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Le PCF prépare son 36ème congrès

Le 36ème congrès du PCF aura lieu début février. En attendant, vendredi et samedi 14 et 15 décembre, trois "textes alternatifs", tous issus de l'aile gauche du parti, affrontent le texte proposé par la direction. L'occasion de rappeler l'évolution du rapport de force interne au PCF depuis l'adoption du "pluralisme" au 31ème congrès et de se pencher sur les enjeux du résultat pour l'orientation stratégique au sein du Front de Gauche.

En prévision du prochain congrès du PCF, qui aura lieu du 7 au 10 février, les militants du parti sont appelés aux urnes les 14 et 15 décembre pour déterminer quel texte constituera la base commune de discussion des différentes instances locales et nationale. En effet, comme il est d'usage depuis le 31ème congrès (2001), les militants ont la possibilité de déposer des textes alternatifs au texte proposé par la direction du parti. Depuis que cette possibilité est laissée aux militants, le texte de la direction du parti a toujours été adopté, avec néanmoins une majorité qui, quoique absolue, était systématiquement moindre qu'attendu par les observateurs. Qu'on en juge : 55,02% au 32ème congrès, 63,56% au 33ème et 60,90% au 34ème, là où l'on s'attendait à ce que 75% au moins des militants valident la ligne de la direction. Le 35ème congrès, "d'étape", n'a pas donné lieu à confrontation entre textes différents, le seul texte alternatif soumis à la direction ayant été présenté comme une simple "contribution" et la base commune ayant été amendée par les délégués eux-mêmes "ligne par ligne" au cours d'un processus qui a beaucoup fait jaser dans le parti.
En sus du texte de la direction, ce seront trois textes alternatifs qui seront proposés aux militants du PCF. Tous ces textes sont issus de l'aile gauche du parti.

Même s'il a officiellement renoncé au "centralisme démocratique" au milieu des années 1990, le PCF ne reconnaît pas de tendances en son sein, aussi il est assez délicat de déterminer avec précision qui est à l'origine de quelle initiative. Historiquement, depuis le début des années 1990, le parti était traversé par deux tendances minoritaires en son sein :
- les "orthodoxes", pour qui les réformes et réorientations du PCF sont la marques d'une dérive vers la sociale-démocratie et le réformisme, et qui souhaitent renouer avec l'héritage marxiste-léniniste du parti qui a eu par trop tendance à se détourner de la lutte des classes et des travailleurs
- les "refondateurs", pour qui les nouveaux modes de contestation du capitalisme que sont les milieux associatifs, les altermondialistes, etc, sont un vivier d'action militante vers lequel le PCF doit se tourner pour sortir des anciens paradigmes du marxisme, inadaptés au capitalisme contemporain

Lors du 32ème congrès, le premier pluraliste, les deux composantes minoritaires sont sensiblement équivalentes :
- le texte des "orthodoxes", qui unit la fédération du Pas-de-Calais (la plus importante), l'association "Gauche Communiste" (ou "Gauche Communiste du PCF") constituée autour de Jean-Jacques Karman et la FNARC (une association qui deviendra en 2004 le PRCF), obtient 23,60% des voix
- le texte des "refondateurs", quant à lui, obtient 21,38% des voix

