La campagne électorale de François Hollande avait commencé par un « mon ennemi, c’est la finance », qui s’est rapidement transformé en un « I’m not dangerous » devant la City. Laparole présidentielle est désormais qu’il faut assurer « la crédibilité de la France sur les marchés financiers ». Que de chemins parcourus sur la longue route qui mène du socialisme au libéralisme. Mais François Hollande et avec lui le Gouvernement Ayrault et le Parti Socialiste touchent au but !
Car au-delà des mots, il y a les actes. Et à ce titre la conférence de presse du Président de la République n’a pas incarné un tournant, mais a été l’aveu de ce qui se fait depuis le début du quinquennat.
Il y’a eu d’abord la ratification du TSCG (Traité sur la Stabilité, la Coordination et la Gouvernance). Il faut rappeler que ce traité est au mot prêt celui négocié par Nicolas Sarkozy et Angela Merkel, qu’il entérine la règle d’or et l’objectif des 3% de déficit budgétaire et même de 0.5% de déficit structurel. C'est-à-dire qu’il impose une politique d’austérité à toute l’Europe. Le vote conjoint de la droite, du centre et du PS sur ce texte entérine le ralliement du PS au cadre de pensée libéral.
Il y a eu ensuite l’affaire des « pigeons ». Jamais un lobby, un groupe de pression patronal n’aura eu aussi peu besoin de faire pression sur un gouvernement de gauche pour lui faire manger son chapeau. C’est symbolique, mais cela montre la capacité de résistance du gouvernement aux pressions patronales !
Le gouvernement passe ensuite à une politique d’austérité, moins vigoureuse que dans d’autres pays européens, moins vigoureuses que celles rêvées et mise en œuvre par le FMI dans d’autres parties du monde, mais qui procède de la même logique libérale. M. Ayrault a beau s’en défendre, quand on gèle les dotations aux collectivités locales, quand on gèle les salaires des fonctionnaires, lorsqu’on poursuit la baisse du nombre de fonctionnaires initiée par la droite (à l’exception de quelques ministères « sanctuarisés »), cela s’appelle bien une politique d’austérité.
Il y a surtout le rapport Gallois, ses préconisations et leurs traductions dans la politique gouvernementale. Disons le tout net, le gouvernement franchit le Rubicond et prend des positions de principes qui sont celles de la droite et de ses valeurs.
Que propose le gouvernement ? De diminuer les charges patronales en le finançant par l’augmentation de l’impôt le plus socialement injuste, celui qui touche prioritairement les classes les plus défavorisées : la TVA. Ceci s’appelle la politique « de la demande », qui constitue un des marqueurs définissant une politique de droite.Il s’agit de favoriser la production des entreprises pour augmenter la croissance, en espérant que des miettes en retomberont sur les salariés.
A l’inverse, la gauche se définit par la politique « de la demande » : favoriser le pouvoir d’achat des salariés, la commande et l’investissement public pour doper la croissance et l’économie.
Donc oui, on peut dire aujourd’hui que le Parti Socialiste n’est plus un parti de gauche. C’est un parti « démocrate », ou de la « troisième voie » (ni droite ni gauche) théorisé par M. Blair en son temps et dont François Hollande s’est toujours réclamé. Mais cette ligne n’est plus celle d’un parti de gauche.
Article initialement paru sur le blog "pensées politiques et communistes "