Le PS va-t-il se remettre de ce quinquennat ?
Echecs électoraux, impopularité, couacs, politique floue, etc. Le Parti Socialiste se précipite doucement, tranquillement et dangereusement vers l'une de ses plus grandes crises de l'histoire politique. Le PS se remettra-t-il de son quinquennat ? Éléments de réponse :
I) Les frondeurs sortent du bois :
Les "gauchistes" ne se cachent plus ! Sentant le vent tourné, ils se montrent de plus en plus virulents face à un gouvernement fébrile.
Dernière déclaration "choc" en date. L'ancienne ministre du logement, Cécile Duflot. L'élue écologiste est allée jusqu'à traiter en latin, dans un "tweet", le premier ministre Manuel Valls de "fou."
Certes, Cécile Duflot a encore en travers de la gorge son projet de loi sur le logement détricoté par l'actuel gouvernement. Mais Cécile Duflot n'est en réalité que l'une des nombreuses personnalités de gauche à se sentir mal à l'aise avec les deux premières années du quinquennat Hollande. Par exemple, habituée maintenant à jouer les rôles d'opposantes au gouvernement, la sénatrice socialiste Marie-Noëlle Lienemann avertit le Président de la République : "François Hollande ne pourrait pas tenir avec le seul soutien du Medef". Parmi les socialistes qui critiquent publiquement ceux qu'ils ont soutenu en 2012 pour la présidentielle, nous pouvons citer : Gérard Filoche (membre du bureau national) de plus en plus médiatisé, les députés Malek Boutih et Emmanuel Maurel, etc.
Clairement, le PS se scinde entre l'aile gauche qui a bien du mal à rester solidaire de l'action gouvernementale et l'aile social-libérale. Une aile gauche qui, il y a 3 ans de cela, était dirigée par Arnaud Montebourg. Ce dernier, devenu ministre, ne peut que rester loyal vis-à-vis du Président mais met clairement dans l'embarras les "gauchistes" du PS. Et que dire de Martine Aubry qui se garde bien de tout commentaire depuis plusieurs mois sur la politique actuelle. Histoire de ne pas jeter plus d'huile sur le feu qu'il n'y en a déjà. La Maire de Lille attend son heure. Mais l'heure sera-t-elle une nouvelle fois socialiste ?
Et malgré les défiances de plus en plus nombreuses d'une partie du PS (nommé "les frondeurs" à l'Assemblée Nationale), le gouvernement reste inflexible. De la présidence "normale", on est donc passé à la gouvernance bonapartiste. Un fonctionnement qui était pourtant dénoncé sous le quinquennat "sarkozyste."
II) Un cap qui menace l'avenir du Parti Socialiste
Les fidèles du social-libéralisme au sein du gouvernement font front.
Ce lundi Michel Sapin sur RTL indique "qu'il ne faut pas changer de cap..." Le Premier Ministre, Manuel Valls est tout aussi ferme : "hors de question" pour son gouvernement de changer de politique face à la panne de croissance, jugeant « irresponsables » ceux qui, à gauche, appellent à une autre stratégie.
Soyons franc, Michel Sapin et Manuel Valls ont totalement raison sur la forme. Un gouvernement se doit d'avoir une politique avec une vision à long terme et ce, quel que soit les critiques des uns et des autres. Mais, il y a plusieurs problèmes avec cette fermeté.
Premièrement, le cap n'est justement pas fixé. Il repose d'ailleurs sur des bases instables. Par exemple, le "pacte de responsabilité" venant en aide aux entreprises a été mis en œuvre sans réflexion avec l' utopie d'une création d'1 million d'emplois. Le gouvernement prenant au mot le Pin's du président du MEDEF, Pierre Gattaz . Ce dernier promettant le million d'emplois contre l'allègement des charges faites aux entreprises. Mais ce Pin's n'aura évidemment duré que le temps de la négociation et de la mise en place du pacte. Une naïveté qui coûte chère au Président et au gouvernement. Non seulement le pacte de responsabilité est, pour l'instant, sans conséquence sur l'emploi et la croissance mais il poursuit les politiques libérales menées par Nicolas Sarkozy lors du précédent quinquennat.
Et là on en vient au 2e problème, tout aussi grave pour le gouvernement. Si les Français avaient voulu poursuivre les politiques de Nicolas Sarkozy, ils auraient élu Nicolas Sarkozy, lui-même, plutôt que François Hollande en 2012.
François Hollande s'est fait élire sur un mensonge, celui du discours du Bourget où il promettait un "package" de changements. Cela passait par une politique clairement marquée à gauche, et c'est ce qui a, en outre, attiré une partie de l'électorat du Front De Gauche. Malin François Hollande. Mais la duperie ne dure qu'un temps. D'ailleurs, récemment, dans les couloirs du Parti Socialiste, un membre de ses instances m'avouait que François Hollande avait su jouer de la naïveté des électeurs. Soutenant malgré tout la politique menée par ce dernier, ce militant regrettait que le discours ne soit pas plus honnête dès le départ avec les Français. En clair, prononcer les mots qui peuvent fâcher l'électorat comme "politique de rigueur", "politique social-libérale". Oui d'accord, mais cette honnêteté aurait-elle permis à François Hollande de se faire élire ? Manipuler l'électorat en 2012 aura peut-être un effet rotor : celui de scinder définitivement, et avant la fin du mandat, le Parti Socialiste.
Quelques clés pour que le PS puisse se relever :
- Donner une nouvelle définition du socialisme au sein du PS. Le PS ne peut pas se satisfaire de la loi sur le mariage pour tous (comme de la réforme des 35H en 2000) pour donner une petite touche "gauchiste" et moderne à une politique très globalement libérale. En soit, le PS doit se différencier clairement de l'UMP, être en rupture avec les politiques des gouvernements UMP.
- Le PS doit faire le ménage entre les "gauchistes", les "sociaux-libéraux" et les tenants d'un libéralisme plus exacerbé. Si le social-libéralisme est la future doctrine du PS, il faut qu'elle soit clairement identifiée. Prendre exemple sur les pays, qui ont été, avec un certain succès, à l'origine de ce courant comme la Suède. Mais cela passe par un bouleversement. D'abord un changement dans ses relations : une redéfinition de sa proximité avec le Parti Communiste, avec le Mouvement Démocrate et avec les syndicats. Egalement, la ligne social-libérale se doit de défendre une ligne clairement européiste.
- Moderniser le parti en écartant les vieux éléphants qui sclérosent les lignes et les instances. La bataille des égos des dinosaures du PS l'emporte face aux convictions (A l'image de ce qui se passe actuellement à l'UMP).
Conclusion Satirique
Le PS peut espérer que l'UMP explose lui aussi. Entre les leaders de la vieille école et les problèmes internes, l'UMP a aussi beaucoup de travail avant de croire en ses chances de victoire pour 2017. D'autant plus qu'aucun leader n'a, pour l'instant, la légitimité pour représenter l'ensemble du Parti. Le PS peut aussi espérer la faillite financière du Front National et quelques dérapages de Jean-Marie Le Pen et des militants traditionnels du FN. Malgré tous ces facteurs circonstanciels, le Parti Socialiste - sans les recommandations - ne serait toujours pas certain d'être, de nouveau, le premier parti de France...
Jonas
Article à retrouver sur http://pourquivoter.olympe.in
57 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON