Le cercle des centristes disparus
Depuis la création de l’UMP en 2002, des élus de l’ancienne UDF ont rallié l’UMP. Les uns sous la menace, les autres avec sincérité et naïveté, tous dans le cadre d’un accord simple : se plier à la discipline majoritaire d’un mouvement où les centristes sont minoritaires en échange d’un soutien politique lors des élections. Un mandat contre le silence.
En renonçant à leur liberté de parole, ces centristes ont renoncé à défendre les convictions de leurs électeurs. Elus par les électeurs de l’UMP... ils ont fini par défendre les idées des électeurs de l’UMP.
In Memoriam des ralliés de 2002
Pierre Méhaignerie : Ancien Ministre, ancien président de la commission des finances de l’Assemblée nationale. Président de la commission des affaires sociales. Obéissant aux diktat, s’est absenté lors de la discussion à l’Assemblée nationale sur le bouclier fiscal auquel il s’est pourtant opposé dans la presse.
Philippe Douste Blazy : Ancien Ministre. C’est lui qui a fait venir le gros des députés centristes lors de la création de l’UMP. A perdu tous ses mandats. Aujourd’hui chargé de mission du Président de la République.
Renaud Dutreil : Ancien Ministre. Il est l’un des fondateurs de l’association qui a donné naissance à l’UMP. Battu aux municipales à Reims l’an dernier contre une candidate UMP. A renoncé à tous ses mandats et quitte la vie politique... aujourd’hui Président de LVMH Amérique du Nord.
Nicole Fontaine : Ancienne Ministre. Ancienne Présidente du Parlement Européen. Son dernier mandat de députée européen s’est achevé le 7 juin dernier.
Claude Birraux : Député de Haute Savoie depuis 1978. Il l’est toujours. Aucune prise de position politique significative depuis son ralliement (et à vrai dire avant non plus). Vote sans sourciller des lois telles que la loi Hadopi, les déficits budgétaires ou la nomination par l’exécutif des présidents du service audiovisuel public. A l’occasion d’une engueulade publique par Bernard Accoyer, s’est vu imposé comme suppléant militant UMP de 22 ans. Ne choisit même pas son propre suppléant.
Hervé de Charrette : ancien Président des Clubs Perspectives et réalités. Toujours député mais n’intervient plus dans le débat public.
Alain Madelin : une des chevilles ouvrière de la campagne de Jacques Chirac. Pas vraiment centriste... mais ancien membre de l’UDF. Ancien Ministre de l’Economie et des Finances. A renoncé à se présenter aux dernières législatives. Nommé Président du Fonds mondial de solidarité numérique.
Jean Pierre Raffarin : Ancien Premier Ministre. Battu par un ancien RPR aux élections pour la Présidence du Sénat. Continue de prouver sa soumission en proposant récemment l’élection du Président de la République en un seul tour. Ne participe au débat public que pour flatter les désideratas présidentiels.
Alain Lambert : Ancien Président de la commission des finances. Aujourd’hui Vice Président du Sénat. Ses idées ne sont jamais reprises. Désigné tête de liste UMP pour les régionales, Alain Lambert est sûr de perdre le second tour dans la trappe à 30% de l’UMP.
Dominique Paillé : Ancien député, ancien directeur de campagne de Francois Bayrou. Il rejoint l’UMP en 2002. Il est battu aux municipales en décembre 2002, aux législatives en juin 2007, aux sénatoriales en septembre 2008. Parachuté pour représenter les Français de l’étranger avec le soutien de Sarkozy et de l’UMP il obtient seulement 16 voix sur 151 votants. Conseiller politique de Sarkozy il publie un livre contre Bayrou « les habits neufs des faux centristes : arnaque ou imposture ? » qui s’est vendu à moins de 500 exemplaires.
In memoriam des ralliés de 2004
Alain Lamassoure : Ancien Ministre. Député Européen. Il vient de justesse de garder son investiture pour les élections européennes. Sarkozy lui a finalement accordé une investiture aux européennes pour s’assurer de l’élimination de tous les partisans d’Alain Juppé en région aquitaine. Intervient au Parlement Européen mais plus dans le débat public français.
In memoriam des ralliés de 2006
Gilles de Robien : Ancien Ministre, directeur de campagne de François Bayrou aux présidentielles de 2002. Battu aux élections municipales à Amiens en mars 2008, il finit sont engagement politique par une démission de son mandat de conseiller municipal d’opposition. Retour à la vie civile.
André Santini : Ancien Ministre. Secrétaire d’Etat chargé de la fonction publique - le saviez-vous ? Contraint de choisir Frédéric Lefebvre, collaborateur personnel de Sarkozy, comme suppléant aux législatives. Nommé au Gouvernement en juin 2007 pour permettre la nomination de ce proche de Sarkozy comme député. Sorti du Gouvernement en juin 2009.
In memoriam des ralliés de 2007
Hervé Morin : Ancien Président du groupe UDF à l’Assemblée nationale. Ministre de la Défense. Simple collaborateur de Fillon, lui-même simple collaborateur de Sarkozy. Avec une poignée de députés dont la majorité n’a pas besoin, Hervé Morin n’influence aucune des décisions qu’il doit soutenir. Faute du soutien d’un groupe Parlementaire nécessaire à la majorité, il ne participe pas au pouvoir mais se contente d’exécuter les décisions du Président UMP.
Valérie Létard : Sénatrice. Secrétaire d’Etat en charge de la solidarité. Idem que Morin.
In memoriam des ralliés de 2008
Jean Arthuis : Ancien Ministre. A renoncé depuis plusieurs années à défendre le principe moral de l’équilibre des comptes publics en échange d’une Présidence de la commission des finances du Sénat.
Une pensée pour Michel Mercier qui a renoncé à sa liberté de parole en rejoignant le Gouvernement. Il perdra bientôt le soutien des électeurs qui l’ont élu, et disparaitra ensuite de la vie politique nationale.
L’ouverture serait une bonne chose s’il s’agissait d’une ouverture à des idées. Elle est dérisoire lorsqu’elle se limite à des individus. L’ouverture serait une bonne chose si elle avait pour objet de faire avancer le pays, elle est dérisoire lorsqu’elle a pour but de déstabiliser un mouvement politique.
Le débat public français s’est appauvri. Il y a moins d’élus pour représenter la voix de la modération et du bon sens au delà des idéologies. Moins d’élus centristes capables d’écouter les autres quelques soient leurs "camps".
Pourtant l’électorat centriste reste là, toujours aussi nombreux. Il revient aux centristes de continuer de convaincre de nouveaux électeurs afin que leur voix libre revienne dans le débat public.
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