Le 6 mai, nous n’Elysons pas un Ministre de l’Intérieur !
Cela peut paraître bête de le rappeler mais c’est le président de la République que nous élirons.
C’est pourquoi le candidat sortant qui n’a pas su se départir de son costume de Ministre de l’Intérieur endossé il y a 10 ans me parait totalement disqualifié.
Qu’avons-nous observé au cours du quinquennat qui s’achève ? Une posture constante de Ministre de l’intérieur qui transparaît à chaque moment avec une débauche de déclarations martiales avec promesses de nouvelles lois dès qu’un fait divers crapuleux défrayait la chronique.
Pas moins de 5 lois sur l’immigration et 7 sur la sécurité ont été votée par une majorité UMP à la botte avec au milieu une poignée de centristes surtout intéressés par la conservation de leurs mandats et qui se sont pincé le nez, mais ont tout de même voté ces textes.
Et il s’apprête à nous refaire le même coup pour le prochain mandat s’il est réélu : renégociation du traité de Schengen, renforcement du dispositif pénal contre le terrorisme, etc, etc,…
En fait, le candidat sortant ne se sent bien que lorsqu’il surfe sur les peurs en exploitants les faits divers et qu’il prend son air martial de protecteur de la République en danger, en oubliant toujours de rappeler qu’il est à l’origine de la baisse des effectifs de la police et de la justice et que la réforme des services de la sécurité intérieure (la DRCI) connait quelques couacs rappelés par le Canard Enchaîné de la semaine dernière.
Et dans les autres domaines ?
Quid de son bilan en matière économique et financière ? Toujours la même posture de sauveur, de combattant de retour du quinzième sommet Européen de la dernière chance, de sauveur de l’économie française qui pourtant croule sous la dette qu’il a lui-même contribué à creuser profondément, et l’instauration de nouvelles taxes tout en affirmant qu’il n’a pas augmenté la fiscalité. Beaucoup de cadeaux fiscaux ciblés (bouclier fiscal, niche Copé, TVA sur la restauration,…) et des perspectives d’augmentation généralisée de la TVA.
Quid de son action en matière de politique étrangère ? La réintégration de la France dans l’OTAN et l’envoi d’effectifs supplémentaire en Afghanistan a produit les effets que l’on connaît et viendra bientôt le temps du retour sans gloire des troupes diminués des morts pour rien. S’agissant des relations avec les chefs d’Etats étrangers, on se souviendra longtemps de la « visite » de Khadifi à Paris et de l’invitation de dictateurs lors d’un 14 juillet.
On remarquera la propension à se faire photographier avec les grands de ce monde et à leur passer la main dans le dos pour se donner une stature mondiale qu’il n’a pas et on se souviendra de l’épisode de la révolution tunisienne qu’il avait laissé gérer, dans un moment de faiblesse, par sa Ministre de l’Intérieur de l’époque.
Quid de son action en matière d’emploi et en matière sociale ? Entre 400 et 500 000 chômeurs supplémentaires, lui qui avait fait de cette question le point central de sa campagne de 2007, une médecine à deux vitesses, des déremboursements à la pelle de médicaments. Et toujours la perspective de sanctions, pas contre les patrons voyous qui ne payent pas leurs cotisations sociales, mais contre les fraudeurs aux prestations.
Mais je dois être de mauvaise foi, tout cela n’est pas de sa faute, mais à celle de la crise
La campagne du candidat sortant est donc à l’image du quinquennat qui s’achève : fort avec les faibles et faible avec les forts avec une posture constante et accentuée de Ministre de l’Intérieur et un écran de fumée pour le reste.
La campagne du candidat sortant se caractérise également par les attaques portées contre le seul candidat susceptible de gagner cette élection.
Tout les coups sont permis : « manque de charisme », « menteur », « anguille », « n’a pas la stature d’un Président », « ne connait aucun dirigeant étranger », j’en passe et des meilleures. Le tout distillé avec l’élégance et l’impartialité qu’on lui connait par le très léger Copé ou bien encore par la charmante Bernadette Chirac.
On a atteint des sommets dans cette campagne et ce n’est pas fini : dans les semaines qui viennent les porte flingues du candidat sortant vont défourailler dans tous les sens et nul doute que le moindre fait divers sera exploité avec la délicatesse qu’on leur connait.
Les citoyens méritent mieux que ce débat tronqué et minable que nous propose le candidat sortant. Ils n’ont pas tant besoin d’un Ministre de l’Intérieur chargé de la sécurité des possédants et des dirigeants du CAC 40 que d’un Président qui se préoccupe des laissés pour compte, de la relance de l’économie, de la dette nationale, et de justice fiscale et sociale et de l’éducation.
Faites votre choix.
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