Le « tri » dans les voix du FN a commencé
C’est l’apanage du troisième homme, en l’occurrence femme. Dans l’élection présidentielle on passe presque les 15 jours entre les deux tours à ne parler que de lui ou d’elle. Rappelez-vous 2007, le « rôle » était tenu par François Bayrou et l’on se souvient encore d’une Ségolène Royal l’attendant sur son balcon et du Béarnais n’osant pas franchir la porte de l’immeuble. Ce qui n’empêcha pas ces « amoureux refoulés » de se retrouver quelques jours plus tard devant les caméras et micros de BFM TV pour un débat dont tout le monde se foutait.
Bayrou n’a pas réussi à faire un remake en 2012 et c’est Marine Le Pen qui a gagné le droit de ce dernier tour de piste avant la tombée du rideau. A l’image de Bayrou en 2007 elle est bien partie pour profiter de ces derniers sunlights. L’exercice n’est d’ailleurs pas sans périls.
En effet les 6 millions et demi d’électeurs qui ont porté leurs suffrages sur la fille du Père ne sont pas des militants du FN, des adhérents. Ils ont au fond d’eux-mêmes tout un tas de raisons parfois contradictoires pour avoir effectué cette démarche. Dans ces conditions, les consignes de vote, qui sont le plus souvent très tactiques, bien éloignées des préoccupations non « partisanes » des électeurs risquent de faire apparaître la réalité d’une force ne retrouvant pas sa base. Par exemple le vote blanc ou nul dont on entend parler, même s’il n’est pas comptabilisé in fine, apparaît clairement devant le nez des observateurs avertis. C’est donc une consigne qui a ses contraintes. Jean-Marie Le Pen ne s’y était pas trompé prônant l’abstention plutôt que toute autre forme d’expression » Ce « faux nez » permet au contraire d’agréger les abstentionnistes « institutionnels »
Au bout du compte parmi ces 6 millions et demi d’électeurs beaucoup, en fait, iront voter et exprimeront un véritable vote. C’est alors que les grands commentateurs interviendront pour venir expliquer que les voix Lepenistes du premier tour qui se seront reportées sur François Hollande seront des « bonnes voix », des voix « sociales » de « malheureux épouvantés par la marche aveugle de la mondialisation ». Alors que celles qui auront pris le chemin « Sarkozyste » seront des voix de brutes incultes, xénophobes et racistes. Il n’est d’ailleurs pas nécessaire d’attendre le 6 mai au soir pour entendre ce type d’analyse : il est déjà presque lisible entre les lignes ou visibles sur les écrans.
Restera derrière, les législatives, et là il s’agira d’une toute autre affaire et d'une difficulté que Bayrou a bien connue.
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