Le passé et les « pirouettes » peuvent-ils suffire ?
La convention du PS vendredi dernier ne réservait aucune surprise. Elle sacrifiait à la symbolique et voulait donner une tonalité solennelle aux résultats enregistrés par la primaire « citoyenne » du dimanche précédent. Elle a cependant permis d’entendre le premier véritable discours du candidat des socialistes aux élections présidentielles.
Dans sa longue péroraison, plus d' 1h10, François Hollande n’a oublié aucun des 5 autres compétiteurs moins chanceux avec des accents sensiblement différents et parfois humoristiques. Ainsi les quelques mots réservés à Manuel Valls : « Manuel, ce représentant d’une jeunesse qui ne durera pas et tellement soucieux d’exercer des responsabilités … », n'étaient pas prononcés sans malice, tout en datant le candidat. François Hollande ne s’épargne pas lui-même quand il déclare, saluant le succès des primaires, que certain plutôt sceptique « ne pensait pas en être un jour le bénéficiaire » ; côté humour, il n'est pas sans talents. Les citations empruntées à l’adversaire historique pour l’opposer à celui d’aujourd’hui ne nous surprendront guère plus ; elles deviennent très "tendance". Nicolas Sarkozy citant Jaurès ne pourra guère en vouloir à François Hollande d'évoquer de Gaulle pour l’opposer aux contempteurs du « rêve » François Hollande n’a cessé d’appuyer sur l’histoire pour lui glorieuse des socialistes en appelant à toutes les mânes disponibles, celles des disparus ou pas encore tout à fait froids. Même Edith Cresson ne fut pas oubliée, Rocard, Jospin, Delors et bien sûr Mitterrand et Mendès France ... : "la France des illustres" [...] "sans oublier tous les autres". Il n’y a effectivement aucune raison de négliger qui que ce soit et de Gaulle passera plusieurs fois dans la péroraison. Il n'est pas certain que la jeunesse, qu'il veut par ailleurs séduire, soit très sensible à ces évocations appuyées, itératives et pour tout dire assez "décalées". Il ne peut cependant pas éviter d'entrer dans les réalités du moment, dans la description d’une crise « terrible » et la reconnaissance d’une Europe très majoritairement à droite. Les arguments qu’il met en avant deviennent alors totalement réversibles et pourraient très facilement lui être retournés pour étayer les propres difficultés qui seraient les siennes en face des "réalités décrites" et avec de tels partenaires. Alors, il fait filer le temps -il se plaît beaucoup sur une tribune- avec des descriptions apocalyptiques, des pirouettes faciles, des considérations périphériques sans véritablement aborder le fond ni définir ses solutions. Ce type d'exercice pourra-t-il encore séduire longtemps ? Ne lassera-t-il pas très vite ? Il est certain que le néo-désigné du PS était en face d’un public de militants et qu’il a sacrifié à un rituel de militants qui ne peut donner véritablement la tonalité de sa campagne à venir. Mais il est certain également que s’il en restait à ces tautologies, il serait sans doute un peu court. L'évocation du passé, l'humour vis-à-vis des grands sujets, le rêve pour les jeunes, associés aux pirouettes et au rire seront-ils suffisants ?
Plus important à mes yeux, les évocations Européennes n'apportent rien sur le fond et de surcroit ne s'appuient que sur un succès du SPD allemand en 2013 ! François Hollande avoue qu'il ne pourra pas faire grand chose avec Angela Merkel. Il faudrait donc que les socialistes gagnent partout en Europe pour que cette UE mal construite, et qu'il ne renie d'aucune manière, puisse se redresser : en ce sens , effectivement Hollande propose "le rêve" et pratique un déni de réalités.
A ce propos, l'Europe, certains commencent à rendre hommage à la vision de Philippe Séguin :
« Cette Europe (ndlr : celle que l'on veut nous imposer) est une Europe à vocation fédérale. L’expression figurait dans le texte de base. Vous avez choisi de le retirer pour n’effrayer personne. C’était la cerise sur le gâteau. Vous avez enlevé la cerise mais le gâteau est toujours là ! ». Quelques mois plus tard, face à François Mitterrand, Philippe Séguin récidivait. Il rappelait que la monnaie unique ne pourrait pas fonctionner si elle n’était pas assise sur un Etat fédéral et le Président niait, remportant, de l’avis de tous les « gens intelligents », ce fameux débat à la Sorbonne." Lire l'article dans son intégralité
Décidément Jean-Luc Mélenchon va pouvoir s'en donner à coeur joie.
"Il ne faut pas refaire aujourd'hui les combats d'hier [...] La crise nous impose de tout reconstruire, mais nous ne sommes pas seuls et il faut convaincre" ...
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