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Lagarde, Tapie, Sarkozy : même combat

La Commission des requêtes de la Cour de justice de la République (CJR) a décidé jeudi 4 août d'ouvrir sur une enquête sur la gestion par Christine Lagarde, alors ministre de l'économie, pour "complicité de faux et de détournement de fonds publics" dans la procédure d'arbitrage qui avait mis un terme, en juillet 2008, au conflit opposant Bernard Tapie au Crédit Lyonnais au sujet de la vente d'Addidas.

Comme beaucoup d’observateurs, Eva joly estime que "cette situation était prévisible". François Bayrou va beaucoup plus loin en estimant que ce dossier constitue "un des plus grand scandales sinon le plus grand scandale de la Ve république".

Le ciel s’assombrit au-dessus de la tête de la directrice générale du FMI en place seulement depuis le 4 juillet mais l’orage de grêle menace Élysée vers qui convergent désormais tous les regards.

Il paraît en effet bien difficile de croire que les décisions aujourd’hui misent en cause ont pu, au regard de leurs conséquences politiques et financières, être prises sans instructions préalables de la plus haute autorité de l’État. C’est d’ailleurs ce que laisse entendre Bernard Scemama qui fût président de l’Établissement public de financement et de restructuration (EPFR), l'organisme chapeautant le Consortium de réalisation (CDR), de septembre 2007 à février 2009 dans un entretien accordé au quotidien Le Monde.

Ce fonctionnaire des finances confie ainsi : "J'ai été reçu dès ma nomination par Stéphane Richard, le directeur du cabinet de la ministre des finances, Christine Lagarde. Il m'a tout de suite parlé du dossier Tapie et m'a donné une consigne claire : il fallait aller à l'arbitrage. "C'est la décision du gouvernement", m'a-t-il dit. Il m'a expliqué que cela faisait des années que cette affaire traînait, et qu'il fallait en finir".

"Quand le directeur de cabinet parle, c'est la ministre qui parle" rappelle Bernard Scemama, nommé par décret du Président de la république à la tête de l’EPFR. Et quand le journaliste Fabrice Lhomme lui pose la question "Avec le recul, n'avez-vous pas le sentiment d'avoir été instrumentalisé ?", la réponse est déconcertante : "Ce n'est pas impossible, cette idée vient toujours, après coup. En même temps, cela me paraît tellement énorme, cela signifierait que tout a été pipé".

Plus c’est gros et plus souvent ça passe. Sauf que dans ce cas précis on est dans une affaire hors normes en tout. Du rapport de la Cour des comptes sur l'affaire Tapie à la requête adressée par le procureur général près la Cour de cassation, Jean-Louis Nadal, à la Cour de justice de la République, en vue de l'ouverture d’une enquête, tout est tellement énorme qu’on se pince pour arriver à le croire. La plupart des documents, édifiants, sont accessibles en ligne sur Mediapart.

Il est reproché à Christine Lagarde d’avoir notamment fait suspendre une procédure judiciaire, qui tournait pourtant à l'avantage de l’État, pour lui substituer celle de l'arbitrage qui a permis à Bernard Tapie de récupérer 403 million d'euros payés rubis sur l’ongle par le contribuable. Elle aurait en outre selon Mediapart donné pour instruction d'empêcher tout recours possible contre la décision finale.

Dans une cohérence qui l’honore, François Bayrou a salué l'ouverture d'une enquête par la CJR comme "une étape décisive sur le chemin de la vérité".

"Cette affaire, qui restera je le crois comme un des plus grand scandales sinon le plus grand scandale de la Ve république, avec des zones d'ombre toujours plus épaisses, fait peser un lourd soupçon sur l'enchaînement des décisions d’État qui ont conduit à verser des centaines de millions d'euros de fonds publics à Bernard Tapie", a souligné le président du Modem.

Sur RTL, le député du Béarn a estimé que "les principes absolus du droit ont été contournés, contredits et foulés au pied". "On n’a pas le droit d’utiliser de l’argent public s’il n’y a pas eu un vote des députés ou une décision de justice" a déclaré, très remonté, le leader centriste.

Présenté comme un ami du Président de la République, Bernard Tapie avait appelé à voter Sarkozy lors des dernières présidentielles. Et pour mettre un peu de piment sur une affaire déjà compliqué, Le Canard Enchaîné avançait, courant juillet, l'hypothèse d'un accord secret entre Bernard Tapie et André Guelfi alias Dédé la Sardine pour le partage du pactole versé par l’État au titre de l'indemnisation du dossier Crédit Lyonnais-Addidas...




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14 réactions à cet article    


  • Bulgroz 6 août 2011 09:31

    Il faut préciser que Bernard Scemama avec Jean-François Rocchi :

    fait depuis le 25 Mai 2011 l’objet de poursuites financières devant la Cour de discipline budgétaire, qui pourrait le déclarer responsable sur ses biens personnels

    et fait l’objet d’une enquête de police pour "abus de pouvoirs sociaux".

    Ceci explique cela.


    • Fergus Fergus 6 août 2011 11:54

      Bonjour, Henry.