Mais dès le 33ème congrès, la minorité "refondatrice" s'insère dans la majorité, et ne persistent que des textes alternatifs issus de la gauche du parti. Le texte commun de la fédération du Pas-de-Calais et de la Gauche Communiste était arrivé en tête des textes alternatifs, avec 13% des voix. La fédération du 15ème arrondissement de Paris, connue pour être particulièrement virulente à l'encontre du tournant "réformiste" du PCF, avait également déposé un texte alternatif, qui a recueilli 8% des voix. De son côté, Maxime Gremetz, alors député de la Ière circonscription de la Somme et point encore exclu du PCF, avait lui aussi déposé un texte alternatif, qui n'a recueilli que 4% des voix. Deux autres "propositions partielles", toutes deux issues de la gauche du parti, avaient recueilli plus de 11% des suffrages.
La division des "orthodoxes" entre différentes orientations et différentes attitudes à l'égard de la direction du PCF ne les empêche donc pas de réunir plus d'un tiers des suffrages des militants. C'est sur la base de ce succès qu'au congrès suivant une tentative d'union de l'aile gauche du parti derrière un texte alternatif commun a eu lieu. Gauche Communiste, fédérations du Pas-de-Calais et du XVème arrondissement de Paris et ce qu'il reste des amis de Maxime Gremetz s'entendent sur un texte commun : "Faire vivre et renforcer le PCF".
Mais de son côté, La Riposte, branche français de la Tendance Marxiste Internationale, un mouvement trotskyste international qui refuse la stratégie de "l'avant-garde révolutionnaire" de l'extrême-gauche, estime que les partis trotskystes tels que LO, la LCR (future NPA) ou le POI sont coupés du peuple et cherche à influencer de l'intérieur les partis communistes "classiques" là où ils existent (et les partis sociaux-démocrates là où il n'y a pas de parti communiste), présente également un texte.
Finalement, au 34ème congrès, les deux tendances de la branche gauche du parti recueillent près de 40% des voix : 24,02% pour le texte "Faire vivre et renforcer le PCF", autour duquel va se constituer un "courant" informel, et 15,05% pour le texte de La Riposte. Entre le 32ème et le 34ème congrès, l'assise interne de la gauche du parti a presque doublé, renforcée par le boycott des "refondateurs", dont les têtes d'affiche ne vont pas tarder, à l'instar des "rénovateurs" des années 1990, à rejoindre soit le PS soit Les Verts soit de petits mouvements de la gauche alternative.

La démarche du Front de Gauche menée à partir de l'année suivante va rencontrer de la part de l'aile gauche du parti une vive opposition, qui se manifestera tout au long des années 2009 à 2011. Néanmoins, lors du scrutin interne portant sur la stratégie à adopter pour l'élection présidentielle de 2012 (candidature Mélenchon au nom du Front de Gauche, candidature Chassaigne au nom du Front de Gauche ou candidature Dang Trang au nom du seul PCF, André Gerin ayant retiré sa candidature au dernier moment et Maxime Gremetz n'ayant pas déposé la sienne), le rapport de force demeure inchangé, la ligne de la direction (soutien à la candidature de Jean-Luc Mélenchon) étant soutenue par plus de 60% des militants. La candidature d'Emmanuel Dang Trang, seul candidat "orthodoxe", n'a pas réussi à réunir derrière elle les 40% de votes "orthodoxes" du 34ème congrès, loin s'en faut, car avec environ 5% des voix, elle est largement devancée par celle d'André Chassaigne qui recueille 35% des voix environ. Si André Chassaigne se situe clairement dans la ligne de la direction du PCF, le soutien apporté à sa candidature par la plupart des figures et des fédérations "orthodoxes" signale néanmoins qu'il leur aura servi à s'opposer au choix de la direction (et à l'option stratégique du Front de Gauche) sans pour autant apporter caution à la démarche maximaliste de la fédération du XVème arrondissement de Paris, dont Dang Trang est membre. Bien que considérer l'intégralité des 35% de votes en sa faveur comme ressortant de l'aile gauche du parti serait abusif, il est clair que la grande majorité des suffrages recueillis par la candidature d'André Chassaigne est à rattacher à cette démarche. Le rapport de force entre direction et aile gauche du parti demeure donc à ce moment-là de l'ordre de 60% contre 40%.
La très bonne campagne et le résultat plus qu'honorable (11,11%) de Jean-Luc Mélenchon à l'élection présidentielle de 2012 a néanmoins levé un certain nombre de préventions à l'endroit de la stratégie du Front de Gauche, y compris parmi les "orthodoxes". Aussi est-il fort possible que la gauche du parti ne réunisse pas autant de suffrages qu'au 34ème congrès.

