et consiste en la reprise de certaines pratiques pourtant dénoncées au plus haut niveau de l’Elysée : la toute puissance des conseillers et du personnel non élu démocratiquement.
Car même s’il évite soigneusement d’en parler aux médias, F.Hollande renoue avec le style sarkozyste de l’éminence grise, plaçant ses conseils au moment opportun, rédigeant les discours, immisçant ses propres idées en soufflant à l’oreille du président ce qu’il serait juste de penser, à grand renfort de sondages d’opinions pour appuyer le propos. Le Think Tank Terra Nova est un exemple de ces officines payées à idéologiser.
Nous avons connu les Guéant, Guaino, Buisson…place à présent à Aquilino Morelle, plume de François Hollande. Ce dernier mérite qu’on s’attarde à son sujet. Médecin de formation, il a aussi été chargé de la rédaction de rapports à présent célèbre pour l’Igas (on lui doit celui sur le mediator confié par…Xavier Bertrand ; et semble à lui seul résumer le célèbre slogan de Marine Le Pen : l’UMPS. Par ailleurs, ils ont les mêmes réseaux et les mêmes liens professionnels. Monsieur Morelle a travaillé pour EURORSCG,…une agence de pub ou les amis de Xavier Bertrand ont du poids.
Voilà donc un conseiller de premier plan de la gauche qui se voit confier des missions par un ministre de droite… qu’il combat à peine quelques mois plus tard par le biais des discours de François Hollande.
On peut alors légitimement se demander si la bipolarisation tant recherchée par certains mécanismes de la 5ème République existe réellement.
Au final, l’électeur peut, pris entre le marteau et l’enclume se poser quelques questions. Notamment celle de savoir si François Hollande ne s’est pas trop avancé, en s’érigeant en tant que Parangon de vertu et d’exemplarité démocratique. « Tout pouvoir est triste », disait Alain. C’est ce que Nicolas Sarkozy faisait passer comme message, expliquant que le pire jour de sa vie était le soir de son élection, l’explosion de sa vie privée prenant le dessus sur l’explosion de sa vie publique. François Hollande devrait sans doute écouter les leçons de son prédécesseur.
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