Le dernier combat
Cette élection marque la fin du Parti socialiste tel qu’il se présente depuis le congrès d’Epinay en 1971. Le troisième tour des élections, c’est-à-dire les législatives, débouchera sur une redistribution des cartes.
Il y a quelque chose de pourri au
cœur du Parti socialiste. Les 25,87% des voix qui se sont reportés sur Ségolène
Royal ne lui appartiennent même pas. Ils appartiennent à sa représentante qui
s’est battue depuis le début contre vents et marées pour éteindre les feux que
ses petits camarades ont allumés tout au long de ce premier tour. Je n’ai pas
vu beaucoup Nicolas Sarkozy l’attaquer de front, tellement il n’avait pas
besoin de rajouter quoi que ce soit. Qu’on se souvienne des différents couacs
et petites phrases assassines depuis les primaires de ce parti, pour admettre
avec elle que vraiment rien ne lui aura été épargné.
Pourtant le score de Ségolène Royal aura été le plus élevé
réussi par un socialiste depuis 1981. Mais l’écrasante victoire de ce premier
tour de Nicolas Sarkozy balaie tout sur son passage.
Mais ne nous y trompons pas. Ce parti joue son dernier
combat. Le prochain, sera le combat de trop. Et il se passera exactement ce qui
s’est passé pour Le Pen cette fois-ci.
En 1981, François Mitterrand pouvait compter sur la réserve de voix des
radicaux de gauche et du parti communiste. Aujourd’hui, des miettes de tout et
de n’importe quoi, et même de quelques points apportés par des frontistes
revanchards prêts à voter Royal au second tour pour battre leur nouvel ennemi,
n’arriveront pas à faire le compte. Après le second tour, c’est un nouvel
Epinay qui se profile, inévitablement.
Et c’est tant mieux. Qui accepterait de vivre cinq ans dans
une maison pourrie ? Je comprends qu’un Français sur trois ait voulu, dès
le premier tour, produire un vote utile en votant à droite plutôt que de partir
à l’aventure avec un parti qui ne sait même plus cacher, en période électorale,
ses divisions.
Le virage à la droite extrême de Nicolas Sarkozy est
totalement réussi. Admettons sa victoire. Beaucoup d’entre nous s’étaient
plantés dans leur analyse.
Il a saigné à blanc le parti de Jean-Marie Le Pen. C’est la première bonne
nouvelle de ce premier tour. Je suis assez d’accord avec le vieux leader
frontiste lorsqu’il a affirmé du haut de sa tribune à la suite des
résultats : « Nous avons gagné la bataille des idées ». Seule
chose intéressante pour eux, ils peuvent à présent visualiser avec exactitude
leur socle d’adhésion qui tourne autour de 10% et préparer la succession de
leur leader.
La seconde bonne nouvelle vient de François Bayrou. Plaise
au ciel qu’il arrive à contenir ses cadres pour qu’ils ne soient pas tentés de
vendre leur âme au diable et qu’ils patientent jusqu’au troisième tour de cette
élection, c’est-à-dire aux législatives, pour construire un nouveau groupe
parlementaire qui débouchera sur un avenir nouveau et un nouveau parti : seules
possibilités de préparer l’alternance à la période ultralibérale qui se
profile.
Mais pendant cinq ans, il va falloir apprendre à marcher en apnée.
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