Malgré la stratégie d'union de la gauche du PCF (à l'exception de La Riposte, qui continue sa route seule pour influencer le PCF de l'intérieur) après le succès de "Faire vivre et renforcer le PCF", l'intransigeance de la fédération du XVème arrondissement de Paris engendre la division, et cette dernière présente son propre texte, tandis que le reste des courants informels de "Faire vivre et renforcer le PCF", c'est-à-dire la fédération du Pas-de-Calais et la Gauche Communiste, présente un texte unitaire commun. Si la gauche du PCF recule bel et bien à l'occasion de ce congrès, il est possible qu'une nouvelle recomposition en son sein s'opère, les divergences stratégiques à l'égard de la direction et de la démarche du Front de Gauche, pour le moment dissimulées par la vocation unitaire du texte alternatif "Unir les communistes", pouvant alors surgir.

Mon pronostic personnel sur ce que seront les résultats de ce congrès :
Je pense que la gauche du PCF sera en léger recul, au-dessus de 30% des voix, et plus probablement autour de 35%. Pas un recul suffisant pour engendrer d'importantes recompositions dans la gauche du parti, mais suffisamment significatif pour motiver la direction à persister dans l'aventure du Front de Gauche. Pour ce qui est des textes, je pense que celui suscité par la fédération du XVème arrondissement de Paris et le courant informel Vive le PCF, "Un parti résolumment communiste", se situera sous la barre des 5% de suffrages. Le texte "Combattre l'austérité, en finir avec le capitalisme", dont La Riposte est à l'origine, pourrait selon moi obtenir environ deux fois plus de voix, autour de 10%. Mais c'est le texte initié par la majorité des anciens soutiens de "Faire vivre et renforcer le PCF" qui selon moi devrait être en tête des textes alternatifs, en réunissant je pense autour de 20% des voix.
Si le résultat se conforme à ce scénario, le rapport entre direction et aile gauche n'aura pas énormément bougé, mais au sein de l'aile gauche, c'est encore une fois la démarche de la fédération du Pas-de-Calais et de la Gauche Communiste qui remporterait l'adhésion. Le texte de La Riposte me semble être bien moins critique à l'endroit de la direction du PCF que ce fut le cas lors du 34ème congrès. D'une manière générale, l'opposition frontale à la stratégie du Front de Gauche n'est assumée que par la fédération du XVème arondissement de Paris. Si son texte fait un résultat de seulement 5% des voix ou moins, la question de l'opposition au Front de Gauche dans l'aile gauche du PCF sera je pense tranchée, les "orthodoxes" dans leur immense majorité se prononceront pour une poursuite du Front de Gauche mais avec l'exigence que le PCF y occupe le rôle le plus central. A terme, une entente pourrait être possible sur cette orientation stratégique entre une partie de la majorité et la majorité des "orthodoxes", sans effacer pour autant les divergences de fond. Cela serait une situation inédite depuis le 32ème congrès, car jusqu'à présent le désaccord de fond entre direction et aile gauche a systématiquement recouvert une divergence stratégique, au centre de laquelle se situait notamment jusqu'en 2009 la relation entretenue avec le PS.


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14 réactions à cet article    


  • JP94 15 décembre 2012 10:10

    Merci pour cette analyse .
    Toutefois , les résultats des dernières Législatives posent des questions ... internes et aussi dans les relations avec le PS , qui a une stratégie d’éradication du PCF et du FdG , confirmée aussi par les orientations politique et économique depuis son retour aux affaires , avec en plus à sa disposition le pouvoir politique à toutes les échelles en France .

    Ensuite , les résultats du FdG sont homogènes en France , mais en cela ils s’opposent aux scores historiques du PCF . C’est d’ailleurs une des caractéristiques du PCF d’avoir des scores très différenciés localement .

    Ce qui joue aussi est l’effet démographique : les militants se renouvellent et ceux qui assistent au Congrès sont choisis de plus en plus parmi les nouveaux .

