Le handicap des « commandeurs »
Qu’il y ait une lutte pour la direction de l’UMP, rien de plus normal. Une formation politique ne peut se passer de ces épisodes. Les fariboles autour des directions « collectives » ou « tournantes » ont fait long feu. Bien sûr le vainqueur doit tenir compte des autres « courants », organiser l’expression la plus libre possible, mais le pouvoir ici comme ailleurs ne se partage pas vraiment ou au risque de l’inefficacité et de la cacophonie. Ces épisodes de « sélection » ont été vécus ailleurs, au PS en particulier, sans compromettre la victoire finale du désigné. Il n’y aurait donc pas de remarques particulières à faire sur la compétition entre Fillon et Copé. Il y a d’autres postulants, mais on peut penser raisonnablement que c’est entre ces deux la que les choses se joueront.
Ils ont l’un et l’autre des raisons logiques de postuler. Fillon a été pendant 5 ans, la longévité est rare, le premier Ministre du Président sortant et Copé a assumé la gestion du parti majoritaire de l’époque, tâche difficile dans le contexte. Copé avait d’ailleurs quelque peu forcé la main du pouvoir pour prendre ce poste, ce qui laisse penser qu’il envisageait déjà à la suite. En dépit de ses propres ambitions personnelles, personne ne pourra dire qu’il a « savonné la planche » sous les pieds de l’hôte de l’Elysée d’alors. Tout comme Fillon d’ailleurs, qui a su resté parfaitement discret à Matignon, ne s’attardant pas médiatiquement sur ses divergences avec le « château » Il est notable que dans la course pour le leadership de l’UMP, aucun des candidats avoués ne se hasarde à une critique acerbe ou simplement « mouchetée » sur la « session » Sarkozy. C’est même au contraire à celui qui se fera le plus grand défenseur posthume du retraité du Cap Nègre : en substance ou presque « plus sarkozyste que moi tu meurs … » Nous touchons là l’écueil du processus qui s’engage. Contrairement à ce que l’on peut lire ici ou là, Sarkozy c’est fini. Nous ne vivons plus dans les années 70-80. La vie politique s’accélère et le temps ou l’Elysée pouvait succéder à « l’Observatoire » est révolu. Giscard a longtemps cru qu’il pourrait faire un come-back, on en connaît l’illusion. Pourquoi un écueil ? Simplement parce que ce n’est plus par rapport à Sarkozy que les leaders potentiels de la droite doivent se référer, mais par rapport à un nouveau projet, une nouvelle vision, surtout une nouvelle manière de promouvoir une ambition renouvelée pour la France. En ce sens la « présence » abstraite de Sarkozy dans la recherche d’une nouvelle direction à l’UMP est un handicap : à l’image de Mitterrand pour le PS pendant des années. Les "commandeurs" sont un handicap.
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