Le Pen à agir
Depuis 2012, date phare qui a vu le parti d’extrême droite aux portes du pouvoir, il faut se rendre à l’évidence, le RN n’est pas prêt à prendre le pouvoir tout de suite…
La récente dissolution en a été la preuve, tant la cheffe a eu de peine à trouver des candidats à l’Assemblée Nationale.
Preuve en est les ratages divers et variés qui ont conduit MLP à choisir des candidats à la députation loin de répondre aux critères républicains, quitte à en accepter même s’ils étaient dotés de jolies casseroles... et pire à n’avoir comme président qu’un citoyen italo-algérien, dont l’impréparation était visible.
Certains, et on les comprend, ont voulu gommer l’origine algérienne de Bardella, mais hélas pour eux, c’est bel et bien confirmé par Geneanet.
Sa grand-mère, coté paternel, Réjane Mada était issue, quant à elle, d’une famille algérienne venue de Kabylie, plus précisément du village Guendouz, chef lieu d’Aït-R’zine. Lien
On se souvient que, lors de la campagne législative, Bardella et le R.N. souhaitaient mettre fin au « droit du sol » (lien), sans réaliser que si, une fois au pouvoir, le RN supprimait ce droit du sol, à la moindre bavure, le président du parti pourrait en subir les conséquences...serait-il obligé de retourner en Italie...ou en Algérie ? lien
Mais revenons à l’impréparation du R.N... laquelle expliquerait la relative indulgence des caciques du parti face au gouvernement Bayrou.
Lors des législatives de 2024, de nombreux problèmes ont surgi, comme par exemple le cas de Thierry Mosca, sous curatelle et donc inéligible, alors qu’il a recueilli 35 % des suffrages... ou d’Élodie Babin, célèbre pour sa « non-campagne », ce qui ne l’a pas empêché d’obtenir 43,9 % des suffrages, ou Paule Veyre de Soras accusée de racisme, Annie Bel, candidate RN malgré sa condamnation pour « prise d’otage » en 1995, ou de Laurent Gnaedig qui considère que déclarer que les chambre à gaz nazies, qualifiées de « point de détail dans l’histoire », n’était pas une position antisémite, ou de Jonathan Rivière pour qui « nazi, ça veut dire le premier parti socialiste d’Hitler »…lien
et quid de Monique Grisetti épinglée pour ses propos xénophobes (lien), de René Lioret estimant que « l’Afrique nous envahit »…
Médiapart a comptabilisé pas moins de 26 candidats à problème, les qualifiant de « brebis galeuses », et qui, malgré tout siègent maintenant à l’Assemblée Nationale. Lien
d’ailleurs Louis Aliot, le vice président du parti, a reconnu « il y a des candidats (…) qui n’auraient pas du l’être », et si Sébastien Chenu, porte parole du parti d’extrême droite a assuré : « les candidats qui n’étaient pas évidemment à leur place seront tout de suite débranchés »... ça n’a pas été le cas pour nombre d’entre eux.
En effet, si quelques-uns se sont vus retoqués pour représenter le RN au deuxième tour, il n’empêche que « des candidats sulfureux ont été élus », comme l’écrit « ICI » ex France Bleue depuis peu. lien
C’est d’ailleurs le même Sébastien Chenu qui s’est « pris les pieds dans le tapis » en défendant la suppression de la double nationalité, alors que la mesure a été abandonné en 2022 par la cheftaine du parti. lien
C’est lui aussi qui assure qu’il est devenu impossible d’associer l’antisémitisme au RN… ce n’est pas l’avis de Michel Eltchaninoff qui s’en explique dans « la lettre du lundi », paru chez Philosophie magazine, qui écrit : « dans sa vision du monde, Marine Le Pen laisse sciemment une place aux théories sur le pouvoir occulte des juifs. L’antisémitisme, au RN, est une structure absente, un vide que chacun pouvait remplir suivant ses passions, c’est très habile ».
Mais il rappelle que c’est bien elle qui faisait huer DSK, BHL, Édouard de Rothschild, Jacques Attali. lien
La relative clémence de Marine Le Pen face au gouvernement Bayrou pourrait donc s’expliquer ainsi, elle préférerait peut-être attendre l’échéance 2027 pour atteindre son objectif…
D’ailleurs c’est confirmé par Jean Philippe Tanguy : le RN ne votera pas de motion de rejet préalable si elle était présenté par la gauche avant l’examen du texte de loi relatif au budget 2025... même si, d’après le député picard, il ne s’est pas prononcé sur une probable motion de censure qui pourrait être votée en cas de recours au 49/3… : « nous verrons, ce sera une décision de Marine Le Pen avec Jordan Bardella... ». lien
le RN est donc dans l’expectative...et il attend peut être de nouveaux ralliements.
Le LR Ciotti avait ouvert la brèche, rejoignant le concept anti-immigrationniste du RN, appelant clairement à faire alliance avec l’extrême droite. lien
Puis Retailleau, Darmanin, de grosses pointures du gouvernement Bayrou semblent être sur le point de faire de même…
Déjà en 2023, dans les colonnes de « l’anticapitaliste », on pouvait déjà lire : « quand Macron, Darmanin, et LR ouvrent la voie au RN... ». lien
Dans les colonnes de l’huma, Florent Le Du en faisait le constat, écrivant : « Bruno Retailleau, le ministre de l’intérieur rêvé du RN ». lien
en embuscade, il y a aussi maintenant le président de la région Rhône Alpes Auvergne, un certain Wauquiez.
Dans un papier de L’Opinion, Christine Ollivier affirmait qu’il disait : « l’ordre c’est moi », et qu’il partait à l’assaut du RN. lien
il empiétait à l’évidence les plates bandes du parti de MLP, prouvant qu’il y avait une convergence de pensée.
D’ailleurs le sénateur LR Sébastien Meurant avait appelé en 2018 à dialoguer avec tous les partis de droite, y compris avec le RN... sans être désavoué pour autant par Wauquiez...lien
Des signes très positifs pour la direction du mouvement d’extrême droite.
elle peut logiquement espérer récupérer toujours plus de macronistes et de républicains, la mettant en position favorable pour les prochains scrutins.
Comme le constatent Gaëlle Fonseca et Clovis Casali dans les colonnes de « Reporters » : « le RN a changé de dimension grâce à son opération de « dédiabolisation », marquée par le recrutement de nouveaux visages et l’abandon du nom « Front National ». le parti a poursuivi sa normalisation avec « l’union des droites » prônée par Eric Ciotti, ancien président des Républicains ». lien
Il reste toutefois une interrogation légitime : par quel miracle les plus modestes des français choisissent-ils maintenant de rejoindre le RN, alors que le parti d’extrême droite a toujours refusé de voter l’augmentation du SMIC, et d’autres mesures favorables aux travailleurs ?
C’est ce que constate Khedidja Zerouali, dans les colonnes de Médiapart : « les élus du Rassemblement national ont beau prétendre défendre la classe ouvrière, à l’Assemblée Nationale comme au parlement européen, ils ont voté ces dernières années (…) contre l’intérêt des salariés ». lien
et puis il reste des doutes quant à ce que feront les marginaux de « Reconquête » ?...vont-ils marquer contre leur camp comme ils l’avaient fait en Juillet, (lien) ou, finalement, s’allier avec le RN lors des prochains scrutins…
L’avenir nous le dira, car comme dit mon vieil ami africain : « Qui est souvent à la cour du roi, finit toujours par tromper ses amis ».
le dessin illustrant l’article est de Soulcié
Merci aux internautes pour leur aide efficace
Olivier Cabanel
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