    Enfin les résultats des partielles montrent que là où le PCF /FdG est aux commandes , il bénéficie d’un fort appui tandis que sinon il n’est pas audible et ne bénéficie pas du rejet du PS pour sa politique menée en dépit des aspirations populaires . Cela ne peut manquer d’interroger sur les stratégies à mener et l’identité politique du PCF , au moment où l’effet de la présidentielle s’estompe .


    • Brath-z Brath-z 15 décembre 2012 13:53

      En effet, même si c’est la question du Front de Gauche qui aujourd’hui structure la discussion autour des enjeux stratégiques, les relations avec le PS ne sont pas écartées pour autant. Les situations locales et la perspective des élections de 2014 renforcent d’ailleurs le questionnement quant à l’attitude du PS. Ceci-dit, soyons honnêtes : le PS n’a pas attendu le Front de Gauche pour avoir une attitude d’agression à l’endroit du PCF. Régionales de 2004, et surtout législatives de 2007 et municipales de 2008 avaient démontré spectaculairement sa volonté d’éradiquer la présence du PCF pour le forcer à être totalement inféodé au PS.
      La stratégie du Front de Gauche, d’ailleurs initiée par le PCF (appel en octobre 2008 à la gauche du PS pour faire liste commune du « non de gauche » aux européennes de 2009, avant même le départ de Mélenchon et Dolez pour fonder le PG), est précisément une réaction à cette attitude. Si les régionales de 2010 ont donné lieu à des divergences stratégiques locales importantes (la moitié des conseillers régionaux PCF ont été élus sur des listes du PS au premier tour), la double pression exercée par la pérennisation du Front de Gauche et par la gauche du PCF pour une autonomisation totale vis-à-vis du PS devrait rendre rares les divergences stratégiques majeures.

      Pour ce qui est de la relative homogénéité des résultats du Front de Gauche, elle est vraie au niveau départemental si on se fie au vote de l’élection présidentielle, mais d’une part elle n’est plus vraie si on regarde une autre échelle que le département (des cartes ont été produites par le géographe Christophe Guilluy prenant pour base le canton, par exemple, qui indiquent d’énormes disparités), et d’autre part, elle concerne également l’ensemble des candidats à l’élection présidentielle de 2012 (c’est même l’un des faits majeurs de cette élection : auparavant, seul le candidat FN obtenait des résultats sensiblement homogènes - même si la ligne de fracture est/ouest était présente -, tandis que c’est désormais devenu la norme).
      Pour les législatives, c’est déjà plus discutable.
      De plus, cette homogénéisation relative (existante néanmoins, même si moins spectaculaire qu’on le croirait en regardant les résultats au niveau départemental) a été la poursuite d’un phénomène entamé à l’occasion des élections cantonales de 2011 dans la moitié du pays. Les observateurs avaient déjà remarqué que globalement, le Front de Gauche n’avait progressé que dans les « terres de mission » du PCF, enregistrant même une très légère baisse (moins de 0,5 point) dans les « bastions communistes ». Mais malgré tout, cette progression du Front de Gauche dans les « terres de mission » du PCF n’y a pas fait monter les résultats au-dessus des « bastions communistes ». Globalement, la « ligne de force nord-sud » du PCF, qui passe par le Nord-Pas-de-Calais, l’Île-de-France, le Limousin et l’Auvergne et le Languedoc-Roussillon, demeure la ligne de force du vote Mélenchon en 2012.

