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Accueil du site > Actualités > Politique > Les acteurs de l’université sont-ils des incompétents politiques (...)

Les acteurs de l’université sont-ils des incompétents politiques ?

Des universitaires craignent de perdre « la ressource la plus précieuse de l’universitaire : son temps d’autonomie ».

 « La ressource la plus précieuse de l’universitaire »

La fin de l’année 2008 a montré que face au gouvernement, les soupçons des enseignants restent vifs. Ainsi, Le Monde du 6 janvier publie une tribune de plusieurs universitaires qui rejettent la loi LRU (ou loi « Pécresse », qui vient d’entrer en vigueur) avec des arguments violents, à bien des égards corporatistes (« le service public affaibli », « normalisation par le bas », « assimilation de l’universitaire à un employé … » « concentré les pouvoirs » … Ces universitaires contestent le fait que l’on puisse demander à ceux qui feraient moins de recherche d’enseigner plus, et à ceux qui ont une activité de recherche plus important d’enseigner moins ! L’application de la nouvelle loi porterait atteinte aux « libertés académiques », mettant en cause « la ressource la plus précieuse de l’universitaire : son temps d’autonomie ».
 

Il n’y aurait ainsi pas d’alternative à leur faire chaque mois des chèques en blanc, en priant qu’ils utilisent bien leur temps au bénéfice de la nation. Les juristes qui ont signé ce texte auraient-ils oublié que la déclaration des droits de l’homme de 1789 disposait que Tous les Citoyens ont le droit de constater, par eux-mêmes ou par leurs Représentants, la nécessité de la contribution publique, de la consentir librement, d’en suivre l’emploi et d’en déterminer la quotité, l’assiette, le recouvrement et la durée. Demander quelques comptes aux universitaires qui vivent des subsides de l’Etat, et donc de la contribution de leur concitoyens, n’est pas illégitime.

Le fameux classement de Shangai en enfonçant (inexorablement ?) nos universités dans les profondeurs de l’oubli international, avait mis sous les projecteurs la faiblesse de nos universités. Malgré les réactions juridique (loi LRU) et budgétaire, le changement est lent à apparaître. C’est pourquoi il est bon de rappeler les causes de cette situation pour amener les universitaires à faire preuve d’un peu plus d’humilité et à ne pas s’agiter comme le feraient des potaches au fond des amphis.

Pourquoi la situation de l’université reste-t-elle désastreuse ?

Après mai 1968, la loi Edgar Faure a donné aux universités une autonomie pédagogique. En revanche, la gestion des moyens et des personnels qui concourent à leur mission est restée fortement centralisée au niveau du ministère chargé de l’enseignement supérieur.

Cette situation explique en partie la faiblesse de la culture de gestion des universités et l’appel régulier à l’intervention de l’Etat en cas de problème courant.

L’autonomie de l’université est encore à conquérir, et cela devra probablement se faire au détriment de la très large autonomie, bien réelle aujourd’hui, des universitaires.

Consanguinité et corporatisme

Consanguinité ? les enseignants d’une discipline, extérieurs à un établissement ont toujours eu du mal se faire recruter par des comités de sélections qui privilégiaient la cooptation d’un enseignant de l’établissement, poussant le système figé d’enseignement à se reproduire sur des dizaines d’années.

Savons-nous qu’au cours de leur carrière, les enseignants du supérieur ne sont JAMAIS évalué sur leur enseignement (contrairement au primaire et au secondaire) ?

La plupart du temps, les choix pédagogiques dans les UFR ont été dominés par une politique de l’offre : quels sont les enseignements que les professeurs souhaitent poursuivre dans une logique liée à l’activité de recherche ? Savons nous qu’il reste des enseignants disant que leur rôle est de transmettre des savoirs, pas d’apprendre un métier. On voit la réticence d’une partie d’entre eux devant la nouvelle mission de l’Université sur l’orientation et l’insertion professionnelle.

La responsabilité des gouvernements, de gauche et de droite

Les gouvernements de gauche et de droite ont leur part de responsabilité, notamment en ayant laissé aussi longtemps l’enseignement supérieur en déshérence. Il faut dire que la faiblesse de la gouvernance du système et la « démocratie des conseils » instaurée en 1984 par la loi « Savary » leur ont facilité la tâche. Là où tout le monde décide, il est difficile de faire des vrais choix et on en revient le plus souvent à la gestion de petits périmètres « corporatistes » au niveau des UFR : tu me laisses tranquille chez moi et je ferai de même pour toi.

Il y a aussi le clientélisme politique : 87 universités toutes semblables entre elles, au moins en théorie sous l’aile protectrice de l’Etat garant de l’égalité de traitement et de dignité. Il faudrait en réalité 20 grandes universités nationales dans le pays capable de conduire un politique de recherche et de se situer favorablement dans la compétition féroce qui règne au niveau international

Les universités auraient-elles pu éviter cette situation désastreuse ?

