Le MoDem joue sa carte verte
Rédactrice sur Agoravox, ancienne ministre et candidate à la présidentielle 2007, cela n’est déjà pas chose courante, mais Corinne Lepage est aussi avocate. Elle vient de remporter un brillant succès dans le procès Erika, une première en France !
![](http://www.agoravox.fr/local/cache-vignettes/L150xH100/blog_lepage-2845f.jpg)
Investie par l’état-major du Mouvement démocrate pour l’élection municipale dans le 12e arrondissement, Corinne Lepage sort d’une victoire judiciaire historique, celle du procès Erika qui a fait condamner le groupe Total à payer 192 millions d’euros au titre du préjudice écologique. Corinne Lepage avait déjà gagné le procès de l’Amoco-Cadiz en 1978. Aujourd’hui, elle joue la carte verte du MoDem à Paris dont il se trouve que la devise est "Fluctuat nec mergitur" ("vogue sans jamais être submergé") ! Cette ancienne ministre de l’Environnement est une carte sérieuse pour le MoDem et pour la ville de Paris où l’air devient irrespirable. La candidate a d’ailleurs un petit-fils de 6 mois qui est déjà suivi en séances de kiné respiratoire à cause de ce problème, c’est dire si elle est doublement sensibilisée.
Ecologiste depuis les années 70, Corinne Lepage s’exprime régulièrement et sans excès de médiatisation sur son sujet favori. D’abord, en sa qualité de personne missionnée par Jean-Louis Borloo pour assurer la "gouvernance écologique". Il s’agit de proposer une "traduction juridique des orientations du Grenelle de l’environnement concernant l’information, l’expertise, la responsabilité et l’accès à la justice", puis de faire des propositions dans ce domaine fin mars, dans la perspective de la présidence française de l’Union européenne.
En janvier 2008, elle a annoncé avoir remis au ministre de l’Ecologie, Jean-Louis Borloo, un rapport d’étape concernant sa mission de "gouvernance écologique". Ce rapport évoque dix mesures-phares pour éviter l’échouage, dont la création de délits "de délinquance écologique" et "de rétention d’information en matière environnementale", ainsi que l’instauration de "dommages et intérêts punitifs". Il préconise aussi la mise en place d’une "Haute Autorité de l’expertise en sécurité sanitaire et environnementale".
Le rapport d’étape de Mme Lepage s’appuie sur l’engagement de Nicolas Sarkozy dans son discours du 25 octobre 2007 : "Nous allons donc créer un droit à la transparence totale des informations environnementales et de l’expertise, avait affirmé le président de la République. Toutes les données, sans exception, seront désormais communicables, y compris sur le nucléaire et les OGM. Les seules limites seront le secret de la vie privée - beaucoup à faire dans ce domaine -, la sécurité nationale et les secrets industriels." Sur cette base, elle pose ces questions : les études toxicologiques sur les organismes génétiquement modifiés (OGM) seront-elles ouvertes aux experts indépendants ? Le dossier de sécurité du réacteur nucléaire EPR sera-t-il transparent ? Les dangers des relais téléphoniques et des bornes Wi-Fi seront-ils discutés sans contraintes ?
Européenne convaincue, Corinne Lepage est pour l’application de la réglementation communautaire en matière d’environnement. Ce serait déjà un premier pas. La question des OGM est à aborder aussi sous l’angle européen : "Il faut bien voir que la question des OGM est a minima une question européenne et qu’un certain nombre de pays d’Europe ont d’ores et déjà décidé qu’il n’y en aurait pas chez eux, de manière ouverte, comme l’Autriche, ou de manière beaucoup plus feutrée mais tout à fait efficace, comme l’Angleterre" (au journal Le Monde le 1er octobre 2007).
Les industriels des OGM et pesticides veillent parfois en véritables lobbies. Là aussi, Corinne Lepage recommande de regarder chez nos voisins, en particulier les Suédois qui ont réduit l’usage des pesticides de 70 % sans, évidemment, que l’agriculture suédoise périclite. "Concernant les OGM, je pense qu’il est plus qu’urgent de souligner que les OGM qui existent sont des OGM pesticides ou tolérants aux herbicides, c’est-à-dire qu’ils permettent d’utiliser davantage d’herbicides. La question des pesticides reste donc entièrement posée, voire accrue avec les OGM" (idem).
Mais l’actualité des deux semaines à venir, ce sont les élections municipales. Corinne Le page parviendra-t-elle à se maintenir pour le second tour ? C’est possible, les sondages la créditent d’environ 10 % des intentions de vote (Ifop début février). On voudrait qu’elle atteigne le cap des 21 ! Mais 10 %, cela permettrait déjà de jouer au deuxième tour le rôle de vigie verte. Une personne de sa compétence n’étant pas de trop pour la gouvernance écologique de la capitale.
La Taverne des Poètes (adhérent du MoDem)
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