Le Front se dégarnit
Serait-ce le vrai début de la fin pour le parti de Jean-Marie Le Pen ? Depuis le premier tour de l’élection présidentielle 2007, force est de constater que l’influence du FN sur la scène politique nationale s’est amenuisée comme peau de chagrin. Entre érosion des voix et quelques difficultés financières, c’est au moins une longue traversée du désert qui s’annonce.
Au soir du 21 avril 2002, la présence de Jean-Marie Le Pen au second tour de l’élection présidentielle fait grand bruit. Le leader frontiste évoque alors le début d’une vague FN qui devrait amener le parti dans les hautes sphères du pouvoir.
Six ans plus tard, les choses ont quelque peu changé. Les 11 % (un peu moins même) récoltés à la dernière présidentielle ont amorcé ce déclin, avec de nombreux dommages collatéraux. Et notamment d’un point de vue financier. Car une campagne présidentielle, ça coûte cher... Alors, pour faire face à ces problèmes, on vend ses bijoux de famille, même si ça fait mal.
Première étape : la mise en vente du Paquebot, le siège du parti frontiste à Saint-Cloud. La vente du navire amiral d’un FN qui n’a plus le vent en poupe devrait ramener une vingtaine de millions d’euros au parti. Une bonne chose puisque la dette estimée à cette date était de neuf millions. Mais cela ne suffit pas à démoraliser Le Pen, qui déclarait l’été dernier : "J’ai toujours dit que l’on pouvait faire de la politique dans une chambre de bonne. Et puis la force du Front national, contrairement à d’autres, n’a jamais été ses structures. Ce qui a fait la force du FN et fera sa force demain, ce sont ses électeurs et le lien de confiance tissé entre nous."
Il faut bien essayer de sauver les apparences... si ce n’est pas déjà trop tard. Oui, mais voilà, depuis cette vente, le FN n’a pas refait surface. Alors, après le paquebot, c’est l’auto qu’il faut vendre. Et puis, comme à 79 ans, on peut toujours être à la page, Jean-Marie Le Pen effectue son retour aux affaires sur le net en vendant son ancienne voiture blindée. Une enchère réservée aux personnes sérieuses, l’annonce mentionnant "plaisantins, s’abstenir". Un avertissement qui n’a pas suffi, puisque quelques heures après la mise en vente, les enchères ont grimpé jusqu’à 10 millions d’euros. Les enchérisseurs sont donc des farceurs. Le compteur ont été remis à 1 euro à plusieurs reprises. Mais rien n’y a fait. Conséquence : le vendeur du Front national demande désormais aux acheteurs de le contacter directement pour confirmer une enchère.
Comme on peut le voir, les finances ne sont donc pas forcément au beau fixe. Mais ce n’est peut-être pas le plus inquiétant pour le FN. Pour son traditionnel défilé du 1er mai, le parti frontiste n’a attiré que 1 450 sympathisants contre 4 000 l’an dernier selon la police (certes, on grimpe à 6 000 selon les organisateurs). Ces derniers chiffres sont sans doute plus révélateurs de la désaffection dont est "victime" le FN. La faute notamment à Nicolas Sarkozy qui a su attirer un certain nombre d’anciens électeurs du FN. Un Nicolas Sarkozy que Le Pen a d’ailleurs longuement fustigé dans son allocution du 1er mai, annonçant que la France était "au bord de la faillite". Cela sera-t-il suffisant pour redynamiser ses troupes. Pas sûr...
Alors quel avenir pour le FN ? Sans doute pas une "fin définitive", mais tout au moins la fin d’une ère... que l’on annonce depuis de nombreuses années déjà. On sait que Jean-Marie Le Pen a toujours aimé jouer à Calimero, par exemple quand il n’arrive pas à recueillir les 500 signatures nécessaires à sa présence aux présidentielles. Mais, dans le cas présent, les difficultés financières sont autrement plus sérieuses. La succession à venir de Jean-Marie Le Pen marquera donc un tournant décisif pour le parti. Le Pen junior, Carl Lang ou un autre... cette succession n’est pas encore acquise.
D’ici là, Jean-Marie Le Pen essaiera peut-être d’occuper l’espace par les médias pour faire son retour. La mise en vente de sa 605 (comme par hasard à la veille du 1er mai) en faisait déjà partie. L’une de ses dernières phrases "choc" était probablement une autre "étape", lui qui a déclaré au Nouvel Obs que "le succès des Ch’tis c’est la décadence de l’esprit". Pas sûr que ce soit la bonne méthode pour reconquérir les siens. Seul l’avenir le dira...
22 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON