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Accueil du site > Actualités > Politique > Les 4 piliers de l’oligarchie à la française

Les 4 piliers de l’oligarchie à la française

État, médias, capital, libertinage

Depuis bientôt quarante ans, la politique française offre un exemple remarquable de continuité par delà ses habillages et babillages partisans. De droite comme de gauche, indépendamment des styles personnels, présidents, ministres et dirigeants syndicaux se sont tous entendus sur un corpus de principes auxquels nul n’a dérogé, sauf à démissionner.

Il faut reconnaître à M. Giscard le mérite d’avoir posé les bases de ce régime, et à tous ses successeurs de l’avoir perfectionné dans la pratique.

Ce consensus peut être résumé dans une expression : l’étatisme médiatique, capitaliste et libertaire.

Étatisme

L’étatisme d’abord, ou l’accroissement indéfini de la sphère de l’État. Sa grosseur donne l’illusion de la grandeur ; on cultive l’une au prétexte de l’autre. Depuis les collectivités territoriales jusqu’à l’Union européenne, l’État s’étale sans cesse, enfle, se multiplie, toujours plus gigantesque, impotent et inutile. La marque de sa puissance est la stérilité : tout ce qu’il étreint est frappé de paralysie ; et tous l’invoquent comme le dernier recours et l’ultime salut.

À cela s’ajoute l’explicite renonciation à toute velléité d’administrer l’État. Or une organisation livrée à elle-même se crée des tâches pour justifier son existence, et tend à croître encore si aucun objectif concret ne la contraint… L’État se vit comme le tout du pays et n’en est que le cancer.

Médiatique

La représentation s’est substituée à la réalisation ; le gouvernement est une comédie, et le personnel politique des figurants. Une chose est certaine pourtant : ces dirigeants sont inutiles. Pour preuve, la Belgique a pu traverser le plus fort de la crise sans gouvernement, et son sort ne fut pas pire que le nôtre. C’est dire si cette institution est devenue vaine, juste un jeu de fantoches qui animent les écrans de télévision entre deux spots publicitaires.

Car le rôle premier des médias est de divertir - au plein sens pascalien du terme : distraire et étourdir. Archétype de cette fonction sociale, les « infos », dont l’enjeu n’est guère d’informer sur ce qui importe mais de forger des sujets communs qui occuperont les esprits. Aussi les unes sont-elles choisies pour leur potentiel de peur, de frisson ou de passion. L’obsession avec laquelle l’actu du moment est traitée, en occultant toute autre nouvelle, en est le signe par excellence.

Les médias ont un autre rôle public, celui de dire la justice. La République a cessé de se définir universaliste, elle est désormais catégorielle et victimaire. Les catégories supposées lésées revendiquent la reconnaissance au travers de droits dédiés. Le statut de victime, et non plus l’existence, fonde les droits humains. Et chaque groupe de s’exhiber persécuté et d’en désigner la cause (le racisme, le colonialisme, le fascisme, la dictature, les spéculateurs, les patrons voyous, la pollution, les catastrophes naturelles, les récidivistes en liberté, la police qui les arrête, le sexisme, l’homophobie, etc.). Pour accéder au statut de victime, il n’est besoin ni de prouver la réalité du dommage subi, ni son absence de responsabilité dans son sort, mais de générer une pulsion compassionnelle. Forte d’avoir éveillé la culpabilité chez son putatif bourreau, la victime auto-proclamée deviendra maître-chanteur. En la matière, le juge est médiatique, et la réparation étatique.

Capitaliste

Tandis que la mission des politiques est d’occuper l’espace public par leurs agitations, le capitalisme prospère. La social-démocratie avait su opposer la force de la loi à celle de l’argent pour équilibrer les revenus du travail et ceux du capital, il est désormais entendu que la petite classe des grands possédants et de leurs proches commissionnaires prospérerait à l’infini, protégée par privilège, charge à eux d’encadrer le menu peuple par le travail et la consommation de masse. La grande entreprise cotée est le pendant de l’État. La gloire aux uns, la fortune aux autres, aux deux le pouvoir.

Le capital fait corps avec le système médiatique qu’il finance, et par lequel il impose les modes de vie dépensiers nécessaires à sa rentabilité. L’apparence de critique anti-capitaliste à laquelle les médias laissent libre cours est un contre-feu qui empêche l’émergence d’une vraie contestation fondée sur la seule alternative à l’ordre mondain de l’argent et du pouvoir, la vie spirituelle. Celle-là est disqualifiée, laïcité oblige.

La doctrine libérale sert de justificatif au capitalisme, mais un alibi de pure façade. Il n’y a, dans le libéralisme théorique, que des individus et nulle entreprise ; en appliquant ses préceptes aux organisations, on leur donne une puissance considérable sur les personnes, puissance dont bénéficient ceux qui dirigent ces structures économiques. En fait de libéralisme, il n’y a que le libertinage.

Libertaire

Le libertinage, carte maîtresse du dispositif. Le sexe est le nouvel opium ; il crée l’illusion du bonheur accessible à la plèbe. Le sida avait failli gâcher la fête, il fut l’occasion d’ériger la luxure en culte. Là où le mariage protégeait les humbles des prédations des puissants, la quête effrénée des plaisirs leur fait rompre les liens de l’affection et les livre, asservis à leurs passions, aux boniments des bateleurs qui les excitent. Le sexe est une religion de dupes ; il ne tient pas plus ses promesses que les autres millénarismes. Seuls les nantis peuvent accéder à la débauche sans perdre tout et se ruiner, et ils l’affichent maintenant avec honneur. Le libertinage institue un nouveau champ de domination pour les grands, sous l’apparence de l’égalité.

La République a été refondée sur ces quatre principes étatico-médiatico-capitalistico-libertaires, où toutes ses élites s’accordent sans même avoir besoin de les évoquer. Le système est cohérent, d’où sa persistance. « Ce qui est dans le monde est convoitise de la chair, convoitise des yeux et confiance dans la richesse » (1 Jean 2, 16).

De quoi qualifier ce régime ? Post-démocratie ? L’expression est trop flatteuse. Peut-être simplement une oligarchie, en tout cas un régime coupé des buts supérieurs de l’humanité — l’accomplissement des personnes et l’amour — donc voué à s’effondrer. Hélas, quel en sera le prix pour les plus faibles ?


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10 réactions à cet article    


  • TicTac TicTac 31 janvier 2013 19:17

    Il n’y a qu’un pas entre le journalisme citoyen et le journaliste si moyen.


    • COVADONGA722 COVADONGA722 31 janvier 2013 19:40

      ia orana aita mon ami vous journaliste  !! laissez donc cela aux éboueurs de l’esprit les flicaillon stasite refoulé !!!!!! journaliste ! vous vous qui avez vu le pacifique les vahinés les iles sous le vent
      et vous feriez le journaleux mitoyen avec le professeur si moyen ! tiens je vas m’ecouter Clapton !!


      asinus : ne varietur


      • Aita Pea Pea Aita Pea Pea 31 janvier 2013 20:01

        Salut Cova ,t’as raison ,et aussi un p’tit Gary Moore ,trop vite oublié ....


      • Shawford42 31 janvier 2013 20:16

        Plussage personnel pour Uncle bears he fears :


        Pfff, si ça se troue, je devoir me rabattre sur un gros tank russe si ça continue comme ça, et ce jusqu’à abaissement complet du ridé aux deux fers. smiley





         smiley

        • Croa Croa 1er février 2013 09:36

          Il y a du vrai sauf que l’état n’existe plus, celui-ci n’étant désormais qu’un bras armé contre l’intérieur (police) et l’extérieur (armée professionnelle intégrée à l’OTAN. )

          La France n’étant plus un pays indépendant  ces considérations n’ont pas de sens de toute façon. Le régime est seulement exécutif et le pouvoir extérieur. (On pourrait parler d’oligarchie à condition de considérer l’Europe entière, voire peut-être l’alliance Atlantique dans son ensemble.)


          • Axel de Saint Mauxe Axel de Saint Mauxe 1er février 2013 13:03

            Le mot « libertaire » mériterait à lui seul un article... 


            • fcpgismo fcpgismo 1er février 2013 14:36

              Agoravox a cette particularité être produit par des personnes doué du sens de la communication et traitant de sujets intéressants et quelques médiocres contributeurs souvent orienté Fhaine comme par hasard. Lucien Chardon, le désert cérébral au service du clavier, c’ est bien vive le pluralisme.


              • les PILIERS DE LA NON REUSSITE FRANCAISE ET DU DECLIN

                -élus non formés et lobbyistes nuls en économie.:650000.§§§§
                - jeunes a bacc +8 payés 2500 euros mois (US...GB
                ...EXPATRIES 6000 EUROS.MOIS°°)
                - instit policiers infirmiers payés 2 foIs moins qu’aux us...gb...allemagne 3000 euros mois en france 1500....
                - double peine pour les travailleur jeunes et parisiens DEMI PAYE ET DOUBLE LOYER

                CHIFFRES D UNE ETUDE INTERNATIONALE

                -


                • ddacoudre ddacoudre 1er février 2013 22:20

                  bonjour lucien

                  Dommage la confusion entre libéralisme et capitalisme.
                  « Ce qui est dans le monde est convoitise de la chair, convoitise des yeux et confiance dans la richesse » (1 Jean 2, 16). nos ancêtres connaissaient bien l’existence. Tout but dans l’existence concours vers la copulation pour procréer, chacun s’attire par l’apparance le leurre qui frappe le regard et les gros ventres bien gras signe de richesse et d’opulence, nous ne sommes que des animaux, et répondont aux classiques de l’existence dont les systèmes que nous fondons ne sont que des paradigmes.http://ddacoudre.over-blog.com/article-le-joule-pour-corriger-le-libertarianisme-qui-cache-des-seigneuries-entrepreneuriales-114768419.html. cordialement

                  http://ddacoudre.over-blog.com/pages/le-capitalometre-8441227.html


                  • Lucien Chardon Lucien Chardon 4 février 2013 12:23

                    J’essaye justement de ne pas confondre les deux :
                    * capitalisme = système où le pouvoir est accordé à ceux qui possèdent le capital
                    * libéralisme = doctrine qui donne le primat à la liberté des individus, et qui fait donc de l’individu en quête de satisfaction personnelle l’entité fondamentale, l’absolu.

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