Le Mouvement démocrate de François Bayrou sera, de 2007 à 2012, le PSU de Michel Rocard
Le Mouvement Démocrate comptabiliserait 70.000 pré-adhésions. Un grand rassemblement aura lieu le jeudi 24 mai au Zénith de Paris où les candidats aux législatives seront présentés aux adhérents. Les sondages créditent le parti de François Bayrou de 0 à 4 députés. Et si ce parti était contraint d’être uniquement un laboratoire d’idées jusqu’en 2012, une espèce de bouillon de culture politique ?
Je vais vous conter une histoire (toutes ressemblances avec la réalité n’est pas le fruit du hasard) : en avril 1960, le Parti socialiste autonome, composé de dissidents de la SFIO, l’Union de la Gauche autonome, créée par des chrétiens de gauche et un groupe dissident du PCF, créaient le PSU.
Peu de points communs entre ces trois entités sauf leur opposition à la guerre d’Algérie et au « ralliement » de la SFIO au gaullisme en 1958. Au congrès constitutif 30.000 adhérents sont revendiqués par le PSU, qui a obtenu l’adhésion du référent Pierre Mendès-France. Enclavé entre le PCF et la FGDS, ce parti n’arrivait pas à se positionner clairement sur l’échiquier politique et à trouver des électeurs. En 1967, la prise en main du parti par Michel Rocard va conduire ce dernier à obtenir en juin 1969 un score de 3,61% ; en 1972 le PSU n’adhère pas à l’union de la gauche, Michel Rocard devient un éléphant de la gauche.
Ce parti n’a jamais réussi à s’imposer chez les électeurs mais il a été un véritable club de réflexion : des intellectuels d’envergure y collaboraient, Pierre Vidal-Naquet, Emmanuel Le Roy-Ladurie. En 1989, le PSU est dissous.
En mai 2007, des militants de l’UDF sous la présidence de François Bayrou décident de créer le Mouvement démocrate pour y accueillir des militants du centre gauche, du centre droit, des Verts et en général tous les citoyens qui veulent briser la lutte stérile entre la droite et la gauche.
70.000 pré-adhérents seraient inscrits sur le site de François Bayrou, ce qui est un chiffre important mais les sondages donnent de 0 à 4, voire au maximum 8 députés. Si cette hypothèse se vérifiait lors des élections de juin, cela entraînerait pour le MoDem de ne pas avoir de groupe parlementaire. Sur le plan pratique c’est n’avoir aucun poids sur le plan juridique, matériel, à l’Assemblée nationale : c’est la mort lente, voire l’avortement. Ce parti, sans élus, ne peut prétendre influer sur la vie politique, seules ses idées, ses suggestions peuvent permettre aux adhérents de cristalliser leurs énergies autour de François Bayrou.
Ce dernier a eu une couverture médiatique importante lors des présidentielles, il a même volé la vedette aux deux finalistes entre les deux tours. Une fois les élections législatives passées, les premières mesures gouvernementales étant prises, il sera complètement écarté des médias.
Le Mouvement démocrate pour vivre jusqu’en 2012 devra être un laboratoire d’idées, une force de réflexion, de rénovation. Le MoDem devra jouer un rôle de pédagogue pour démontrer aux Français qu’une troisième force peut exister et gouverner. (François Bayrou est conscient de cette situation et a déclaré, à l’émission France Europe Express, que la politique ne se faisait pas qu’à l’Assemblée nationale.
C’est ce laboratoire de réflexion (avec notamment des hauts fonctionnaires proches du PS) qui rappelle les débuts du PSU de Michel Rocard. Le MoDem aura certainement un recrutement moins « intello » que le PSU qui avait un effectif plus proche d’un club de réflexion que d’un parti politique.
Le PSU a fondu dans le PS, le MoDem en 2012 ira-t-il vers les deux partis bipolaires PS-UMP ou au contraire absorbera-t-il des membres de ces deux entités ?
On peut en douter, en effet, Nicolas Sarkozy a créé une ouverture importante vers les UDF et même la gauche. Le PS, une fois les élections législatives passées, va grandement se restructurer. DSK a lancé un véritable cri d’alarme, Hollande est très contesté en ses fonctions de premier secrétaire national, après tant d’échecs électoraux, la gauche de la gauche sera laminée après les élections législatives avec la complicité du PS : les partis vont se restructurer. Le centre, qui est en reconstruction, va être très sollicité tant par le PS que l’UMP.
François Bayrou risque d’avoir un parti type PSU et avoir un rôle identique à celui de Michel Rocard : une référence, une autorité morale, un capital sympathie très fort. Pourra-t-il rebondir en 2012 et renouveler cet engouement : ? François Bayrou aurait dit, en 2002, qu’il aurait un score à un chiffre (6%), en 2007 à deux chiffres (18,6%) et en 2012, l’élection. A suivre !
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