• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile

Accueil du site > Actualités > Politique > Législatives 2024 (28) : la stratégie du chaos institutionnel de Jean-Luc (...)

Législatives 2024 (28) : la stratégie du chaos institutionnel de Jean-Luc Mélenchon

« Comprenez que nous avons le droit, de temps à autre, de réagir et de manifester notre, comment dire, agacement. Mais nous sommes dans une discussion. Si je ne devais tenir compte que de ce qui a été dit par les autres, d'abord, je commencerais par dire : pourquoi m'avez-vous éliminé de la candidature au poste de Premier Ministre ? » (Jean-Luc Mélenchon, le 19 juillet 2024 sur BFMTV).

Voilà, c'est dit ! Jean-Luc Mélenchon l'a toujours en travers de la gorge de s'est fait éliminer du grand jeu de téléréalité NFP Matignon qu'il avait lui-même créé. Quelles ingrates, ces punaises de lit ! Dans cette interview très significative de Jean-Luc Mélenchon, au siège de son parti sectaire des insoumis ce vendredi 19 juillet 2024, le journaliste Anthony Lebbos, un peu étonné de tant de transparence, a fait préciser : « Vous êtes toujours candidat ? ».

Réponse du grand prêtre : « Non non, je ne suis candidat à rien... », mais la tête montrait justement le contraire, procédé rhétorique bien connu qui veut démentir ce qu'on devrait confirmer. Car pour lui, il n'y a qu'un seul nom pouvant faire le boulot de cette nouvelle farce populaire (NFP), lui-même. Il l'a d'ailleurs dit un peu plus tard, de manière implicite : il n'y a pas besoin de désigner quelqu'un, le Président voit bien qui serait l'homme de la situation, comme dans les autres précédents de cohabitation, en indiquant par exemple que Jacques Chirac n'avait pas été désigné candidat Premier Ministre au bureau politique du RPR en 1986. Mais l'exemple était mal choisi : Jacques Chirac bénéficiait d'une majorité absolue à l'Assemblée Nationale UDF-RPR, certes serrée, mais absolue quand même, ce qui n'est pas du tout le cas du NFP en 2024 (les chiffres sont têtus).

Tout au long de cette interview de près d'une demi-heure, ont transpiré l'amertume, la colère, l'agacement du grand gourou en chef, au point que le journaliste en a fait les frais (mais il était prévenu, Jean-Luc Mélenchon a toujours malmené les journalistes). Et on ne sait pas trop bien s'il déteste plus Emmanuel Macron ou plus ses supposés propres partenaires, les horribles socialistes qui se sont portant couchés devant lui et qu'il appelle des punaises de lit, par l'intermédiaire de sa compagne députée, conseillère en communication politique (on ne pourra pas dire qu'elle était maladroite), alors qu'il faut rappeler que dans les années 1930, d'autres forces politiques comparaient d'autres catégories de la population, pas avec des punaises, mais avec de la vermine.
 

Mais finalement, peut-être doit-on croire Jean-Luc Mélenchon quand il dit qu'il n'est candidat à rien. Il faut sans doute écouter le cher et sage sénateur Claude Malhuret qui parlait, le 18 juillet 2024 au Sénat, de la « franche la plus radicale, dont le but n'est pas de gouverner mais de rendre le pays ingouvernable ». Car c'est exactement dans cette stratégie du chaos institutionnel que Jean-Luc Mélenchon veut faire plonger la France.

Le sujet de l'interview est principalement les socialistes et le blocage, non pas à l'Assemblée avec une majorité introuvable, mais chez lui, au NFP, car ils sont incapables de s'entendre depuis deux semaines. Comment pourraient-ils gouverner ensemble ?

Un peu plus loin, le journaliste a cru entendre que Jean-Luc Mélenchon souhaitait la démission du Président de la République. Il lui a fait donc répéter et il a répondu : « Le sujet, c'est : si monsieur Macron ne permet pas à la démocratie de se concrétiser par un gouvernement, il ne faudra pas s'étonner que, ensuite, le mot d'ordre de tout le pays, avant la fin du mandat, ce soit Macron démission. Et j'ajoute que je l'ai déjà entendu. ». Si ce n'est pas une menace personnelle, alors je suis la reine d'Angleterre.

Petit arrêt sur la bande son : il faut traduire. "Ne permet pas à la démocratie de se concrétiser par un gouvernement", cela signifie pour l'insoumis : "Ne nomme pas un gouvernement NFP". Or, tout le problème du raisonnement de Jean-Luc Mélenchon, c'est qu'il n'a pas la majorité absolue, et la séance du 18 juillet 2024 où son candidat au perchoir André Chassaigne a échoué a montré qu'il n'était pas la force politique la plus importante. Sinon André Chassaigne aurait gagné. C'est factuel, lui qui aime bien le factuel.
 

Déjà, on voit bien qu'il dit n'importe quoi, car je reviens juste après sur ses premières déclarations qu'Anthony Lebbos a voulu faire préciser. Il disait que de toute façon, le gouvernement NFP serait censuré, et qu'il censurerait le suivant. Donc, même si le Président "permet à la démocratie de se concrétiser", ce ne sera pas bon puisqu'à la fin, Jean-Luc Mélenchon réclamerait la démission d'Emmanuel Macron.

Certes, juste après cette phrase, il a ajouté : « Moi, je ne souhaite pas que les mandats soient abrégés. Ce n'est pas mon souhait. Je viens de vous dire que j'espère le respect des règles. Mais si le Président de la République rend impossible le fonctionnement des règles, alors, oui, il devra s'en aller. Parce que sinon, qu'est-ce que vous voulez qu'on fasse ? On ne va pas rester sans gouvernement où toutes les semaines, changer de gouvernement avec un vote de censure, vous comprenez, ce n'est pas possible. ».

"Moi, je ne souhaite pas la démission"... mais il l'a dit avec une telle force d'envie, de rage, que c'est assez peu crédible. C'est clair, il attend une occasion, et il va réclamer la démission du Président de la République. Auquel cas, il serait un vrai insoumis. La faute à Emmanuel Macron a bon dos : aujourd'hui, c'est la volaille du NFP qui est incapable de s'entendre sur un chef. Et un chef de quoi ? D'aucune majorité !

Le problème, c'est que dans ses raisonnements, il n'y a que des biais, des oublis historiques, des erreurs, et des mensonges. Le principal mensonge, car il n'est pas idiot, c'est de clamer matin midi et soir, depuis le 7 juillet à 20 heures 02 que le NFP avait gagné les élections, qu'il était majoritaire. La réponse objective est non : à cause de cette situation tripartite, personne, aucun camp n'a gagné, et c'est pour cela qu'il va falloir qu'ils travaillent ensemble pour arriver à un gouvernement commun. Sûrement pas en restant obstinément dans cette position : le programme (très dangereux) du NFP, rien que le programme, tout le programme ! Celui-ci n'est approuvé que par 28% des électeurs et 31% des députés, pas plus ! Et encore, grâce à la mécanique très efficace du front républicain. Le camp macroniste n'a jamais dit qu'il avait gagné, il a reconnu au contraire sa défaite, mais tout le monde a échoué, aucune majorité n'existe dans l'état actuel des forces politiques. C'en est même psychologiquement déstabilisant.
 

