Le dévissage... du vote utile
Indignés !!!
Il se passe quelque chose d'étrange en cette dernière semaine de campagne électorale présidentielle.
Entendons-nous bien : Les tendances lourdes étaient déjà bien identifiées par contre on se demandait bien comment la mayonnaise pourrait prendre, comment les injonctions des instituts de sondage relayées par les médias (chiens de garde du système bipartisan) allaient pouvoir être contournées, voire simplement ignorées et jetées à la poubelle.
Petit retour en arrière : les tendances lourdes. Le dogme ultralibéral a ravagé une bonne partie des économies du monde. La France, attachée à son système de protection sociale issu du programme du Conseil National de la Résistance a longtemps résisté aux coups de boutoir des « Chicago boys », quitte à être traitée de rétrograde et passéiste par les nouveaux chiens de garde. Un fossé s'est ainsi creusé entre des élites parisiennes et le peuple méprisé car en France les élites trahissent le peuple à intervalles réguliers et le peuple se rebelle à intervalles non moins réguliers contre ces trahisons.
Le premier sursaut démocratique s'est produit en 2005 quand le peuple français a rejeté à 55% des voix le Traité pour la Constitution Européenne. Coup de tonnerre médiatique car les chiens de garde avaient failli à leur mission, et ils n'en tirèrent aucune leçon. Bien au contraire, ils s'aveuglèrent lors de l'élection de Sarkozy en 2007 dont il faudra un jour, avec le recul du temps, bien analyser les ressorts.
Toujours est-il que dans la foulée de cette élection d'un homme se revendiquant du camp ultralibéral, le système bipartisan (UMP + PS + les chiens de garde) trahit le peuple sans vergogne en adoptant le traité de Lisbonne, consolidant ainsi la ligne de fracture qui allait dessiner les véritables enjeux de l'élection actuelle, d'autant plus qu'entre temps la crise du capitalisme et la potion amère imposée aux Grecs avaient dévoiler les tenants et les aboutissants de ce système au yeux du grand nombre. Parallèlement, l'éducation populaire en matière d'économie se propageait rapidement, grâce à de nombreux acteurs.
Mais comment ces tendances lourdes pouvaient-elles se mettre en action concrètement ? On ne le voyait pas bien venir tant la pression sondagière et médiatique semblait maintenir le couvercle sur la marmite... jusque dans ces derniers jours où la cristallisation se fait.
D'abord la campagne. Comme en 2005, les analyses et les projets politiques viennent des opposants au système, tandis que les adoubés d'avance (UMP, PS, Modem) n'abordaient que des questions superficielles afin d'éviter de traiter du fond pour lequel ils sont de connivence. Et les médias relayent. Mais comme en 2005, il y a internet qui permet d'échanger des analyses et des idées et par là-même de contourner le niche des chiens de garde. Comble de malchance pour eux, à deux semaines du premier tour, les « petits candidats » entrent dans la danse médiatique officielle et, à égalité de parole avec les autres, apportent tous leurs critiques du système et leurs analyses, enrichissant ainsi le débat et apportant d'autres arguments.
Et du côté des puissants ? Pas de débat politique, pas d'argumentaire autre que de tactique électorale : votez utile ! Refus de confronter leurs arguments à ceux des « petits ». Et les chiens de garde qui nous disent donc que cette campagne est molle alors que sur internet elle fait feux de tous bois.
Et que se passe-t-il aujourd'hui ? Le candidat président dévisse. Son camp n'y croit plus, ses électeurs n'y croient plus. Du coup l'argument du vote utile à droite tombe, que dis-je tombe ? s'écroule brutalement. Ainsi, les électeurs de droite retrouvent la liberté d'exprimer leur opinion ou leur colère. Ce dévissage du candidat à se réélection provoque l'effondrement de l'argument du vote utile à gauche, d'autant que le candidat qui porte ce gonfanon n'a rien enthousiasmant.
A cinq jours du premier tour, la volatilité n'a jamais été aussi importante, pas même en 2005 où la cristallisation s'était faite deux semaines avant le vote. Habituellement, dans une élection présidentielle, les tendances se dessinent un mois à 6 semaines avant le vote. Rien cette fois-ci !
Ce qui me semble évident aujourd'hui, c'est que jamais peut-être, les électrices et les électeurs ne se sentis autant libres de leur choix avant une élection présidentielle. Toutes les injonctions sondagières ont échouées.
Je prédis d'ENORMES surprises pour ce premier tour, et pas uniquement pour les candidats crédités de plus de 10%. Ils pourrait également y avoir des scores inattendus pour les « petits candidats ».
En 2011, les Espagnols se sont indignés, à l'instar d'autres peuples dans le monde et en Europe, mais pas les Français. En 2012, le peuple français qui était resté calme va s'indigner dans les urnes. Tous les indicateurs sont là qui le font penser.
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