Le réveil des droites divise la majorité avant les régionales
Tempête à droite. À l’approche des élections régionales, la majorité lance une campagne de ratissage à droite pour remobiliser les courants « dissidents ». Une tentative de lissage politique sur fond de patchwork entre droite rebelle et droite vassalisée. Points de suture sur le théâtre des opérations.

Le 8 novembre, François Fillon, chef du gouvernement, lance la campagne UMP pour les élections régionales de mars 2010. Une bonne occasion pour appeler "l’UMP, le Nouveau centre, le MPF, l’Alliance centriste, les gaullistes, les libéraux, les progressistes, bref tous ceux, élus ou électeurs, qui se reconnaissent dans [ses] valeurs" à se "serrer les coudes et conduire ensemble la bataille" en dehors des "stratégies personnelles".
François Fillon l’a bien compris, le problème réside dans la communauté de valeur des courants de la majorité qui s’effrite à vue d’œil à mesure qu’avancent les réformes de Nicolas Sarkozy. Le Nouveau Centre et le Parti Démocrate Chrétien de Christine (PDC) Boutin envisageraient même de conduire leur liste autonome au premier tour dans certaines régions. L’ombre décomposée du Parti Socialiste planerait-elle dangereusement sur la majorité ?
La majorité gouvernementale : un Frankenstein politique
Décompositions, recompositions, ratissages et lifting, depuis 2002 les chirurgiens politiques de l’UMP ont transformé leur mouvement en Frankenstein du paysage politique français : droite plurielle dopée pour gagner, machine de guerre destinée à prendre le pouvoir. Rassemblant les forces de partis intégrés à l’UMP (RPR, Démocratie Libérale, une partie l’UDF), et de partenaires comme la Gauche Moderne, le Parti Radical, le MPF de Philippe de Villier et CPNT (Chasse, Pêche, Nature et Traditions), les artisans de la victoire présidentielle de 2002 et de 2007 sont parvenus à créer une majorité à partir d’un pot-pourri de tendances aussi diverses que le gaullisme, le libéralisme et la démocratie chrétienne.
Ces mouvements s’estiment aujourd’hui floués par la direction d’un parti qui devait être un lieu de libre expression de ses différentes familles. Or, la promesse récurrente de créer des courants pour favoriser la représentativité de chacun dans le débat interne a été plusieurs fois reporté pour être finalement annulé de l’agenda au profit d’une stratégie d’atténuation des différends entre des tendances libérales et démocrates-chrétiennes, difficiles à faire cohabiter.
Cette stratégie est cependant parvenue à s’installer autour des valeurs consensuelles de la droite portées par Jaques Chirac : le travail, le mérite, l’innovation, la responsabilité individuelle, la justice et l’ordre.
Y aurait-il des problèmes d’intégration à l’UMP ?
L’arrivée de Nicolas Sakozy à la tête du mouvement avec sa nouvelle orientation néolibérale change la donne. Cette nouvelle droite "décomplexée" n’est plus du goût des démocrates chrétiens, des chiraquiens et autres radicaux. Pour preuve, la fronde des députés de la majorité s’exerce sur des sujets aussi symboliques de la nouvelle droite "décomplexée" que le travail du dimanche, la réintégration de la France dans le commandement militaire de l’OTAN ou la taxe professionnelle. Dernier couac en date, Jean-Pierre Raffarin et 23 députés ont annoncé qu’ils refuseraient de voter la réforme de la taxe professionnelle.
L’agitation faite autour du débat sur l’identité nationale n’y fera rien pour ressouder les troupes. Cette tentative se solde même par la montée du doute dans une majorité déjà vacillante. Alors que Martin Hirsch prend ses distances avec le gouvernement, Alain Juppé s’interroge sur la nécessité de ce débat et Christine Boutin craint le "dérapage sur des questions dont nous avons horreur". La majorité prendrait-elle l’eau ? Toujours est-il qu’une fenêtre politique favorable à l’éclosion des ambitions personnelles est ouverte. Dans la galerie des partisans de la droite rebelle : Nicolas Dupont-Aignan, le gaulliste au bon cœur, organise la résistance au sein du parti, Debout la République ; Dominique de Villepin, le soupirant outragé, compte son dernier carré et pense à la revanche ; Christine Boutin, la mère courage, s’outrage devant la déréliction morale du président ; et le redoutable Jean-François Copé intrigue dans son "UMP parallèle", Génération France.
Un objectif : la victoire
L’objectif commun de ce rassemblement électoraliste n’est pourtant pas oublié par les meneurs de la fronde : gagner les élections et grignoter sa part du gâteau. À l’approche des élections régionales, la Real Politik reprend le dessus.
En rappelant Dominique de Villepin à la raison, Jean-Pierre Raffarin essaye de trouver la voie du rassemblement : "Dominique de Villepin peut apporter des choses s’il le souhaite, il a l’expérience pour le faire. Mais il ne peut le faire qu’avec une recherche d’unité. Nous avons aujourd’hui une chance historique. Dans une crise particulièrement difficile, la majorité est rassemblée (sic) et l’opposition est divisée. Que la division reste dans l’opposition". Morale de l’histoire : "qui sème la division récolte le socialisme". Tout est dit.
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