Et il faut revenir à ce raisonnement de Jean-Luc Mélenchon qui ne veut rien que le programme : « Nous ne combinerons pas. Que monsieur Macron prenne la responsabilité de faire déposer contre notre gouvernement une motion de censure. Et ensuite, il verra, une fois notre gouvernement tombé. À notre tour nous voterons une motion de censure contre la droite. Il ne lui restera plus qu'une issue. S'en aller, lui. Parce qu'il y a toujours une solution... ».

Voilà la stratégie du chaos institutionnel dit très explicitement par Jean-Luc Mélenchon, comme si les institutions étaient un jeu de société où on a du temps à perdre avec des gouvernements morts-nés. Il n'y a aucune raison que le Président de la République nomme un gouvernement dont la probabilité de censure est proche de 100%. D'ailleurs, c'est ce qu'il a indiqué : il nommera un Premier Ministre qui lui prouvera qu'il pourra gouverner avec cette Assemblée, c'est-à-dire qu'il a assez de soutien pour ne pas être censuré immédiatement.

Pour Jean-Luc Mélenchon, il faut s'amuser avec des gouvernements et des censures pour arriver enfin à son résultat : la démission d'Emmanuel Macron. Il est exact que le candidat gourou a toujours refusé de reconnaître sa défaite et la victoire présidentielle d'Emmanuel Macron tant en 2022 qu'en 2017. C'est grave quand on veut donner tout le temps des leçons de démocratie. La première leçon, c'est de reconnaître sa défaite, de reconnaître les institutions, de respecter les institutions, et les personnes.

Mais Jean-Luc Mélenchon a senti que le journaliste n'a pas compris son raisonnement. Alors il a repris l'explication plus précisément. Je la couperai pour en donner quelques biais, car tout pue l'intention de tromper intellectuellement ses interlocuteurs.

Le supposé ex-futur Premier Ministre a répété comment il voyait l'avenir : « Si nous présentons un gouvernement et qu'il applique sa politique, et qu'il est censuré immédiatement, eh bien, nous respecterons la démocratie, il n'y aura plus de gouvernement. Mais en porteront la responsabilité ceux qui auront censuré. À leur tour, ils présenteront un gouvernement, de la droite et du centre, et nous le censurerons. Donc il tombera aussi. Par conséquent, il ne restera plus qu'une personne, et qui ne pourra pas dissoudre l'Assemblée, car la Constitution le lui interdit. Donc, il ne lui restera plus qu'une possibilité, s'en aller. ».

Je coupe la tirade à cet instant, mais je la continuerai après. Déjà, cela n'a aucun sens, sinon un jeu de combines politiciennes, de nommer un gouvernement si on est sûr qu'il sera censuré deux jours plus tard. En ce qui concerne un gouvernement incluant des ministres insoumis, l'incertitude est nulle : s'il en était nommé un, le bloc central et le RN le censurerait, ce qui donnerait une majorité absolue.

Quant à porter la responsabilité d'une censure, je suppose que le centre, la droite et l'extrême droite n'auraient aucune réticence à assumer pleinement et ouvertement le vote d'une mention de censure contre un gouvernement truffé d'insoumis, c'est même le principe d'une motion de censure, exprimer institutionnellement son désaccord ! Seulement, le sieur Mélenchon pense d'abord aux socialistes qui tremblent de peur de se faire traiter de traîtres, de fausse gauche par FI.
 

En revanche, en cas d'un gouvernement de centre droit, les insoumis le censureraient probablement, cela ne fait aucun doute. Mais l'idée serait aussi de faire participer les socialistes au nom de l'intérêt de la République et du pays. Et la position du RN est également très claire, rappelée par la députée Edwige Diaz, vice-présidente du RN, qui a affirmé sur LCI le 18 juillet 2024 que le RN n'avait pas vocation à censurer un gouvernement de droite ou du centre.

Il est apparemment des partis politiques qui savent mieux que Jean-Luc Mélenchon où se place l'intérêt national (et certainement pas dans l'ego d'un gourou vieilli et aigri). J'ajoute d'ailleurs que ce vendredi soir, l'élection, dès le premier tour, des deux vice-présidentes insoumises de l'Assemblée (Clémence Guetté et Nadège Abomangoli), s'est produite grâce aux voix du RN, ce qui ne semble pas trop émouvoir les insoumis ! (d'autant plus que le RN n'a plus de vice-présidence lui-même).

Le patriarche de la lettre phi a poursuivi sa démonstration : « Ce que je veux vous dire, c'est que nous sommes en train de passer d'une situation de crise démocratique, ça ne collait pas, à une situation de crise de régime, et que l'auteur de cette situation est le Président de la République. Donc, il y a toujours le retour aux urnes. La première fois, c'était en renvoyant chez eux les députés. La prochaine fois si tout est bloqué, c'est qu'il s'en aille lui-même. ». Je coupe ici.
 

Là encore, beaucoup d'inepties. C'est Jean-Luc Mélenchon qui parle de crise de régime, et lui seul. Il n'y a pas de crise de régime. Juste des partis politiques incapables de s'entendre. L'élection de la Présidente de l'Assemblée Nationale s'est déroulée calmement, normalement, démocratiquement, quasi-courtoisement (poignées de mains exceptées). Il n'y a pas de crise de régime. La crise de régime, c'est quand il n'y a plus d'institutions. Celles de l'Assemblée Nationale sont bien là, même si, effectivement, la situation est nouvelle, plus compliquée surtout parce que nouvelle, un peu comme lors de la première cohabitation.

Ensuite, je veux exprimer un élément qui est absolument essentiel, fondamental. C'est faux de dire que « l'auteur de cette situation est le Président de la République ». Oui, bien sûr, Emmanuel Macron a dissous l'Assemblée, et je crois que, encore aujourd'hui, personne (à part lui ?) n'a compris ce geste. En revanche, il avait le droit de dissoudre, le droit d'appliquer cette partie de la Constitution. La situation potentiellement de blocage ne provient pas de la dissolution. Revenir aux urnes est même l'alfa et l'oméga de toute démocratie. Les risques de blocages, la difficulté d'une répartition tripartite de l'Assemblée, ce n'est pas du fait d'Emmanuel Macron. Jean-Luc Mélenchon oublie simplement qu'il y a eu le peuple, simplement, qui s'est exprimé. Et son expression était partagée, contrastée, compliquée à conclure. En d'autres termes, la dissolution, c'était la prise de température, le thermomètre, pas la maladie. La température, c'est simplement la parole du peuple, parole complexe. C'était au contraire très courageux d'avoir dissous. Le Président de la République l'a d'ailleurs dit : il aurait pu confortablement faire le dos rond et attendre que les choses se passent.

Dans la suite du raisonnement, Jean-Luc Mélenchon a encore prétendu qu'il ne voulait pas de la démission d'Emmanuel Macron : « Mais ce que je suis en train de dire n'est ni un souhait ni un ordre ni une consigne, c'est un état de fait. Si le Président de la République joue la crise politique avec un gouvernement du nouveau front populaire, à la fin, il ne restera plus qu'une issue, puisqu'il ne peut plus redissoudre l'Assemblée, c'est son propre départ. ».

Mensonge, ce qu'il a raconté. Car l'impossibilité de la dissolution resterait la même avec la démission du Président de la République. Une nouvelle élection présidentielle avant un an ne débloquerait donc pas la situation à l'Assemblée car le blocage ne proviendrait pas de l'Élysée (il n'en aurait aucun intérêt) mais de l'absence de majorité, même relative. Jean-Luc Mélenchon fait comme s'il avait lui-même une majorité absolue à l'Assemblée. Ce n'est pas le cas. Il faut qu'il se réveille au lieu d'endormir les Français !
 

Le raisonnement reste toujours confus : on ne sait jamais s'il reproche à Emmanuel Macron de ne pas avoir nommé de gouvernement NFP dont le Premier Ministre n'a pas encore été identifié ou s'il considère qu'il va encourager les députés à censurer un tel gouvernement. Mais qu'importe, car il faut résumer la pensée mélenchonienne relativement claire : Macron caca, panpan féfesse et ouste, à moi l'Élysée !

Et puis est arrivée une logorrhée d'histoire vaguement mal digérée : « Entendez-moi bien, on n'est plus dans un jeu de vote, d'astuces, je suis en train de décrire une crise de régime, et le Président de la République conduit le pays à une crise de régime (…). Donc, après un certain moment donné, en quelque sorte pour que la France respire, il faut que lui comprenne que ou il change de pratique, c'est-à-dire ou il se soumet, ou bien il se démet. Cela s'est déjà passé dans l'histoire de France, au moins trois fois, chaque fois que le Président a engagé sa responsabilité en 1924, à la sortie de la Troisième République, ou le Président De Gaulle. Le Président De Gaulle avait engagé sa responsabilité sur le succès d'un référendum. Il l'a perdu, il est parti le lendemain matin. Donc, ce n'est pas nouveau en France et c'est la démocratie. (…) Nous ne participerons pas à un gouvernement qui ne prend pas l'engagement d'appliquer le programme, quelle que soit la forme par laquelle..., on ne nous tordra pas les bras, nous, on restera fidèle à la parole donnée aux électeurs. ». Sauf que les électeurs ont raconté une autre histoire que celle-là. Crise de régime ? À moins que je n'ai pas bien compris qu'il s'agissait de diététique ?

Je suis même un peu déçu de cette pauvreté intellectuelle de Jean-Luc Mélenchon. Il a parlé de trois références historiques, mais je n'en vois qu'une à peu près pertinente dans ce qu'il a dit : la démission du Président Alexandre Millerand en 1924, car il avait en effet pris parti pendant la campagne des élections législatives en faveur du Bloc national (majorité sortante) et c'est le Cartel des gauches (déjà un cartel électoral !) qui a gagné. Le parti radical majoritaire (Édouard Herriot) a alors fait une grève des Présidents du Conseil, obligeant le Président de la République à démissionner. Mais la situation de 1924 n'a rien à voir avec celle de 2024 : le Cartel des gauches avait la majorité absolue de l'Assemblée et pouvait se permettre de défier le Président de la République.

Il a évoqué la fin de la Troisième République : quel rapport avec la situation de 2024 ? La Troisième République est tombée en juillet 1940 par le chef du gouvernement lui-même qui a éliminé le Président de la République pour faire sa Révolution nationale (c'était Pétain). Il n'y avait aucune majorité ni aucune Assemblée dans cette affaire, c'était la même Assemblée que celle du Front populaire (le vrai, lui, le seul) élue en 1936 qui a voté les pleins pouvoirs à Pétain qui était déjà le chef de l'exécutif. Albert Lebrun n'a jamais pris parti à rien (c'est d'ailleurs ce que je pourrais lui reprocher).

Quant au troisième exemple, complètement différent : l'échec du référendum et la démission de De Gaulle, en 1969, encore une fois, cela n'a rien à voir avec 2024. Les historiens évoquent plutôt un prétexte pour quitter glorieusement le pouvoir alors qu'il n'avait pas terminé de rédiger ses mémoires et sa femme Yvonne aspirait au calme et à la tranquillité. Là encore, le "non" au référendum était majoritaire, d'une majorité absolue, rien à voir avec les 31% de députés de l'Assemblée aujourd'hui pour le NFP. De plus, l'échec au référendum n'a pas, par la suite, entraîné la démission du Président de la République : François Mitterrand l'avait exclu en 1992 en cas d'échec du référendum sur le Traité de Maastricht, et Jacques Chirac n'a pas démissionné après l'échec du référendum sur le TCE en 2005.

En revanche, Jean-Luc Mélenchon a oublié un épisode de la Troisième République beaucoup plus intéressant, avec la fameuse crise politique du 16 mai 1877 : après la dissolution d'une Assemblée devenant de moins en moins monarchiste et de plus en plus républicaine, le Président monarchiste, le maréchal Patrice de Mac Mahon a été sommé par Léon Gambetta de « se soumettre ou se démettre » (discours du 15 août 1877 à Lille). Finalement, l'histoire a retenu qu'il a fait les deux, laissant gouverner un gouvernement républicain puis, refusant certaines nominations d'officiers (il était maréchal de France), il a démissionné le 30 janvier 1879 (près de deux ans après la crise). Mais là encore, il y avait une majorité absolue favorable aux républicains, rien à voir avec 2024.
 

On le voit bien aujourd'hui, Jean-Luc Mélenchon, c'est le naufrage de la vieillesse. Un naufrage politique, mais aussi un naufrage intellectuel. Il croit épater ses adeptes avec des raisonnements trompeurs et biaisés, servis par de fausses références historiques. S'il fallait chercher une comparaison historique, il suffirait simplement de regarder la Quatrième République, entre 1947 et 1958. Pendant onze ans, aucune majorité absolue d'un camp, étriqué entre un RPF très à droite et un PCF très à gauche, tous les deux très puissants. Les forces centrales très différentes (SFIO, radicaux, démocrates chrétiens du MRP, républicains indépendants du CNIP et quelques gaullistes républicains sociaux, plus quelques micro-partis de centre gauche) ont dû négocier en permanence pour former un gouvernement, le renverser ensuite sur un sujet bien particulier, puis en renommer un nouveau, etc. Ils ont cependant réussi à s'entendre et la France des années 1950 a été en pleine croissance, en pleine reconstruction, avec une natalité flamboyante et de nouveaux droits sociaux. Et aucune dette, aucun déficit !

Aujourd'hui, c'est Jean-Luc Mélenchon qui met en danger la République et la démocratie. C'est son sbire Adrien Quatennens (qui n'est plus député), soufflé par son chef, qui voudrait une marche sur Matignon, comme si la rue allait s'opposer aux urnes. C'est la secrétaire générale d'une CGT complètement mélenchonisée qui voudrait mettre sous surveillance l'Assemblée Nationale, c'est-à-dire les représentants du peuple, en oubliant que la Constitution interdit absolument qu'un seul député soit sous pression pour exercer son mandat issu du peuple (article 27 de la Constitution : « Tout mandat impératif est nul. Le droit de vote des membres du Parlement est personnel. »). La dernière pression sur les députés, c'était le 6 février 1934.

Que Jean-Luc Mélenchon souhaite le pire pour la France, souhaite voir encourage le chaos institutionnel pour tenter de prendre le pouvoir par d'autres moyens que démocratiques, cela ne m'étonne pas, il a toujours été un enragé. Ce qui m'inquiète, c'est quel intérêt les socialistes ont-ils à rester ligotés au fond de la soute à bagages, ainsi malmenés par les insoumis ? Est-ce le syndrome de Stockholm ? En tout cas, il est clair que les socialistes doivent sortir de l'emprise sectaire du mélenchonisme populiste. Certains ont déjà parcouru le chemin, comme Jérôme Guedj ou Raphaël Glucksmann, mais ils sont peu nombreux. Il revient à François Hollande d'éclairer ce chemin, lui qui a été insulté encore très récemment, le 15 juillet 2024 (l'effet punaises de lit).

Pas facile d'être socialiste quand Olivier Faure est à la tête d'un PS mélenchonisé. C'est toujours très difficile psychologiquement de quitter une secte. On le voit aujourd'hui. Mais c'est la seule voie du salut pour ne pas décevoir leurs électeurs qui ne comprennent pas leurs enfantillages actuelles. Ce n'est pas une adversaire mais bien une membre à part entière du NFP qui a dit ceci : « Je suis en colère, écœurée, je suis fatiguée, j'en ai marre, je suis désolée du spectacle qu'on donne aux Français et aux Françaises. ». Marine Tondelier ne doit pas être la seule...


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (19 juillet 2024)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Législatives 2024 (28) : la stratégie du chaos institutionnel de Jean-Luc Mélenchon.
Législatives 2024 (27) : l'émotion de Yaël Braun-Pivet.
Législatives 2024 (26) : les larmes de Marine Tondelier.
Législatives 2024 (25) : faut-il ostraciser le RN à l'Assemblée Nationale ?
Législatives 2024 (24) : Huguette Bello, mélenchonette en peau de lapin.
Législatives 2024 (23) : grand pays recherche son gouvernement.
Législatives 2024 (22) : qui au perchoir ?
Législatives 2024 (21) : marche sur Matignon ?
Lettre aux Français par Emmanuel Macron le 10 juillet 2024 (texte intégral).
Législatives 2024 (20) : le poison du scrutin proportionnel.
Législatives 2024 (19) : quel possible Premier Ministre pour une impossible majorité ?
Législatives 2024 (18) : la fin du cauchemar Bardella (pour le moment).
Résultats du second tour des élections législatives du 7 juillet 2024.
Fake news : la scandaleuse manipulation politique du RN.
Législatives 2024 (17) : rien n'est joué dimanche prochain !
Législatives 2024 (16) : la question de dimanche prochain.
Législatives 2024 (15) : les promesses n'engagent que ceux qui y croient !
Législatives 2024 (14) : la revanche des gilets jaunes ?
Législatives 2024 (13) : fortes mobilisations au premier tour.
Résultats du premier tour des élections législatives du 30 juin 2024.
Appel aux sociaux-démocrates.
Éric Le Boucher : la France va plutôt bien (27 juin 2024).
Législatives 2024 (12) : un isoloir, ce n'est pas un cabine d'essayage !
Législatives 2024 (11) : front, rassemblement, union nationale, barrage, consignes de vote...
Législatives 2024 (10) : il était une fois Jordan Bardella, Gabriel Attal et Manuel Bompard.
Législatives 2024 (9) : Emmanuel Macron et son n'ayez-pas-peur !
Interview d'Emmanuel Macron à Génération Do It Yourself le 24 juin 2024 (podcast intégral).
Lettre aux Français d'Emmanuel Macron le 23 juin 2024 (texte intégral).
Législatives 2024 (8) : la bataille de Matignon.
Le programme aux élections législatives du 30 juin 2024 d'Ensemble pour la République (document à télécharger).
Législatives 2024 (7) : Ensemble pour la République.
Législatives 2024 (6) : Nicolas Sarkozy et François Fillon bougent encore !
Législatives 2024 (5) : le trouble de Lionel Jospin.
Législatives 2024 (4) : l'angoisse de Manuel Valls.
Législatives 2024 (3) : François Hollande dans l'irresponsabilité totale !
Législatives 2024 (2) : clarification ou chaos ?
Législatives 2024 (1) : vaudeville chez Les Républicains.
Sidération institutionnelle.
Élections européennes 2024 (4) : la surprise du chef !
Résultats des élections européennes du dimanche 9 juin 2024.



 


Moyenne des avis sur cet article :  1.48/5   (25 votes)




Réagissez à l'article

31 réactions à cet article    


  • leypanou 20 juillet 16:16

    Il faut sans doute écouter le cher et sage sénateur Claude Malhuret qui parlait  : une petite information sur le cher et sage sénateur en question est qu’il est pour la vaccination contre le covid obligatoire pour tout le monde.

    Comme l’Union Européenne a commandée pour plus de 4 milliards de doses, chaque Européen a donc droit à 10 doses chacun, bébés compris  : ceux qui ne sont pas à jour de leurs doses sont donc priés de le faire.


    • La Bête du Gévaudan 20 juillet 19:24

      @leypanou

      Mélenchon, le NPA, et tous les militants d’extrême-gauche étaient du même avis... ils ont passé leur temps à conspuer les « individualistes bourgeois libéraux » qui refusaient les « lumières de la science collectiviste ».

