Le président de la république démissionne pour favoritisme financier …
Voici un point sur lequel l’Allemagne donne l’exemple. Et si Nicolas Sarkozy a cité 18 fois notre grand voisin dans son interview urbi et orbi du 30 janvier, il ne pouvait pas anticiper alors cette nouvelle qui fait honneur aux mœurs politiques allemandes.
Sinon dans son esprit de responsabilité et de dévouement à la cause publique, nul doute que cela l’aurait inspiré.
Christian Wulff avait été désigné en juin 2010 pour la présidence de la république d’Allemagne par Angela Merkel malgré des irrégularités dans les financements de campagnes électorales en Basse-Saxe. Récemment face à l’accusation de prévarications et de favoritisme financier (crédit à un taux préférentiel), M. Wulff a essayé de faire pression sur le journal Bild Zeitung pour empêcher la publication d’un article sur cette affaire. La justice de Basse-Saxe ouvre une enquête préliminaire. Le 17 février Christian Wulff a été obligé de démissionner.
Le parallèle est tentant. Campagne électorale de Balladur en 1995 (sous la supervision de Nicolas Sarkozy principal responsable de sa campagne) financée par des circuits occultes ? Affaire Karachi qui implique Takieddine sur des contrats d’armement au Pakistan. Le proche de Sarkozy, Hortefeux et Copé, Thierry Gaubert le secrétaire général de l’UMP est ces jours-ci devant la justice. Comme ce malheureux Eric Woerth inquiété dans l'affaire des enveloppes de Mme Bettencourt. Imagine-t-on cela en Allemagne ?
Mais rassurons-nous, le président en France bénéficie de son immunité tandis que la justice est muselée dans son enquête. Donc ce type de démission n’est pas pour demain. En France l’irresponsabilité juridique du président mine la démocratie. Les lampistes paieront si la justice n'est pas trop entravée. Et il a fallu attendre 15 ans et son incapacité pour juger Chirac pour le détournement d'argents et de postes de la ville de Paris. Combien de temps devront nous attendre pour ceux des Hauts de Seine ? A quand le prochain rappartriement aux frais des contribuables des enfants ou courtisans du président sortant ?
Angela Merkel a dû approuver la candidature présentée par l’opposition sociale-démocrate, celle d’une figure morale qu’elle avait récusée en 2010 : le pasteur Joachim Gauck. Cet homme de 72 ans, militant des droits de l'homme, était le porte parole du Nouveau Forum et incarnait la lutte contre la dictature dans l’ex RDA. Il sera donc le nouveau président fédéral après le vote de l'Assemblée fédérale, collège électoral composé des députés du Bundestag et d'un nombre équivalent de représentants des seize Länder.
L’Allemagne a donc bien d’autres règles que celles de la France. Certaines méritent de nous inspirer. Sa capacité à faire exister les différents les acteurs d’une même situation (la cogestion dans l’entreprise, les minorités dans les parlements, l’autonomie de financement et de décision des collectivités locales -Communes ou Lander- face à l’état fédéral, les PME face aux grands groupes) sont le socle d’une culture plus démocratique.
Ces qualités expliquent la réussite -relative certes- du modèle rhénan. Celui-ci a permis l’absorption de l’ex Allemagne de l’Est et la solidarité avec les Osties. Il est pourtant parfois mis à mal.
Récemment l’augmentation de la TVA de 3% (elle était précisément une des plus faibles d’Europe) décidée en 2007 par Angela Merkel (et non par son prédécesseur social-démocrate, comme le disait effrontément Sarkozy) venait après les lois discutables restreignant les droits des chômeurs de Gerhard Schröder dans sa dernière année.
En Allemagne, comme en France, la démocratie et le modèle social passent par des progrès mais parfois aussi par des régressions. Il est regrettable que le candidat Nicolas (on ne dit plus Sarkozy à l’UMP) ne s’appuie sur l’exemple allemand que pour ces dernières. Se moque-t-il du .... "peuple" .... qu'il redécouvre soudainement ?
9 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON