Le Corbeil-Essonnes Show
L’heureux gagnant du Corbeil-Essonnes Show est …
3ème élection municipale en 2 ans pour cette paisible ville de banlieue parisienne. Entre corruption, espionnage, inéligibilité et annulation de scrutin, les habitants de Corbeil-Essonnes pourraient se croire dans un pays sortant de la dictature. L’acteur principal de cette affaire est Serge Dassault, riche industriel français, qui s’est installé en 1995 dans le fauteuil de maire de Corbeil, ancien fief communiste.
Serge Dassault, héritier de l’empire crée par son père Marcel, a patiemment attendu cette victoire aux municipales de la ville d’Essonnes. Il se présente pour la 1ère fois à cette élection en 1977, puis en 1988 pour finalement réussir en 1995, 18 ans après. Fondateur du Parti Libéral en 1981, le fils Dassault va rallier le RPR en 1986 puis l’UMP dont il est membre du Conseil National et président de la fédération professionnelle de l’air, de l’espace et de la défense.
Jusqu'ici tout va bien
Serge règne sans partage sur cette ville, cumulant le rôle de maire et celui de sénateur du département. Jusqu’ici tout va bien. Sauf qu’après sa victoire de 2008, il va être accusé de payer les voix de ses électeurs, preuve à l’appui. En effet, le candidat du PCF Bruno Piriou va prouver après ces élections les “dons d’argent”du maire sortant, grâce à une conversation enregistrée à son insu, Serge Dassault confie à son adversaire qu’ils donnent “très peu” d’argent à ses électeurs. Le Conseil d’Etat annule le scrutin en juin 2009, estimant que la conversation démontre “l’existence de pratiques de dons en argent d’une ampleur significative à destination des habitants de la commune.” Il va être condamné à une peine d’un an d’inéligibilité,
Résultat, Serge Dassault est condamné à un an d’inéligibilité, malgré les pressions exercées lors de la procédure. Même chose pour Bruno Piriou, à qui l’on reproche sa mauvaise gestion de ses comptes de campagne.
De nouvelles élections ont lieu en 2009, avec de nouveaux acteurs : Jean-Pierre Bechter endosse la cape de Serge Dassault tandis que la gauche présente une liste divisée. Le candidat Bechter l’emporte avec 27 voix d’avance. Jusqu’ici tout va bien. Sauf que l’opposition saisit le tribunal administratif pour une utilisation abusive du nom du magna de l’aviation sur les tracts de campagne. Le tribunal de Versailles décide d’annuler l’élection, en mars 2010, ouvrant la voie à un 3ème (et dernier ?) vote. Cette fois, aucune sanction prononcée à l’encontre de Jean-Pierre Bechter ou de son mentor.
L'abstention s'impose
Cet épisode aurait pu s’intituler “le retour du roi Serge”, mais il a préféré laissé sa place à une liste Bechter, dans laquelle il s’insère en dernière place. Face à eux, se présentent l’ancien adjoint-maire Jean-François Bayle (sans étiquette) et le revenant Bruno Piriou (le fan du film Wall Street) à la tête d’une liste d’union des partis de gauche.
C’est le niveau d’abstention qui s’impose dans ce 3ème scrutin, qui ne passionne plus les foules. Comme pour la télé-réalité, les gens sont lassés, la recette du remake est connue et les protagonistes se ressemblent trop. Peu importe le résultat, les candidats se sont livrés à une bataille de personne, oubliant leurs électeurs, qui ne demandaient pas autant de publicité autour de leur commune.
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