      Ce sont les médias libéraux de droite (C-News puis le Figaro) qui ont dénoncé dès le début la tyrannie pseudo-sanitaire. 

      Les manifestations contre le régime restrictif ont été le fait du peuple réel, bien loin des milices gauchistes et autres syndicalistes antifa du « capitalisme des parties prenantes ». Il suffisait de le voir sur le terrain.


    • Eric F Eric F 22 juillet 09:51

      @La Bête du Gévaudan
      Jadot avait même préconisé que la vaccination anticovid soit obligatoire.

      Ceci dit, le covid a fait une nouvelle victime : suite à une nouvelle rechute, Biden jette l’éponge.


    • cevennevive cevennevive 20 juillet 16:30

      On le voit bien aujourd’hui, Jean-Luc Mélenchon, c’est le naufrage de la vieillesse. Un naufrage politique, mais aussi un naufrage intellectuel.

      En effet !

      Lamentable !

      J’ai si « mal à ma gauche ancestrale » que je m’en suis détournée...


      • ETTORE ETTORE 20 juillet 17:48

        Rakoto...

        Vous avez remarqué, comme votre jardinier Elyséen, qui se dit, Mozart de la Finance, Maître des Horloges, JupiteRIEN, et bon à tout, échoue lamentablement dans sa culture de plantes Politico-arômatiques ?

        N’arrivant à faire pousser dans son champ privatif, que des plantes envahissantes, voir urticantes, justes bonne à devenir feu de paille, à la prochaine flambée sociale.

        Faut quand même lui reconnaitre cette prépondérance, à ne faire éclore que du chiendent,

        A se demander si, chez lui, les feuilles d’orties, ne remplacent pas le PQ alternatif constitutionnel, en voyant comment se déroule la feuille de route de l’hémicycle, visiblement bien CON-gestionné, par beaucoup de pliages en origami, donnant des investitures en papier d’Armenie, pliés à l’avance.

        Faudrait penser, un de ces quatre, à changer les étiquettes des trônes veloutés, pour mieux préciser leur fonction, déjà découvertes par certains incontinents, mais, voilà....Une chaise percée, ne se devine qu’à l’odeur.

        Et beaucoup, déjà, semblent avoir les mains occupées à se boucher le nez.


        • Dudule 20 juillet 18:00

          Les délires macronistes relayés par les médias de grands chemins commencent vraiment à fatiguer.

          1) Combien de députés macronards élus avec des voix de gauches ? Plusieurs dizaines. Ces voix ont évité à la macronerie une véritable déroute électorale.

          2) L’inverse n’est pas vrai. Très peu de reports de voix de droite et du centre vers le NFP. Si les reports de voix avaient été équivalent de la droite vers la gauche, le NFP aurait plusieurs dizaines de députés en plus (et le RN en moins).

          Et ces cloportes de macronistes, Rakomachin en tête, se comportent aujourd’hui comme si rien ne s’était passé, comme s’ils ne devaient rien du tout au NFP, et si tous leurs députés élus ne devaient élection qu’à leur immense popularité.

          Le comportement de la macronie est inadmissible. Ils défèquent sur le vote populaire qui s’est mobilisé contre l’extrême droite, et le NFP a des exigences qu’il est tout à fait en droit d’avoir. Les macronards dévoilent leur vrai visage de profiteurs du RN, ce qui ne surprendra personne d’informé. Ils l’ont déjà fait et le feront tant qu’ils pourront. Ces gens n’ont aucune honte, seul leur compte en banque à de la valeur à leurs yeux.

          Et la journaille de titrer en boucle sur les prétentions scandaleuses de la gauche...

          Je ne commente même pas la mélenchophobie imbécile, tellement convenue et ridicule...


          • La Bête du Gévaudan 20 juillet 19:16

            @Dudule

            bien sûr que si qu’il y a eu des reports massifs de voix... même si effectivement ils ont été moindres dans le sens que vous indiquez... en effet, les électeurs centristes ayant du mal à voir la différence entre le Hamas et les Einsatzgruppen, ils avaient du mal à distinguer Mélenchon de Marcel Déat. Donc, si le but était de faire barrage à l’extrême-droite, il fallait donc faire barrage au NFP. Cependant, les reports ont bien eu lieu.

            De leur côté, les électeurs de gauche se sont massivement reportés sur les candidats du « facho-macronisme » et des « ultra-libéralistes de droite » de LR... pour ensuite nous expliquer que Macron et Darmanin sont Adolf et Bénito... vous nous prenez vraiment pour des gondoles ?

            Le vote populaire s’est surtout massivement mobilisé contre le « barrage castor », dont la seule raison d’être est d’unifier la bourgeoisie (centriste) et ses milices (islamo-gauchistes) de plus en plus séditieuses et racistes. Le slogan « tout sauf le RN » est un synonyme de « tout sauf le peuple ». Ce slogan incarne le mépris de classe gauchiste contre les prolétaires qui votent mal. A tel point que, « le peuple ayant mal voté il faut changer de peuple » (B. Brecht), la gauche a décidé d’accélérer la migration de masse et la déculturation wokiste.


          • Eric F Eric F 22 juillet 09:58

            @Dudule

            ’’Si les reports de voix avaient été équivalent de la droite vers la gauche, le NFP aurait plusieurs dizaines de députés en plus (et le RN en moins)’’


            A la proportionnelle, le bloc national aurait eu 192 sièges (près de 50 de plus), et le NFP 162 (20 de moins), donc vous avez bel et bien eu un bonus à son détriment, même si le bonus du centre-droit est plus important.

          • Seth 20 juillet 18:01

            Tout d’abord, le « cher et sage » Malhuret de Vichy vous roule un palot avec la langue en remerciement de ce compliment qui le touche d’autant plus qu’à part quelques bonnes mémoires, personne ne sait qui c’est.

            Mais passons aux choses sérieuses et autrement plus pressantes que cette petite attaque mesquine contre Mélenchon développant à l’envi la doxa que vous avez apprise par coeur mais relevons cependant la présence répétée des trucs « rigolos » du rigolo très droitier Gorce qui fait se boyauter le Point et que l’on ne présente plus.

            Mame bronepivé sur laquelle vous vous répandîtes abondamment n’a pas eu de chance : quasiment tout le bureau de l’AN qui est supposé être d’accord avec elle pour que tout aille bien est passé à gauche, mon Dieu que cela est triste !

            La voilà donc bien seulette d’autant plus que son petit jeu favori consistant à jouer à la maîtresse d’école en punissant les élèves réfractaires est dans les mains du Bureau lui-même mais pas que, tout se décidant collectivement et ne lui laissant strictement aucun pouvoir individuel. Alors c’est fini de faire la pluie et le beau temps à l’AN, elle est là pour pas grand chose : présider en bonne potiche sans utilité réelle épicétou.

