Le gouvernement rattrapé par la réforme de la fiscalité
Au pied du mur d'une grogne fiscale contagieuse, l'exécutif a choisi la contre-attaque en annonçant une remise à plat globale de la fiscalité. Le paradoxe, c'est que ce chantier dont l'ampleur et la complexité technique a fait reculer bien des gouvernements soit ouvert par un exécutif politiquement très affaibli. Le pire serait sans doute que ce ne soit qu'une promesse de Gascon destinée à gagner du temps ou, que la grande réforme promise n'accouche que d'une souris.

Dans l'immédiat, c'est un beau coup politique que vient de jouer l'exécutif. Il permet d'offrir une bouffée d'oxygène à un gouvernement asphyxié et de redonner des couleurs à un Premier ministre moribond qui gagne ainsi les quelques mois de longévité nécessaires pour attendre le résultat des municipales et des européennes. Deux scrutins annoncés comme très difficiles et qui mécaniquement devraient donner lieu à un remaniement.
Rien pour autant ne peut garantir le succès de la manœuvre tant le climat social du pays s'est dégradé. Tout dépendra de la façon dont le gouvernement passera le cap du 1er janvier 2014 et de ses multiples hausses de TVA.
En réinstaurant des discussions avec les partenaires syndicaux et économiques, l'exécutif en profite pour tenter de redonner la main aux fameux corps intermédiaires. Une façon également habile de circonscrire les mouvements catégoriels ou les agrégats de mécontentements spontanés, insaisissables car sans structure avec lesquelles négocier.
Pour autant, réformer la fiscalité, ce n'est pas conduire les grandes réformes structurelles qui conduiront à moins de dépenses publiques. C'est certes rendre plus acceptable, car plus justes, des niveaux de prélèvements très élevés, c'est au mieux stabiliser ceux-ci le temps que la croissance revienne.
Ainsi, si Thomas Piketty se félicite, avec prudence, dans les colonnes du Monde de l'annonce de Jean-Marc Ayrault il partage avec beaucoup d'autres économistes le sentiment que les impôts ont été trop fortement augmentés depuis la fin du quinquennat de Nicolas Sarkozy. C'est donc toute l'architecture des dépenses publiques du pays qu'il convient de revoir. Le chantier est titanesque. Il faudra un peu plus qu'un Premier ministre en sursis pour le mener à bien.
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