Le PS pourrait-il tirer parti de ses tensions/débats internes ?
On a reproché à Ségolène Royal de « changer d’idées comme de jupe » pendant la campagne. Le fait qu’elle retourne sa veste, sans aucun doute pour tenter de satisfaire à peu près les idées divergentes au sein du PS. D’aucuns disent que c’est d’ailleurs ce qui l’a fait perdre.
Quand en face, tout le monde est unanime et qu’à gauche, personne n’est d’accord, on perd. C’est du moins ce qu’on nous a expliqué pendant toute la campagne. DSK tire vers la droite, Fabius tire vers la gauche et Hollande tente de camoufler le tout comme il peut, sans y croire et sans d’ailleurs que personne ne soit dupe.
Au contraire, Sarkozy n’a que peu d’opposants dans son camp. Villepin a vite été neutralisé et tout le monde a ovationné le candidat dès lors qu’il a été le petit préféré des sondages. Même au-delà de la clique de l’UMP, beaucoup de gens influents le défendent et se gardent bien d’émettre la moindre critique vis-à-vis de lui, pour des raisons d’ailleurs parfois peu avouables pour un pays aussi démocrate que le nôtre.
Ce n’est pourtant pas ces querelles en elles-mêmes qui ont fait perdre le PS et qui vont l’amené à sa chute, que beaucoup prévoient
proche, mais c’est plutôt la façon dont ces querelles ont été
présentées au public, d’abord par les médias mais surtout par les
dirigeants du PS eux-mêmes. Ces tensions sont en réalité des débats
idéologiques profonds, qui ne peuvent être tus comme ont tenté de le
faire Hollande et Royal pendant la campagne. Au contraire, le fait que
le PS, en tout cas certains de ses membres, se pose des questions, ça
me paraît on ne peut plus sain. C’est d’ailleurs ce qui aurait pu faire
la différence avec l’UMP. Si le PS fait semblant d’être une masse
homogène pour ressembler à Sarkozy derrière lequel ses sbires sont
alignés sans qu’un malheureux poil n’ose dépasser, il n’y arrivera pas
et aura l’air d’un mauvais remake. S’ils ne sont pas pleinement
assumés, ces débats n’arriveront jamais au moindre aboutissement.
Alors, on assiste à des dénonciations honteuses à la télévision (DSK), à
des coups fourrés dignes de romans d’espionnage (Allègre) et j’en
passe et des meilleures. Pour retrouver sa légitimité, le PS doit faire
de son débat interne sa force, en le revendiquant comme un signe
témoignant de la bonne santé d’une démocratie qui se bat contre la
pensée unique (quand je pense que Sarko parle de la pensée unique de
gauche !!!), en ouvran
t
le débat au public plutôt que de n’en laisser apparaître que les
effusions incontrôlées. Enfin, le PS pourrait s’offrir le luxe de
laisser aux militants du PS le droit de trancher quand le débat
n’aboutit toujours pas. Je pense particulièrement ici à la candidate
potentielle aux législatives dans la 21e circonscription
de Paris, Sophia Chikirou, dont la désignation par un vote des
militants a été « annulée » pour des raisons de discrimination
positive. George Pau-Langevin la remplace malgré le fait qu’elle soit
populaire parmi les militants, car elle représente mieux les
communautés ultramarines. En somme, ce n’est pas tant que les membres
du PS doivent être tous d’accord, mais certaines logiques d’appareil
doivent être abolies, puis repensées. Alors seulement il pourra
prétendre à une certaine crédibilité et marquer clairement, du point de
vue des méthodes, son opposition à la droite. J’espère qu’ils s’en
souviendront pour les législatives... s’ils n’ont pas explosé d’ici là.
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