            Vivi... Peut être eut-il mieux valu pour elle que Chassaigne fut élu, ça lui aurait évité quelques avanies. Mais me direz vous, elle bien assez payée et défrayée pour manger son chapeau aussi mauvais soit-il et vous avez raison. smiley


            • La Bête du Gévaudan 20 juillet 19:08

              @Seth

              c’est toujours comique d’écouter les amis de Mélenchon (synthèse de Mitterrand, Trotsky et Déat) nous faire des leçons de « vichysme »...


            • Seth 20 juillet 20:11

              @La Bête du Gévaudan

              Qui vous a dit que j’étais copain de Mélenchon ?

              Et puis Déat, ça faisait longtemps qu’on ne l’avait pas sorti.

              Mais èrhaine, PME familiale issue de l’Algérie Françaie, de la gégène et des soldats de la Wehrmacht, ça n’est guère plus présentable.

              Et en plus vous avez oublié Doriot !


            • La Bête du Gévaudan 20 juillet 21:13

              @Seth

              vous avez oublié que c’est François MITTERRAND, ministre de l’intérieur, qui a organisé la torture en Algérie et massifié la peine de mort... oui, oui, François Mitterrand de gauche... le même François Mitterrand qui s’est opposé à la sortie de l’OTAN par le général de Gaulle.

              Donc, c’est bien rigolo de nous parler de Pétain et de l’Algérie, alors même que la gauche est trempée jusqu’au yeux dans la collaboration, la torture et le colonialisme. Le PS a été fondé en 1973 par le collabo raciste pétainiste atlantiste et tortionnaire colonialiste Mitterrand. Et toute la gauche s’est ralliée à lui. Mélenchon le cite encore comme son exemple.

              Par ailleurs, je vous invite à aller consulter les cartes électorales du vote en faveur de l’indépendance algérienne : ce sont les régions de droite qui ont voté en faveur de l’indépendance, alors que les régions de gauche étaient rétives. C’est la droite qui a démantelé l’empire colonial constitué par la gauche

              Je répète qu’il y a pour les races supérieures un droit, parce qu’il y a un devoir pour elles. Elles ont le devoir de civiliser les races inférieures... (Jules FERRY de gauche 1885)

              « L’Algérie c’est la France » (Mitterrand 1954).


            • Seth 21 juillet 14:39

              @La Bête du Gévaudan

              Je ne suis pas pote non plus avec le feu Mitterrand.

              Quant au jugement de Mélenchon sur lui, il est je pense assez proche du mien : il avait la personnalité d’un grand homme d’état et était respecté comme tel (à la différence du petit micron qui fait rigoler tout le monde) si on laisse de côté son règne qui a été assez catastrophique.


            • La Bête du Gévaudan 22 juillet 11:42

              @Seth

              Quant au jugement de Mélenchon sur lui, il est je pense assez proche du mien : il avait la personnalité d’un grand homme d’état et était respecté comme tel

              Ah oui, super... c’est bien la peine de nous faire des leçons de morale ensuite ! Mitterrand a commencé dans l’extrême-droite euro-raciste (la chasse aux « métèques » sic !), puis il est passé à la collaboration nazie anti-française, ensuite au colonialisme sanguinaire et à l’atlantisme forcené, avant de se vautrer dans l’euro-keynésianisme le plus mielleux... Et à part ça « c’est un grand homme d’état »... ah, elle est belle la gauche révolutionniste et donneuse de leçons !

              Mitterrand n’était pas respecté comme un grand homme d’état. De Gaulle le traitait « d’arsouille », à savoir de souteneur, de petit maquereau... Avec son faux attentat ridicule. Et une géopolitique de carpette euro-atlantiste. Typique un mec de gauche, quoi. Merluchon et la gauche essayent en vain de nous faire passer « Tonton la rupture » pour un grand homme d’état. C’était une serpillière.


            • La Bête du Gévaudan 20 juillet 19:05

              il n’y a pas de crise de régime... il y a juste la crise mentale du socialo-communisme... le vainqueur de l’élection n’est pas le NFP mais le « barrage républicain ». De ce fait, il faut qu’un gouvernement allant de Laurent Wauquiez à Philippe Poutou se mette en place avec un programme commun.

              Le « barrage républicain » nous a expliqué que le fascisme est aux portes du pouvoir, et qu’il faut donc s’allier, se fédérer, se désister, se mobiliser, passer des compromis et des compromissions. Bien... le « barrage républicain » a gagné...

              Puisque l’urgence anti-fasciste a justifié de s’allier et se désister aux élections, elle justifie également aujourd’hui de faire un gouvernement commun. Sauf à avouer que le théâtre anti-fasciste était une comédie, et que les électeurs ont été abusés dans leur bonne foi.

              Il reste donc à ce beau monde à s’allier ou bien à reconnaître qu’ils sont un ramassis de politiciens qui s’est fait élire sur une escroquerie éhontée des électeurs. Mais comme ces gugusses ne veulent à aucun prix reconnaître devant leurs électeurs qu’ils les ont abusés éhontément, alors ils mettent en place une impasse parlementaire.

              De Gaulle, qui savait parfaitement à quoi s’en tenir sur la racaille socialo-communiste et centriste, avait conçu la Vème république pour les obliger à s’occuper du pays et à se comporter en adultes. Mais le « barrage républicain », qui exclut un tiers du corps politique crée l’impasse (pas de majorité possible) et rétablit la cacophonie antécédente.


              • https://www.francesoir.fr/opinions-editos/tout-ca-pour-ca

                Oui. 40 jours de blabla et quelques 300 à 400 millions d’euros dépensés (coût estimé des dernières élections législatives), tout ça pour qu’en fait la situation politique de la France redevienne la même qu’avant quasiment. J’y reviens juste après. Cela fait cher la grenade dégoupillée et le défilé sans la foule du 14 juillet 2024.

                En effet, aux termes des 6 heures qu’ont duré les 3 scrutins qui ont été nécessaires pour accoucher d’un résultat en réalité couru d’avance ; puisqu’il est intervenu par le biais, on ne peut plus tordu, hélas habituel en ces 7 ans de macronie, de petits arrangements entre copains opérés en coulisses (1) ; Yaël Braun-Pivet a été réélue Présidente de l’Assemblée nationale, hier, jeudi 18 juillet 2024.

                Lorsque le 6 juillet 2020, Emmanuel Macron avait remplacé, au poste de ministre des Sports, l’escrimeuse Laura Flessel par la nageuse Roxana Maracineanu, je m’étais interrogé en ces mots concernant le pourquoi du comment de sa décision : « S’agit-il d’un coup d’épée dans l’eau ? » et j’avais couché cela dans un édito : « on prend les mêmes et on recommence ! »

                Aujourd’hui, je suis tenté de réitérer mon propos, mais en y ajoutant un constat troublant. Je m’explique.