      Cette affaire, on le savait déjà, est un énorme scandale dont Sarkozy a été l’instigateur comme l’a montré Le Canard Enchaîné dès en amont de la procédure d’arbitrage par les manoeuvres engagées afin de permettre cette escroquerie des contribuables français.

      En apppuyant la nomination de Lagarde au FMI, Sarkozy a sans doute voulu éteindre l’incendie en escomptant un renoncement des magistrats devant la prespective d’une mise en cause, à quelmques mois d’intervalle, d’un 2e patron du FMI français.

      Problème : le dossier était par trop énorme et par trop scandaleux pour que les magistrats bottent en touche. Derrière Lagarde, qui n’a effectivement « pas une tête à être amie avec Tapie », c’est bien Sarkozy qui est pointé du doigt. Un Sarkozy qui a voulu cet arrangement honteux en remerciement du soutien durant la campagne et sans doute également pour achteter les voix des Radicaux de gauche lors du vote du Congrès sur la réforme constitutionnelle.

      L’affaire Tapie n’est autre qu’une énorme magouille entre aventuriers sans scrupules !

      Cordialement.


      • Defrance Defrance 6 août 2011 12:06

         Sarkozy, sur la même ligne que Bouteflika  !


        • BisonHeureux BisonHeureux 6 août 2011 12:06

          Heureusement Tapie a déjà planqué le pognon en Belgique !
          Ils sont trop graves !
          Hasta la libertad
          Salut et fraternité


          • keiser keiser 6 août 2011 13:49

            En voulant protéger l’avocate d’affaires et ministre au bilan désastreux .
            Sa nomination aux commandes du FMI et une casserole de plus pour la France .
            Les deux parachutés de Sarkozy au FMI vont laisser un gout amer dans la bouche des observateurs internationaux , quelle honte ...
            Comment peut on être dirigés par des gens aussi cons ?! ...
            Où alors , ils se croient vraiment au dessus de tout , tels les Dieux de l’Olympe .
            Surtout quand l’on sait que le contribuable a encore payé la campagne marathon de l’avocate-nageuse pour son entrée au FMI .

            Affligeant ...


            • Daniel54 Daniel54 6 août 2011 18:12

              J’en viens à croire que bon nombre de nos dirigeants politiques se croient intouchables« et comme vous le dites bien »ils se croient au dessus de tout tels des Dieux de l’Olympe« . L’argent est roi (comme l’écrit François Bayrou dans son livre »Abus de pouvoir"). Notre démocratie n’a plus que le nom, seule la finance est maîtresse des lieux.


            • POUR UNE FOIS QUE BAYROU DIT DES PAROLES SENSEES.....

              COMMENTAIRE DE LA PHOTO....QUELLE BELLE PHOTO DE MAFIEUX......


            • Peachy Carnehan Peachy Carnehan 6 août 2011 14:06

              Lagarde, en tant qu’exécutante, est logiquement poursuivie pour « complicité de faux » et « complicité de détournement de biens publics ». Mais à qui profite le crime ? A question simple, réponse simple. D’abord à Bernard Tapie, qui touche 285 millions d’euros aux frais du contribuable, puis à l’abominable Sarkozy qui a pu compter sur le soutien indéfectible de ce même Tapie lors de la campagne présidentielle de 2007.



              • NOUS SOMMES VRAIMENT GOUVERNES PAR LES DALTON
                -1 n sarkozy
                -2 g sarkozy
                -3 p sakozy
                -4 j sarkozy...dit le prince sans diplomes
                - ..


              • Marianne Marianne 6 août 2011 17:21

                Oui. Ajoutez encore « Dédé la Sardine », ... drôle de bande, association de malfaiteurs !


                • lereveur 6 août 2011 18:02

                  Je suis vraiment curieux de savoir combien de voxiens et autre justicier en peau de lapin, à commencer par Bayrou, seraient capables d’exposer le dossier Tapie contre le CL dans le dossier Adidas. Bayrou en commission des finances à l’assemblée ? Lamentable. Il ne connaissait rien du dossier.

                  Pour tous les juristes il n’y a aucun doute que Nanard s’est fait berner dans la vente d’Adidas. Et le reste a logiquement suivi.

                  voir lien http://fr.wikipedia.org/wiki/Bernard_Tapie


                  • dolecologie 7 août 2011 02:17

                    Moi je la trouve bien cette décision. Je parie qu’on va faire de même pour régler tous les autres scandales : amiante, médicaments, algues vertes, etc.


                    • velosolex velosolex 7 août 2011 19:50

                      45 millions d’euros filé par la France à Bernard Tapie pour préjudice moral.
                      4 millions d’euros pour la Somalie avec ces millions de pauvres gens mourant de faim et d’épuisement.

                      Pas besoin d’en dire plus.
                      Au delà de cette limite, votre ticket de compréhension du monde n’est plus valable.

                      Sidération.
                      Comme celle de la révélation de l’horreur des camps de la mort, après guerre


                      • lacenaire 8 août 2011 19:58

                        je vdterais pour le candidat qui mettra a son programme la mise en examen de SARKOZY pour haute trahison et forfaiture

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Auteur de l'article

Henry Moreigne

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