Le repenti circonspect
Quand le livre devient confession de mauvaise foi

La France pour l'avis
Rien ne vaut une belle et grande échéance pour provoquer les confidences et des aveux. Les catholiques l'ont compris avant tout le monde en créant la confession ultime : celle qui précède l'extrême- onction. Nous ne sommes pas loin de cet étrange rituel avec le déballage sur la place publique des mea culpa d'un grand homme qui pense se grandir en découvrant enfin l'art de la repentance.
Nous éviterons de citer ce sinistre personnage, : les ventes vont déjà être propulsées par des émissions mielleuses, des renvois d'ascenseur, des critiques de circonstance, une grande tournée de promotion et tous les plateaux de télévision qui vont se prendre pour le dernier confessionnal dont on cause. Il va vendre plus de livres que les véritables écrivains, ce ridicule inculte qui, en son temps, vouait la Princesse de Clèves aux gémonies.
Pour la circonstance, ses conseillers en écriture ont dû lui expliquer le sens de l'expression latine mea culpa. Le pauvre homme pensait qu'il s'agissait de quelques maux intimes sur une partie discrète de son anatomie. On peut lui pardonner cette confusion ; il est vrai qu'il a bien d'autres soucis en tête que de vérifier le sens des langues mortes.
Ainsi donc, il existe chez lui le temps des regrets. C'est sans doute qu'il a quelque chose à nous demander, une faveur à nous réclamer. Ne nous y trompons pas ; il n'est pas convenable de se laisser prendre à ses grimaces. L'insincérité est son royaume, l'hypocrisie son domaine et le mensonge son art consommé.
Plus fourbe et retors que lui, c'est difficile. Alors celui qui se laisserait prendre à son repentir devra s'attendre à bien des surprises quand le temps du pardon sera accordé. Les voies du Seigneur sont bien moins impénétrables que ne sont crédibles les propos de celui qui bat sa coulpe uniquement pour retrouver son trône.
Il déplore certaines erreurs. La belle formule que voilà ! Nous n'avons rien à déplorer : ce furent cinq années de honte, d'humiliation, de négation de l'intelligence, ce furent des années d'irrespect et de mépris, des années entièrement vouées au culte de l'argent et de la médiocrité ; ça ne se déplore pas en effet, ça s'efface définitivement de nos mémoires.
Il s'excuse, oubliant par là -même de solliciter cette faveur. Chez lui, ses désirs sont toujours des réalités. Il suffit de demander pour avoir, de détourner, pour finir par y croire, les honneurs et les avantages, les propos comme le passé. Le livre permet seulement d'occuper la place, de faire parler de lui, de le replacer dans la course des prétendants.
C'est aussi le moyen d'effacer l'ardoise, de régler les comptes, d'éviter d'en rendre devant la justice et les hommes. La plaidoirie de l'avocat véreux avant même les griefs du procureur. À ce compte-là, ses procès ne sont pas près de se tenir et pourtant il y a matière à juger le chef de la bande organisée qui a taillé des croupières à la moralité politique.
Mais il faut remettre les compteurs à zéro. L'homme l'affirme : il a la France au cœur pour la vie, sans nous demander notre avis sur l'état déplorable dans laquelle il l'a installée. Il est certes dédouané d'une part de son incompétence par le miracle du fiasco intégral de la prestation de son successeur. Comme si le choix devait se limiter à ces deux pantins grotesques !
Allez, ne tombez pas dans le panneau, n'allez pas acheter ce livre indigne. Rien n'y est sincère et ce n'est sans doute même pas écrit par celui qui signe et empoche les droits d'auteur. Si vous voulez aider le monde du livre, préférez le Bonimenteur au mauvais menteur, acheter mes contes plutôt que ses mécomptes. J'en ai bien plus besoin que lui, je peux vous l'assurer !
Je sais, personne ne m'a demandé mon avis. Je le « donne » volontiers voilà un verbe qui me distingue singulièrement de ce repenti faussement circonspect. Il se vend, il n'agit que par intérêt, il est vénal et cupide. Sa parole n'est pas de celles auxquelles se fier. Il est grand temps que vous détourniez le regard de ce triste sire, prince des Jocrisses. Voilà bien une expression qu'il ne comprendra pas, je peux bien me la permettre avant qu'il ne vienne me traiter de « Pauvre C... »
Repentancement sien.
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