                Si certes sa décision prise le 9 juin de dissoudre l’Assemblée nationale n’a donc apporté aucun changement pour ce qui est de la pratique « cabalistique » de l’attribution des bonnes places, entre copains, via des tractations opérées en coulisses, il y a une différence notable. La petite redistribution des cartes intervenue au terme du second tour des législatives, question nombre de députés des différents groupes parlementaires, fait qu’au-delà des fantasmes, l’État profond existe et Emmanuel Macron va pouvoir faire traîner les choses à son profit, en tardant le plus possible à nommer un Premier Ministre. Des Premiers Ministres, plus exactement.

                Pardi !

                Si l’on suit la logique qu’il a montrée depuis sa décision, Emmanuel Macron va probablement faire exprès, et à plusieurs reprises, de nommer Premier Ministre, une personne dont le Gouvernement va être à coup sûr l’objet d’une motion de censure qui va être adoptée.

                Pourquoi ?

                Parce qu’au bout de trois ou quatre utilisations de cet artifice, Emmanuel Macron pourra frauduleusement se présenter aux Français, comme étant on ne peut davantage « légitime » à diriger le pays seul, sans Gouvernement, par application de l’article 16 de la Constitution. À savoir au motif avancé que « le fonctionnement régulier des pouvoirs publics constitutionnels est interrompu », c’est-à-dire en invoquant une crise grave et immédiate qu’il a provoquée dans ce but précisément. Cela semble de plus en plus une hypothèse probante si j’en crois un de ses proches soutiens qui lors d’un diner récent déclarait « il se nourrit du mal qu’il peut faire en enfonçant ses collaborateurs, dans l’optique de se présenter comme le seul capable ».

                Il lui suffira alors de nommer juste avant cela un Premier Ministre ad hoc (à savoir qui ne formera pas de Gouvernement, afin de ne pas pouvoir être démis par une motion de censure). Dans l’optique de pouvoir respecter l’obligation posée par l’article 16, premier alinéa (2) de la Constitution, d’une « consultation officielle du Premier Ministre », en plus de la consultation des Présidents des deux Assemblées et du Conseil constitutionnel.


                • La Bête du Gévaudan 21 juillet 21:34

                  @SPQR audacieux complotiste chasseur de complot

                  cessez de rejeter sur Macron la faute des « parlementaires castors »... c’est « l’establishment castor » (de LR au NPA) qui est coupable du blocage. Point barre !

                  Celui qui a gagné les élections, c’est le « barrage castor ». Il doit donc gouverner. Après tout, les Castors nous ont expliqué que le fascisme est à nos portes et qu’il faut tous s’allier pour sauver la civilisation. Dont acte. Les castors ont gagné. Eh bien maintenant qu’ils assument, et forment un gouvernement castor ! D’autant plus que si le fascisme est à nos portes, alors il est grand temps de passer les compromis nécessaires. (à moins qu’ils n’aient menti aux citoyens pour gagner les élections).

                  C’est donc une question de responsabilité castorienne... Wauquiez et Rousseau, Darmanin et Poutou, Hassan et Glucksmann, Hollande et Mélenchon, Borne et Ruffin, Bayrou et Tondelier, Strauss-Khann et Panot... au boulot au boulot les castors !

                  Que les castors cessent d’accuser Macron de leurs propres insuffisances.


                • Eric F Eric F 22 juillet 10:01

                  @La Bête du Gévaudan
                  Macron est quand même le chef des castors, et en fin de compte c’est son bloc qui tirera les marrons du feu.


                • La Bête du Gévaudan 22 juillet 11:54

                  @Eric F

                  en effet... et le chef-castor n’a fait que mettre les valets-castors face à leurs responsabilités et leur hypocrisie... Macron en avait sans doute assez d’entendre les « opposants professionnels » jouer le concerto de l’hypocrisie. C’est à dire se donner le beau rôle en s’indignant des 49-3 et des mauvaises mesures de Macron, mais dans le même temps éviter soigneusement d’assumer de faire tomber le gouvernement, d’aller aux urnes, d’assumer les mesures impopulaires et les réalités financières, etc. Donc il leur a mis une bonne dissolution dans les gencives, et les castors se sont révélés pour ce qu’ils étaient : des marchands du temple. Et sitôt le théâtre antifasciste terminé et les prébendes conservées, l’immobilisme hypocrite a repris son cours dans les zoppositions...


                • Claude Courty Claude Courty 21 juillet 09:52

                  Je ne suis d’aucun parti, mais bravo !

                  Et merci pour cet article.


                  • Octave Lebel Octave Lebel 21 juillet 21:06
                    « Si le peuple a mal voté, dissolvons le peuple », inspiré de Bertolt Brecht smiley C’est tellement facile qu’on se demande pourquoi ce n’est pas encore fait. Tout est de la faute de LFI. Supprimons LFI et la démocratie. C’est quand même le point de convergence de la macronie et de la lepénie. Qu’on les laisse se débrouiller entre elles. Et nous pourrons faire de la propagande apaisante, enfin, en parlant pour l’essentiel de fleurs et de papillons ou de bonne cuisine et beaux voyages smiley 


                    Interview de Jean-Luc Mélenchon sur BFMTV (19 juillet 2024- 35 mn)

                    https://melenchon.fr/2024/07/19/interview-de-jean-luc-melenchon-sur-bfmtv

                    Une interview un peu technique mais très éclairante de JLM sur le vote à la présidence de l’Assemblée et sur le cheminement menant à la candidature de 1er ministre.

                    Si on veut se sentir citoyen, ne pas se faire balader et comprendre quelque chose, il y a des moments où on ne peut pas l’être à moitié et il s’agit de s’informer un peu plus en profondeur.

                    Concernant le vote et le choix des élus, JLM met en garde. Si celui-ci une fois de plus consiste à remettre en cause le vote des électeurs pour maintenir artificiellement les logiques d’une politique dans une vaste compromission, la situation politique et sociale s’aggravera d’autant plus.

                     


                    • La Bête du Gévaudan 21 juillet 21:25

                      @Octave Lebel

                      ceux qui veulent « dissoudre le peuple qui vote mal », c’est LFI qui veut faire venir plein d’immigrés subventionnés afin de dissoudre le peuple prolétarien qui vote RN...

                      quant à dissoudre la démocratie, c’est le projet de LFI avec sa « mise sous surveillance » (dixit Sophie Binet de la CGT) de l’Assemblée Nationale... un procédé qui rappelle évidement la Terreur de Robespierre et des sans-culottes à la Convention... méthode, doctrine et période que Mélenchon revendique ouvertement !