      Une nuance néanmoins : alors que Jean-Luc Mélenchon y enregistre des résultats du même ordre qu’André Lajoinie en 1988 ou que Robert Hue en 1995 (les résultats de 2002 et 2007 seront passés sous silence, leur ordre de grandeur étant trop éloigné de celui de Mélenchon en 2012), les départements du Nord-Pas-de-Calais ne figurent plus dans le quartile le plus fort des départements ayant voté Mélenchon. Ils se retrouvent dans le deuxième voire le troisième quartile, tandis que l’Aquitaine, le Midi, le nord de la Provence et le Rhône, qui se situaient globalement plutôt dans le troisième quartile des départements, passent dans le deuxième. Ceci-dit, ce mouvement d’émergence d’une fracture nord/sud avait déjà débuté dès le milieu des années 1980, de même pour l’homogénéisation est/ouest. Alors qu’en 1981, le quartile le plus bas de Georges Marchais intégrait la quasi totalité des Pays de la Loire, de la Bretagne et de la Normandie, dès 1988, la Bretagne était presque entière intégrée au troisième quartile, progression poursuivie par le vote Robert Hue en 1995, tout comme cela a été le cas du vote Mélenchon en 2012.
      Même : certains anciens « bastions communistes » comme l’est de la Lorraine, perdus par le PCF depuis les années 1990, ont été récupérés par Mélenchon.
      Globalement, le vote Mélenchon est caractérisé par :
      - une « ligne de force » qui va de l’Île-de-France au Languedoc-Roussillon en passant par le Limousin et l’Auvergne
      - une « zone d’ancrage » qui englobe l’ensemble du sud de la France à l’exception du sud de la Côte d’Azur et qui remonte jusqu’au Limousin
      - une « zone de maintien » dans le Nord-Pas-de-Calais, qui n’a pas enregistré la même dynamique que les autres « bastions communistes » persistants de la « ligne de force nord-sud » du PCF
      - deux « zones de progrès » en Bretagne et Normandie et à l’est de la Lorraine, cette dernière étant un ancien « bastion communiste »
      - une « zone vide » qui traverse le Pays de la Loire, la Picardie, les Ardennes et l’ouest de la Lorraine, séparant le Nord-Pas-de-Calais, la Normandie et la Bretagne (qui globalement semblent s’homogénéiser) du reste de l’implantation notable du vote Mélenchon

      A titre d’information :
      - répartition des départements par quartiles du vote Georges Marchais en 1981 (15,35%)
      - répartition des départements par quartiles du vote André Lajoinie en 1988 (6,76%)
      - répartition des départements par quartiles du vote Robert Hue en 1995 (8,64%)
      - répartition des départements par quartiles du vote Jean-Luc Mélenchon en 2012 (11,10%)
      (informations issues du site france-politique.fr du journaliste indépendant Laurent de Boissieu)

      Le PCF se renouvelle, il est vrai. Ceci-dit, il est confronté à un « creux générationnel » : globalement, la génération 30-50 ans est absente du parti. On devrait donc en toute logique assister à un brusque rajeunissement des membres du PCF au cours des deux décennies qui viennent, à moins que le PCF ne parvienne à renforcer son attractivité pour cette génération des 30-50 ans. Pour le moment, son attractivité me semble surtout dirigée auprès des jeunes, le MJCF enregistrant une importante vague d’adhésions.


    • Ronald Thatcher Ronald Thatcher 15 décembre 2012 16:43

      bonne bourre les cocos smiley


      • SEPH SEPH 15 décembre 2012 18:32

        Quand le PCF va redevenir communiste ???


        • Pingouin094 Pingouin094 19 décembre 2012 16:47

          Pas assez vite sans doute, mais il en prend le chemin.


          Dans le texte du 34ème congrès, il fallait de bonne loupe pour trouver le mot « capitalisme » ( une ou deux occurences de mémoire). Il est à pratiquement toutes les pages du texte de la base commune du 36ème congrès. On y parle même de « social-libéralisme » pour définir l’action gouvernementale.
          Même évolution entre le programme de 2007 de MG Buffet et celui de 2012 de Mélenchon ( approuvé par le PCF ).

          Alors oui, progressivement, on retrouve le chemin d’un PCF communiste. Il faut dire aussi que la crise démontre même aux « réformateurs » qu’il n’y a plus de solution dans le capitalisme.

        • Brath-z Brath-z 17 décembre 2012 11:06

          Cet extrait du discours de Montigny-lès-Cormeilles est celui qui a été diffusé en 1981 au JT d’Antenne 2. Il s’agit d’un extrait fort court d’un discours de plus de 45 minutes, qui précisément avait été à l’époque diffusé sciemment pour donner du PCF une image de parti xénophobe. L’Humanité avait répliqué en publiant l’intégralité du discours, l’extrait concerné reprenant alors son sens réel mis dans son contexte.
          Et ainsi, on s’aperçoit que quand Georges Marchais parle de « côte d’alerte franchie », il ne fait pas du tout mention de la proportion d’immigrés dans le pays mais, au contraire, du manque d’infrastructures d’accueil en France pour permettre aux immigrés présents et arrivants d’avoir une vie digne.
          Le diagnostic alors effectué par le PCF est que la France ne dispose pas des infrastructures pour accueillir de nouveaux immigrés. Ce diagnostic s’est révélé faussé par le fait que 80% des immigrés se trouvaient réunis sur les communes communistes, du fait notamment d’une politique systématique du patronat : le CNPF finançait en effet à l’époque la construction de foyers de travailleurs immigrés... et comme par hasard, ces constructions avaient systématiquement lieu dans des communes communistes.
          La manipulation du discours de Georges Marchais faisait suite à une précédente manipulation médiatique, qui avait eu lieu quelques mois auparavant, en 1980 : l’affaire dite « du bulldozer de Vitry ».

          Le maire de Vitry sur Seine, Paul Merceia, avait fait raser un foyer d’accueil pour des travailleurs maliens, qui remplaçait un foyer de Saint Maur, une commune de droite voisine. Le foyer financé par le CNPF ne respectant pas les clauses d’hygiène et de sécurité de l’urbanisme, le conseil municipal de Vitry avait prit l’initiative de procéder à son démolissage, tandis que la section locale du PCF en profitait pour interpeller la presse quant aux pratiques des élus locaux de la droite, dont la politique consistait à systématiquement envoyer les immigrés dans les communes de gauche. Cet événement avait été présenté dans la presse et à la télévision comme le refus de l’accueil d’immigrés sur la commune (alors qu’il y avait déjà trois foyers de travailleurs immigrés à Vitry, contre aucun à Saint Maur).
          Le PCF s’est montré solidaire de Merceia et publia un communiqué officiel dans lequel il dénonçait la constitution de « getthos » dans les quartiers les plus pauvres de la banlieue parisienne
          Le discours de Montigny-lès-Cormeils avait lieu début 1981 dans la ville même où un second événement avait donné lieu à manipulation médiatique. Robert Hue, maire de la ville, avait lancé une opération de lutte contre le trafic de drogue. Le conseil municipal avait notamment incriminé une famille d’immigrés marocains d’être un grand pourvoyeur de drogue dans son quartier. Immédiatement, la presse et la télévision montèrent en épingle l’événement, accusant de racisme l’élu et par extension le Parti Communiste.
          Le PCF fut une fois encore solidaire de son élu et publia une fois encore un communiqué dans lequel il dénonçait la constitution d’une économie parallèle dans les quartiers pauvres reposant sur le trafic de drogue.

          Le discours de Georges Marchais (consultable aux archives de L’Humanité) s’inscrivait dans cette même perspective, dénonçant les conditions indignes dans lesquelles les familles d’immigrés vivaient.
          Le diagnostic alors effectué par le PCF d’une « côte d’alerte » atteinte, d’une incapacité de la France d’accueillir plus d’immigrés et donc d’une nécessité de stopper l’immigration « légale comme illégale » le temps de permettre à ceux déjà présents d’avoir des conditions de vie et de travail dignes n’avait donc absolument rien à voir avec la dénonciation de « l’immigration-invasion » par le FN, encore moins avec les propos tenus aujourd’hui encore par des cadres du FN sur le caractère supposément « inassimilables » des immigrés originaires d’Afrique.

