Le Parti Socialiste doit revoir ses méthodes de recrutement
On peut légitiment se poser des questions sur la manière dont le PS recrute ses cadres de hauts niveaux, voir ses ministres. L’affaire Cahuzac est exemplaire, mais il n’est pas le seul dont on peut se demander ce qu’ils faisaient au PS. Les Bernard Kouchner, Fadela Amara, Eric Besson… en sont d’autres exemples.

Les anciens traitres.
On n’a pas oublié le passage à droite d’Eric Besson, anciennement secrétaire à l’économie du parti Socialiste, qui avait fait la campagne de Ségolène Royal et qui passe avec armes et bagages chez Sarkozy comme secrétaire d’Etat chargé de la Prospective, de l’Evaluation des politiques publiques et du Développement de l’économie numérique. L’inénarrable Kouchner avait fait de même pour un plat de lentilles… d’autres ont aussi bien trahi comme Jacques Attali… qui virevolte de la gauche à la droite et réciproquement. Bref tout ce petit monde est un véritable Bazard où le militant du PS a du mal à se retrouver.
Est-ce vraiment indécent d’exiger que la direction du parti socialiste exerce un droit de contrôle sur les personnes auxquelles elle confie des clefs importantes du parti et de sa stratégie politique ? La réponse est non…. Et le PS, comme le gouvernement, a des comptes à rendre désormais… on ne peut laisser la république poignardée dans le dos sans réagir, car c’est bien de cela qu’il s’agit lorsqu’un ministre du budget possède un compte dans des paradis fiscaux, qu’il dissimule au fisc, sa propre administration.
L’attaque contre les institutions démocratique est sévère, le mal est désormais profond. Il n’est pas possible de se contenter de mesurettes et de messages d’indignation. Le défi à relever est de taille pour le président, comme pour le gouvernement et le parti socialiste majoritaire dans les deux assemblées.
Les nouveaux traitres.
Les éléments d’information sur Jérôme Cahuzac font froid dans le dos rétroactivement. Outre le mensonge avoué, cet homme a fréquenté les milieux d’extrêmes droites avec lesquels il a fait affaire. C’est philippe Péninque, conseiller de Marine le Pen (Front national) qui a ouvert le compte suisse de M. Cahuzac. Le journal le Monde nous renseigne sur le fait que ce dernier aurait fait affaire avec un groupe d’avocats lié aux milieux d’extrêmes droite : Philippe Péninque, Jean-Pierre Emiè, auquel s’ajoute un ancien du GUD (Mouvement étudiant d’extrême droite), agent sportif, Christophe Courréges. Ensemble ils opèrent des placements financiers dans des mines d’argent au Pérou au début des années 1990, par l’entremise d’une SCI La Rumine. Une partie des ces bénéfices serait allé alimenter le compte suisse de M. Cahuzac.
Cela fait beaucoup… en outre le Monde nous informe aussi sur le fait qu’Alain Bauer, figure connue de la Rocardie, du renseignement et de la Franc maçonnerie, proche de Nicolas Sarkozy était informé de la situation de M. Cahuzac début décembre 2012. Très proche de Manuel Valls et de Stéphane Fouks, on imagine qu’il a du échanger avec eux cette information. Or Manuel Valls est Ministre de l’Intérieur et Stephane Fouks, patron d’Havas World Wide (ex EuroRSG), est celui qui conseille la communication de crise de Jérôme Cahuzac.
Ces informations, outre qu’elles troublent la communication du gouvernement sur le thème : nous ne savions rien, mouille aussi l’ex-président Nicolas Sarkozy qui a nommé Jérôme Cahuzac à la présidence de la commission des finances de l’Assemblée nationale, en connaissance de cause sur la rumeur qui courait déjà.
Cela fait beaucoup de monde au courant…on nous prend un peu pour des imbéciles. Et l’on comprend l’insistance de Médiapart à demander encore des comptes au gouvernement sur qui savait et quand ?
A cela s’ajoute désormais, le fond de la piscine du PS est plus proche des grandes fosses de l’océan que celle de Mougins, l’affaire Jean-Jacques Augier impliqué dans les paradis fiscaux révélée par le Monde ce matin et ancien trésorier de campagne de François Hollande. Polytechnicien et énarque de la promotion Voltaire, celui-ci a fait fortune dans le sillage d’André Rousselet, l’ami et le directeur de cabinet de François Mitterrand en 1981.
Un remaniement d’ampleur.
Dans ces conditions, François Hollande n’échappera pas à la nécessité de remanier, et de remanier en profondeur son gouvernement s’il veut avoir une chance de sortir de ce trou abyssal dans lequel il est actuellement plongé. Il ne peut que faire entrer au gouvernement des personnalités nouvelles et fortes du PS dont évidement Martine Aubry (62 ans), même si cette dernière vient d’annoncer : "La question ne se pose pas." "Je ne ronge pas mon frein, je suis ravie d'être à Lille, ravie d'être présidente de la métropole."Son image et son potentiel à gauche sont importants. Même contestée, entre autre sur les 35 heures, elle reste une personnalité du monde politique respectée et très écoutée.
Sont potentiellement attendus aussi, Ségolène Royal (59 ans), ex-candidate du PS à la présidentielle qui dispose d’un capital confiance, en particulier dans les milieux populaires, bien mis à l’épreuve aujourd’hui, on pourrait imaginer le retour de Lionel Jospin, âgé cependant de 75 ans, qui a laissé un souvenir de son passage comme Premier Ministre d’efficacité et de morale. Il pourrait se sacrifier si on le lui demandait. Un ancien premier ministre, une ancienne première secrétaire et une ex-candidate à la présidentielle accepteraient-ils tous de se ranger sous la bannière d’un premier ministre qui pourrait être Manuel Valls, ministre le plus populaire du gouvernement ? Celui-ci a été le conseiller de Jospin en communication à Matignon et un membre actif de la direction de campagne de Ségolène Royal.
D’autres encore sont disponibles et en capacité de donner le sursaut politique dont a bien besoin François Hollande. Bertrand Delanoë (62 ans), le futur ex maire de Paris et surtout très populaire dans l’opinion, pourrait faire aussi son entrée au gouvernement, avec aussi l’expertise largement reconnue d’un Louis Gallois (69 ans) dans l’industrie et l’économie, ex-membre de cabinet sous la gauche, ex-patron de la SNCF et d’EADS. Louis Schweitzer (70 ans) au même parcours, exemplaire, ex-PDG de Renault, apporterait la confiance des milieux économiques. Certes ils ne sont plus jeunes, mais à un moment où tout pousse à prolonger l’âge de départ à la retraite, ils pourraient en incarner à la fois la nécessité et l’efficacité.
Du côté des grands élus il y a aussi Gérard Collomb (65 ans), présentement maire de Lyon qui pourrait participer à cet élan, d’autres encore pourraient fournir à François Hollande un gouvernement de choc et de combat à la hauteur des épreuves et des défis d’aujourd’hui.
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