                      C’est Mélenchon qui a déclaré que « les Français de souche posent problème » et qu’il propose « de la leur mettre dur » ... C’est son ami écolo-nazi Aymeric Caron qui a déclaré que « nous ne faisons pas parti de la même espèce humaine ».

                      Mélenchon « met en garde » contre la « compromission » ? Ah ah ah ! Ce gugusse qui a appelé à faire le NFP puis le « barrage castor » en votant pour Darmanin, Borne, Hollande et Wauquiez ? Franchement, cessez de nous prendre pour des drôles !


                    • tashrin 22 juillet 17:26

                      @La Bête du Gévaudan
                      En meme temps ya plus grand chose à dissoudre
                      La democratie ca va avec 
                        des citoyens éclairés (Ah !)
                        une information honnete et non partisane (Ah ah)
                        Laseparation des pouvoirs, a minima (Ah ah ah ah ah ah !)
                      Franchement, cessez de nous prendre pour des drôles !

                      Je suis d’accord mais ca marche...


                    • Robert GIL Robert GIL 22 juillet 09:20

                      Après les législatives, le marchandage s’intensifie, le rôle de la macronie étant rehaussé contre toute attente par la bouée de sauvetage que lui a offert sa récente alliance avec le « Nouveau Front populaire  », sous prétexte de sauver la France de l’extrême droite et de se «  confronter ensemble » à ce péril.

                      voir :

                      En France, les marchandages s’intensifient…

                      • Eric F Eric F 22 juillet 10:04

                        @Robert GIL
                        En effet, les rounds précédents ont mis le RN sur la touche, le round en cours consiste à mettre le NFP sur la touche, en attendant qu’il ne se dissolve.


                      • La Bête du Gévaudan 22 juillet 12:16

                        @Robert GIL

                        sans le « barrage castor », ni le NFP ni le Centre n’auraient pu sauver ainsi les meubles... donc, pourquoi s’étonner des conséquences ? A un moment donné « rien ne se perd, rien ne se crée, et tout se transforme »... je veux dire que les manoeuvres hypocrites de la gauche finissent par se retrouver dans l’assiette... il y a des limites aux miracles.

                        Plus profondément, interrogez-vous sincèrement sur le rôle diviseur alloué à Mélenchon (et qui explique l’étrange tolérance dont il bénéficie malgré sa démagogie et ses outrances). La première motivation de la gauche radicale n’est pas de promouvoir des idées de justice sociale, mais de « faire barrage au RN »... c’est bien la « montée de l’extrême-droite » qui a enclenché la formation du Front de Gauche et de la suite. Auparavant, tout ce beau monde grenouillait dans la mangeoire euro-socialiste sans problème. Ce qui démontre bien que c’est une réaction de défense du système qui a enclenché ce processus.

                        Ceci explique le comportement de Mélenchon (qui est une sorte de Bernard Tapie ou de Cohn-Bendit) qui navigue sans vergogne entre extrémisme provocateur et ralliements opportuns au système. Avec Mélenchon, qui catalyse une (totalement hétéroclite) convergence des luttes, l’oligarchie est certaine de diviser suffisamment le peuple pour garder la main. Et ça fonctionne bien !


                      • Eric F Eric F 22 juillet 14:03

                        Mélenchon est un orateur émérite et un habile stratège, il arrive à convaincre par la magie du verbe et la méthode Coué (comme le montre l’illustration de l’hypnotiseur dans l’article)


                        • tashrin 22 juillet 17:23

                          @Eric F
                          Le meilleur c’est le ressenti de victoire :)


                        • tashrin 22 juillet 17:22

                          Vous etes naif, de mauvaise foi ou macroniste, un peu nan ? Et je defends pas melenchon, vous pouvez demander à Lebel qui devrait pas tarder

                          Déjà, dans le titre, si vous remplacez Melenchon par Macron, ca marche tout pareil

                          Oui, bien sûr, Emmanuel Macron a dissous l’Assemblée, et je crois que, encore aujourd’hui, personne (à part lui ?) n’a compris ce geste

                          Si si, tout le monde a compris. Le resultat escompté est précisément ce qui se passe : un chaos institutionnel permettant de mettre en lumiere les failles des opposants (et LFI s’est preté au jeu de manière inespérée), foutre un zbel monstre, et se presenter en sauveur de le democratie menacée par les chemises brunes et rouges lors des prochaines échéances, ce qui a de grandes chances de fonctionner.

                          Après Meluche, il fait du Meluche. Contrairement aux autres, bichette il a rien. Meme pas un ptit mandat histoire de, walou. Faut bien exister mediatiquement, et ses afficionados le voient comme un torrero, il va pas arriver avec ses charentaises pour faire la revolucion

                          SInon, le dessinateur du point (drole au passage), il l’aime pas beaucoup hein :)

                          Edit, Lebel est déja passé


                          • tashrin 22 juillet 17:34

                            @tashrin
                            Si nous présentons un gouvernement et qu’il applique sa politique, et qu’il est censuré immédiatement, eh bien, nous respecterons la démocratie, il n’y aura plus de gouvernement. Mais en porteront la responsabilité ceux qui auront censuré. À leur tour, ils présenteront un gouvernement, de la droite et du centre, et nous le censurerons

                            Mais alors il oublie un tout petit truc qd meme...
                            Si un gvt NFP est censuré, ca suppose qu’il y ait au moins 289 deputés qui le votent sur 577-182 (NFP) = 395... Ca devrait pouvoir se trouver, vu qu’à part le NFP personne peut blairer le NFP
                            en revanche, pour ce qui est de censurer le gvt suivant, il faudrait qu’ils arrivent à trouver 289-182 = 107 deputés votant la censure, sachant quela plupart n’ont pas corones (on l’a déjà vu lors de la mandature precedente), MLP a dejà dit qu’elle censurerait pas un gvt de centre droit, et les LR ou ce qu’il en reste sont à la colle avec Macron
                            Autrement dit c’est arithmétiquement très peu probable
                            Donc il ne pourra que faire comme nous : compter les points et pester
                            Et on repart avec une majorité de centre droit exactement comme... le souhaitait Micron


                          • alinea alinea 23 juillet 20:53

                            Je n’ai pas tout lu mais ça a l’air long et intéressant, j’y retournerai.

                            En ce qui concerne mélenchon, ce n’est pas faire preuve de fanfaronnade que de savoir qu’à l’heure actuelle il n’y a aucun autre homme politique qui soit capable d’être un premier ministre capable ; Lui si.

                            Mais vous avez tellement perdu la raison et le regard depuis toutes ces années remplis de vides abyssaux, avec seulement des figurines aux ordres comme ministres et présidents, que vous en avez perdu la mémoire et le bon sens.

Ajouter une réaction

Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page

Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.


FAIRE UN DON



Publicité




Palmarès



Publicité