Le programme de JL Mélenchon est-il crédible ?

Avec quelque 250 milliards de dépenses par an, durant 5 ans, JL Mélenchon est-il un keynésien, c'est-à-dire un adepte de JM Keynes ?
Rappelons d’abord que Keynes était un libéral (pas Mélenchon, que l’on sache !), membre du parti libéral britannique. De fait, nous pouvons dire que le programme de Mélenchon s’inscrit dans ce que l’on peut nommer : une politique de relance.
Qu’est-ce qu’une telle politique ?
Politique conjoncturelle qui vise à fournir de l’emploi à un maximum de personnes. C’est bien ce que veut Mélenchon ?
Une telle politique, dite de "coup de fouet économique", doit disposer de deux instruments privilégiés pour doper la demande globale, in fine, la production de biens et services, donc la création d'emplois :
- celui d'une politique budgétaire visant à relancer ou augmenter :
- la demande de consommation des ménages par la distribution d'un pouvoir d'achat supplémentaire : baisse de certains impôts ou taxes, hausse des salaires et notamment du salaire minimum de croissance (SMIC), hausse spécifique de transferts sociaux : primes, allocations diverses… ;
- la demande d'investissement des entreprises : allégement/exonération de charges, report du paiement de certaines taxes, crédits d'impôt, subventions, etc. ;
- la dépense publique à travers ses investissements, notamment la mise en œuvre de projets : travaux publics, industriels, technologiques, environnementaux… (cf. : multiplicateur d'investissement).
- celui d'une politique monétaire dite accommodante, pour stimuler (en l'absence obligatoire d'une trappe à liquidité) la propension à investir, à consommer et celle à désépargner, grâce à une offre de monnaie abondante : allégement des conditions de refinancement, baisse des taux directeurs… assouplissement quantitatif et/ou du crédit. Conjointement, il peut aussi s'agir de relancer les exportations par une politique de change adéquate ayant pour finalité la baisse du taux de change, tout en ayant des effets restrictifs pour les importations. Ces deux dernières politiques sont d'autant accessibles pour un pays, que les statuts de sa Banque centrale autorisent celle-ci à apporter son soutien à la politique économique.
Pour être efficace, une telle politique doit avoir des effets rapides, durables. Pour cela elle doit mettre en œuvre des moyens, notamment financiers, conformes au défi qu'elle entend relever. Elle suppose, pour cela notamment, que :
- l'État ait des marges de manœuvre budgétaire adéquates, c'est-à-dire soit un excédent, soit un déficit acceptable
- les facteurs de production soient sous-employés ;
- les stocks des entreprises soient au plus bas ;
- la structure des achats des ménages ne soit pas fortement concentrée sur les produits importés ;
- les ménages et les entreprises aient confiance dans l'avenir, donc aptes à investir ou à consommer, plutôt qu'à épargner ;
- l'inflation n'annule pas l'augmentation nominale du pouvoir d'achat ;
- …
- la manipulation éventuelle du taux de change ne soit pas vue comme une arme déloyale ou protectionniste par les pays partenaires.
Mélenchon a-t-il de tels moyens ?
Non, à moins de sortir de l’euro, de la BCE et de l'Union européenne !
C’était la question posée à Mitterrand en 1983 : sortir ou non du SME et de l'Europe !
Ce fut le fameux tournant de la rigueur !
Rappelons qu’à cette époque Mélenchon était très proche de Mitterrand.
Mélenchon n'a donc rien appris !
Crédit photo : Wikipédia.
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