Le plan com de la rentrée présidentielle
La vie du Président est dure et dictée par les circonstances. Face à sa dégringolade dans les sondages due à l’affaire Benalla mais surtout à l’absence de résultats économiques et à la remontée de l’inflation, il fallait bien allumer des contre feux en faisant des annonces plus formidables les unes que les autres. C’est ainsi que depuis le début du mois, les « plans » se succèdent.
Le plan, une méthode pourtant décriée par Macron lui-même
Rappelons-nous ce qu’il disait en enterrant d’un coup de pied rageur le plan Borloo sur les banlieues :
« Le président a d’emblée prévenu qu’il n’allait « pas annoncer un plan ville, un plan banlieues », y voyant-là une stratégie « aussi âgée que [lui] », et appelant à « changer de méthode ». Cette méthode de plans spécifiques « a apporté des choses » mais « on est au bout » de ce que cela a pu produire, et « aujourd’hui poursuivre dans cette logique est poursuivre dans l’assignation à résidence, la politique spécialisée » et « je n’y crois pas ».
Voilà, c’est dit, mais comme tout le monde ou presque aura oublié ces propos définitifs et à défaut d’autres outils de communication disponible, vu l’urgence, l’écran de fumée des « plans » pourra toujours resservir.
C’est dans les vieux pots qu’on fait les bonnes soupes.
Rappelons que les promesses n’engagent que ceux qui les écoutent et que les annonces de nouveaux « plans », largement relayées par la plupart des médias sans analyse, ni mise en perspective et en reprenant les éléments de langage fournis par le château, sont avant tout destinées à faire oublier les turpitudes et l’inefficacité d’un pouvoir aux abois.
Donc, lors de cette première quinzaine de septembre nous avons eu droit successivement au « plan prison », au « plan vélo » au « plan pauvreté » et au « plan santé ». Pas mal pour quelqu’un qui parle de stratégie « aussi âgée que lui ».
Le plan prison
Pas un gouvernement n’aura échappé à son plan prison destiné à mettre la poussière sous le tapis, c’est-à-dire mettre en avant le caractère répressif tout en évitant de dépenser trop. On va donc construire de nouvelles prisons, comme l’ont promis les précédents gouvernements et on recrutera des surveillants et des conseillers en insertion et en probation. On attend de voir le taux de réalisation de ce plan à la fin du quinquennat…
En matière de communication politique, c’est toujours bien de parler des prisons, le bon peuple se sent en sécurité, mais ne faudrait-il pas d’abord évoquer la grande misère de la justice, le nombre insuffisant de magistrats et de greffier qui travaillent dans des conditions indignes ? Travailler en amont permettrait sans doute de diminuer le nombre de personnes en détention provisoire et par là même de poser le problème de la construction de nouveaux établissements d’une autre façon. Cela éviterait sans doute également le prononcé de peine uniquement pour couvrir la détention provisoire afin d’éviter des demandes d’indemnisations. Cela éviterait aussi les libérations de détenus potentiellement dangereux parce que le juge en charge du dossier, débordé, a oublié de prolonger la détention. Cela éviterait de faire des « comparution immédiate » deux mois après les faits en laissant dans la nature des délinquants routiers coupables d’homicides avec circonstances aggravantes.
Le plan vélo
C’est un peu comme la réintroduction de deux ours dans les Pyrénées, c’est une mesure destinée à redonner un vernis écolo au gouvernement suite au départ fracassant de Hulot. Cinquante millions par an pendant 7 ans alors que la seule ville de Copenhague investit 10 millions par an depuis 2005…
Par ailleurs le plan vélo semble ne concerner que les villes en oubliant les trajets entre les communes périphériques et les villes centres.
Un coup de com, sans plus…
Le plan pauvreté
Faire mieux à budget constant : tout est dit ! Donc on se contentera de mesures cosmétiques comme la facilitation du recours aux aides ou l’amélioration des conditions de vie (petits déjeuners dans les écoles).
Silence effrayant sur l’accès au logement pour les plus pauvres et sur la réhabilitation des logements indignes dans lesquels les locataires se gèlent l’hiver parce qu’ils ne peuvent pas payer les factures d’électricité.
Méfions-nous par ailleurs des projets de refonte des minima sociaux qui coûtent toujours « un pognon dingue ».
Le plan santé
D’après Macron lui-même, ce n’est pas un problème de financement mais une question d’organisation. Tout est dit là aussi. Voici revenu le temps des cost-killers qui expliqueront aux hospitaliers comment faire des économies et surtout passer moins de temps avec les patients.
Le choix a été fait de laisser les labos de fixer les prix des médicaments en obligeant les médecins à faire le choix des patients qui pourront être traités de leur cancer parce que le budget de l’hôpital de permet pas de soigner tout le monde.
Les plans : du recyclage et de la tambouille politique
Comment se fait-il qu’au mois de septembre on annonce des financements pour des plans ?
Peut-on parler de plans sur la comète ? Des mesures qui verront un début de commencement l’année prochaine peut-être et qui de toute façon sont déjà prévues dans les budgets ou dont le financement sera demandé aux collectivités locales, par exemple ?
Ne peut-on voir dans le blocage des pensions des retraités (économies de 3 Milliards, tout de même), une approche du financement prévu de certaines mesures contenues dans les plans.
Tout cela nous révèle une image de Président des riches qui sied bien à Macron dans laquelle les premiers de cordées semblent bénéficier d’une extra territorialité fiscale et où les pauvres et les moins pauvres doivent se démerder entre eux.
Au fait, l’évasion fiscale a été chiffrée récemment à 100 Milliards d’euros par an, de quoi financer le déficit budgétaire et les plans… Mais bon, il ne faut pas braquer les fraudeurs…
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