Le PS est sur un nuage... mais pas pour longtemps
Avant-hier, Météo France enregistrait de forts vents, d’une vitesse de plus de 150 km/h, sur la moitié nord de la France. Plus de 50 personnes ont été tuées, sans doute par noyade. L’heure est au deuil : en pleine régionales, les candidats des départements les plus touchés ont temporairement arrêté de faire campagne. S’ils arrêtent, à nous de prendre un peu de recul.
Hier soir, sur France 2, un journaliste posa à Benoit Hamon, porte-parole du Parti Socialiste, la question suivante : « Encouragez-vous les Français à voter contre Sarkozy pendant ces régionales ? ». Ce dernier répondu clairement : « Oui, s’ils en ont marre de Sarkozy, qu’ils le sanctionnent en votant à gauche ». Depuis quelques temps, le PS est sur un nuage. Il fut un temps où les discordes au sein du parti n’en finissaient plus, où la feuille de route n’était visiblement pas la même pour tous, où les ténors du parti partaient en vrille, où Stéphane Guillon, chroniqueur à France Inter, moquait le physique d’Aubry… bref, où rien n’allait. Et là, on dirait que ça va mieux : le PS se donne une bouffée d’oxygène à quelques semaines des régionales.
Pourquoi ça va mieux
D’abord, les ténors se sont calmés. A l’approche des régionales, Ségolène Royal a vite compris qu’il fallait se la jouer local et se calmer au niveau national dans la perspective d’un nouveau mandat dans sa région. La journaliste Audrey Pulvar a annoncé au JDD sa liaison avec Arnaud Montebourg… il est donc aux petits soins. Aubry sillonne le pays pour écraser la politique du gouvernement, Hamon tient ses conférences de presse habituelles avec un grand sourire compte tenu des bons sondages du PS pour les régionales. Bref, chacun semble à sa place et c’est ce que le PS attendait depuis longtemps.
Il y a aussi les régionales qui donnent une bouffée d’oxygène au parti d’Aubry. A en croire les sondages, le PS pourrait remporter l’ensemble du territoire français… ou presque (20 régions sur 22, précisément). Aubry se ne gêne pas pour dire qu’elle compte « toutes les gagner ». Au siège rue de Solférino, on boit du petit lait. Lorsque Hamon encourage les français à sanctionner Sarkozy par le biais de leur vote, on se doute bien que le programme des candidats est secondaire : on profite de l’occasion pour critiquer le gouvernement à tout va, pour pointer du doigt tous dysfonctionnements possibles… bref, c’est grâce à l’UMP et à Sarkozy que le PS pourrait bien avoir la quasi majorité des régions en France.
Car, Sarkozy traverse une mauvaise phase en ce moment : selon un dernier sondage, seuls 39% des Français soutiennent son action et même son premier ministre, Français Fillon, a une meilleure cote ! Le 26 janvier dernier, sur TF1, Nicolas Sarkozy avait clairement fait comprendre que le chômage allait baisser. La semaine dernière, on apprend que ce dernier était reparti à la hausse. Sarkozy doit faire face à des dossiers sensibles, notamment la taxe carbone ou encore les fermetures d’usines. Et puis, dernier fait en date : son absence au salon de l’agriculture. Aubry en a profité pour s’y rendre et expliquer elle-même la raison de son absence « Il a peur de devoir faire face à son mauvais bilan ». Le voilà avec une belle jambe… Durant cette même interview sur TF1, Sarkozy avait aussi dit que « le rôle du président de la République n’est pas de faire campagne pour les présidents de région ». Pourtant, on le voit sur tous les fronts : il était en Corse le 2 février, dans le Centre une semaine plus tard, en Guyane le 18, et il a reçu Valérie Pécresse, candidate UMP en Ile-de-France, aujourd’hui. Avec de telles bourdes, le PS est ravi et en profite.
Tout ceci n’est que temporaire
Cette heure de gloire sera courte. Lorsque Bernard Henri Lévy voulait la mort du PS, il avait raison. Et il a toujours raison. Car ce qui donne l’impression que le PS est en bonne posture, c’est des éléments de coute durée.
A commencer par Ségolène Royal, sorte de figure emblématique du parti. Souvenez-vous des élections du secrétaire général du PS : une fois les résultats donnés, Royal avait semé la zizanie au sein du parti en appelant à la mobilisation de ses troupes face à une fraude électorale. Le clan Aubry et le clan Royal dans toute leur splendeur… Et c’est pour cette raison que le PS était en perte de repère et en perte de vitesse. A quelques semaines des régionales, Royal s’est calmée car elle a rapidement compris que sa sur médiatisation la mettait sur la sellette et elle risquait de perdre sa région, son seul tremplin politique. Elle va sans doute gagner les élections et, après, elle se relancera en politique au niveau national. Cela risque de déstabiliser le PS de nouveau…
Il y aussi le cas Frêche. Il a perdu le soutien du PS aux régionales après avoir dit de Fabius qu’il avait « une troche pas très catholique ». Accusé d’antisémitisme, il s’est mis le PS à dos. Bartolone s’est lâche sur Europe 1 :
« Il y a des moments où ça suffit, on ne peut plus jouer. Les ambiguïtés de Georges Frêche, ça suffit. Je pense que c’est une phrase qui a été pensée et pesée par Georges Frêche pour faire mal, c’est une phrase que l’on ne peut pas accepter. »
Martine Aubry carrément proposé au bureau national de demande à Hélène Mandroux de conduire une nouvelle liste de rassemblement de la gauche en Languedoc-Rouissillon. La maire du PS de Montpellier avait immédiatement accepté. Mais n’oublions pas que les sondages donnent Frêche gagnant dès le premier tour et, s’il gagne, le PS aura du mal à le contrôler… cela risque également de déstabiliser le PS.
Enfin, précisons que les élections de 2012 approchent à grands pas ! Et c’est sans doute d’ici l’an prochain que toutes les divisions du parti vont ressortir donner l’impression d’un parti complètement perdu, comme il y a encore quelques mois. Strauss-Kahn, Royal, Hollande… ils se préparent et comptent bien montrer leurs différences pour gagner.
Le PS est donc sur un nuage, sur le même bateau mais tout ceci n’a rien de vrai. D’ici quelques mois, on repartira à ce que le PS sait le mieux faire : des pagailles, des discordes, des querelles incessantes… bref, le PS dans toute sa splendeur. Peut-être qu’un jour un des ténors aura l’audace de proposer la destruction du parti.
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