          Lorsque la gauche arriva au pouvoir, elle mena une politique de la ville, certes critiquable mais qui enregistra des succès indéniable au point d’avoir fait disparaître les bidonvilles en 1993 (près de 3 millions de personnes, surtout des immigrés, vivaient dans des bidonvilles géants, comme à Sarcelles par exemple, en 1980... en 1993, le plus gros bidonville encore existant faisait moins d’un kilomètre carré et moins de 100 000 personnes vivaient dans des bidonvilles en France... bon, bien sûr, depuis aujourd’hui une petite décennie, les bidonvilles se multiplient, mais cela n’a rien à voir avec la situation qui était celle des années 1960 et 1970).
          En conséquence de cette politique qui démontrait par l’exemple que non, la « côte d’alerte » n’était pas atteinte, que la France pouvait tout à fait donner une vie digne aux immigrés présents tout en accueillant d’autres (sachant que depuis le milieu des années 1970, le solde migratoire en France est quasi nul, c’est-à-dire qu’il y a autant de gens qui partent - dont 90% d’immigrés qui vont ailleurs - que de gens qui viennent sans compter le tourisme) et que c’était surtout parce que la droite faisait retomber exclusivement sur les communes les plus pauvres (souvent communistes) la responsabilité des immigrés que l’impression d’impuissance à faire face à la situation avait surgit, le PCF a alors révisé sa position sur la politique à appliquer en matière migratoire.

          Entretemps, le FN avait lui émergé, tenant sur l’immigration un discours diamétralement opposé, reposant sur l’idée que l’immigration est intrinsèquement un mal pour la France, pour des raisons raciales ou culturelles (immigrés supposés « inassimilables »), ou encore en établissant des liens entre immigration d’une part et chômage et délinquance d’autre part (alors même que le solde migratoire de la France est nul depuis le milieu des années 1970 et que c’est depuis le milieu des années 1970 que le chômage et la délinquance ont commencé à exploser).


        • Pingouin094 Pingouin094 19 décembre 2012 16:55

          Il me parait utile d’indiquer le résultat du vote des communistes : 75% pour la base commune, 15% pour le texte n°1, 10% pour le texte n°2 et 5% pour le texte n°3.


          Maintenant, l’analyse présentée ici, très pertinente sur un plan de rappel des faits historiques manque à mon avis d’un élément : l’analyse de l’évolution politique de la direction nationale.

          Qu’on se réfère au texte de la base commune ou au programme présidentiel, il est clair que la position de la direction nationale s’est fortement radicalisée depuis 2007 et encore plus depuis 2002.
          Le mot « capitalisme » était presque absent de la base commune du 34ème congrès, le mot « nationalisation » du programme de MG Buffet. Les deux notions sont très prégnantes dans respectivement le texte du 36ème congrès et le programme de Mélenchon. Ce ne sont que des exemples, mais on peut argumenter plus longuement.

          Le fait que la direction nationale a cessé d’être « réformiste » ’(la plupart des réformateurs comem Hue ou Gayssaut ont d’ailleurs quitté le PCF ) a sans doute contribué à lui attirer un nombre croissant de membre de son aîle gauche, ce qui explique le renforcement du texte de la base commune.

          A noter d’ailleurs que le teste n°2 est sur globalement les mêmes lignes politiques que le texte de la base commune ( Front de Gauche, soutien critique au gouvernement), se contentant simplement d’appuyer sur la notion de retour à plus de marxisme comme apport particulier du PCF au Front de Gauche.
          Ce qui fait quand même 85% du PCF qui adhère à la démarche du FdG.

          NB : Sentiment personnel, mais globalement, l’ensemble du PCF s’est radicalisé avec la crise et avec l’effet d’entrainement des succès électoraux du FdG (même s’il faut relativiser aux législatives, le bilan global est positif).

          • bertin 20 décembre 2012 12:06

            Les minorités sont très peu repésentées au sein de la direction du PCF. De plus une tendance islamophobe semble se dégager des divers médias du parti. Si Lénine s’est appuyé sur les minorités pour conquérir le pouvoir le PCF suit la politique inverse qui a donné un score de 2% en 2002. Une bonne partie des prolétaires sont musulmans, antillais ou africains. Si ce fait n’est pas pris en compte, ce gens iront voter pour d’autres partis ou s’abstiendront.

            La France n’a pas besoin d’un FN bis.


            • bertin 21 décembre 2012 16:51

               Appuyer les racistes de Charly Hebdo qui, sous couvert de promotion de la laïcité se livrent depuis des années à une campagne de lynchage médiatique des minorités, c’est tomber dans le piège de la droite et du médef qui veulent éloigner les musulmans de la gauche.

               D’erreurs stratégiques en erreurs stratégiques, le PCF a fini par tomber à 2% des votes en 2002, comme les PC du reste de l’Europe, alors que les communistes représentent dans les faits les intérêts d’une majorité de la population.(hausse de salaires, baisse de l’âge de la retraite ...)


              • bertin 22 décembre 2012 12:38

                 

                 Pourquoi un parti qui propose une hausse du smic de 20% obtient des scores généralement inférieurs à 10 % alors que le programme du PCF correspond aux intérêts d’au moins 50% des électeurs ?

                 1) Il manque de personnalités suffisamment agressives et convainquantes qui représentent le parti dans les médias. Face aux échecs des divers gouvernements successifs en matière économique et sociale, la critique devrait être facile.

                 2) Il manque de slogans simples tels qu ’ils étaient proposés dans les années 70 : « il faut faire payer les riches » , « Il faut travailler moins pour travailler tous » , « Il faut partir à la retraite plut tôt pour laisser travailler les jeunes et chômeurs » ...

                 3) Il manque de diversité dans la représentation médiatique. Pas assez de nouveaux prolétaires Musulmans, Antillais, Africains, Asiatiques et autres.

                 4) Pas assez de stratégie internationale indépendante du gouvernement : pas assez de promotion du communisme chinois, pas d’alliance avec les islamistes du monde entier, pas assez de contacts internationaux.

                 5) Pas assez de défense des libertés et de lutte contre le Mind Control

                 

                 Le résultat est que les partis qui représent les intérêts majoritaires sont nettement minoritaires dans les élections.


                • Romain Desbois 22 décembre 2012 14:29

                  Je crois que la majorité des français est de droite. Ca expliquerait peut-être cela.


                • bertin 26 décembre 2012 16:00

                  La droite, ça consiste généralement à bloquer les salaires et à supprimer des droits sociaux. La plupart des Français veulent partir à la retraite plus tôt, être augmentés, et bénéficier de la sécurité de l’emploi. La majorité veut donc une politique de gauche. Le problème est, qu’en général la gauche mène une politique de droite.


                  • bertin 27 décembre 2012 17:14

                     

                     

                     Les interventions médiatiques du PCF sont trop ternes, trop politiciennes. Le score de Mélenchon s’explique par sa forte personnalité, sa volonté d’en découdre. En plus de l’agressivité, un peu de scandale de temps à autre fait aussi monter les scores, méthode que pratique le FN.

                     


                    • bertin 4 janvier 2013 11:40

                       

                       

                        Le seul moyen pour le PCF de faire de bons scores en banlieue est d’avoir une politique et un comportement islamophiles. Chaque déclaration islamophobe est un piège de la droite qui fait perdre une grande part des électeurs ( licenciement des jeûneurs d’une colonie de vacances, déclaration de Gérin...).

                       La politique c’est la stratégie. Sans stratégie pas de victoire possible.

                       La stratégie de la droite c’est d’opposer communistes et musulmans ; c’est une stratégie primitive mais efficace.

                       Il faut donc prendre à contre-pied les tendances islamophobes pour reconquérir les banlieues.

                       Les racistes de Charlie Hebdo font aussi partie de ce plan de lutte à la fois contre les communistes et contre les musulmans, le tout pour le plus grand profit de nos amis du médef 

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