Certaines y sont parvenu. Il serait intéressant d’examiner pourquoi et comment. Mais la plupart ont été immobilisées par le système de gouvernance hallucinant auquel la loi LRU a voulu mettre fin : imaginez comment se prennent à la majorité des deux tiers les décisions d’un conseil d’administration de 60 personnes.

La majorité des enseignants n’ont pas le moindre idée de ce qu’est concrètement la gouvernance d’un établissement public. Mesdames et messieurs les enseignants, vous allez être totalement RESPONSABLES de votre université plus que de vous-même comme c’est trop le cas aujourd’hui. Cela ne se fera pas si vous ne désignez pas des représentants auxquels vous ferez confiance pour participer activement à la gouvernance de l’université, c’est-à-dire aux travaux du conseil d’administration, des autres conseils et comités.

Mais alors, pourquoi certains universitaires refusent-ils toute évolution ?

Une cause est véhiculée dans les médias : l’opposition n’a rien à voir avec un texte de loi quel qu’il soit. C’est un sorte de troisième tour de l’élection présidentielle. Mais c’est aux actes en régime démocratique que l’on juge un pouvoir : le délit d’intention relève plutôt du procès du même nom. Il faut prendre ce gouvernement au mot et l’obliger par un accompagnement vigilant et actif à aller jusqu’au bout de ses déclarations. D’autant que l’on sait bien que certaines forces portent, elles, un vrai projet politique de « privatisation » de l’université.

Un espace démocratique pour agir.

La loi LRU offre un espace démocratique, mais un paradoxe est que les étudiants qui se plaignent de n’être pas écoutés se désintéressent des élections de leurs représentants : le taux d’abstention aux élections universitaires atteint 95 à 97 % selon les universités !

Est-ce parce que, comme l’aurait dit Bourdieu, les étudiants et les enseignants ne se reconnaissent pas comme compétents en matière de politique des universités ?

Pour Bourdieu, la compétence politique associe un ensemble de connaissances permettant de prendre des décisions et la maîtrise du langage.

Si l’espace démocratique offert par la loi LRU reste inoccupé, conduisant à un nouveau dysfonctionnement de la gouvernance de l’université, il faudra se résoudre à reconnaître que les acteurs de l’université, enseignants et étudiants, sont des incompétents politiques.

Il faudrait alors craindre que des systèmes de direction plus autoritaires, pour le coup à l’image que ceux que l’on rencontre dans les entreprises où la notion de démocratie est très relative, viendraient se substituer au dispositif de gouvernance qu’installe la loi LRU.
 

Lire l’article complet (cliquer)

Cliquer pourour consulter le classement de Shangaï 

 


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16 réactions à cet article    


  • geo63 7 janvier 2009 13:50

    Une n.ième contribution sur l’Université, assez sereine mais qui reste très générale. Je n’ai encore jamais vu une analyse des efforts qui ont été faits pour transformer l’Université confrontée à une vague démographique sans précédent ces quinze dernières années.

    Pour répondre à un certain cliché, l’analyse est toujours présentée avec une pente négative. Ce n’est pas en quelques phrases que l’on peut dresser un bilan sur cette question aussi vaste. A chaque fois on a droit à la tarte à la crème du classement de Shangaï (que j’ai découvert bien avant les médias).

    Personnellement, j’ai connu avant ma retraite essentiellement des départements scientifiques et je peux attester que les transformations effectuées (enseignement et recherche) pour adhérer aux demandes du Ministère et de la Région ont été continuelles.

    Il y a dans votre article quelques affirmations :

    - vous parlez du "clientélisme politique" et vous affirmez qu’il faudrait 20 grandes Universités nationales, soit. Pourtant au delà des Universités régionales, au fil du temps on a vu fleurir des "morceaux" d’Universités dans tous les coins de France, même des petites villes, cela pour faire plaisir à des notables décorés. On en fait quoi de toutes ces "créations" qui avaient pour vocation de garder les étudiants dans leur ville et apporter du prestige à celle-ci..

    - "si l’espace démocratique offert par la loi LRU reste inoccupé". Je me marre, alors que la principale modification apportée dans les textes porte sur le renforcement du pouvoir du Président. Il est un fait que les étudiants participent très peu à la gestion de leur Université depuis toujours, mais les personnels eux sont concernés et votent pour désigner leurs représentants.

    Pour terminer, je me demande si la récession aux Etats-Unis ne va pas peser sur la vie universitaire de ce pays et conduire à repenser les modèles en place...y compris en France...Mais à lire cet article on reste encore dans la critique peu créative. 


    • NO_Future 7 janvier 2009 13:54

      Enfin quelqu’un de l’éducation nationale qui dit la vérité ! Merci à Tchekov.
      Mais qui se cache derrière ce pseudo ?
      Pourquoi ne pas publier à visage découvert ?
      Vous avez peur de perdre votre poste où vous êtes bien au chaud, protégé de l’hiver et du chômage ?
      Vous attendez une retraite (heureuse, avec 90 % de votre salaire), pour bientôt ?


      • pointal pointal 7 janvier 2009 13:56

        Vous êtes Universitaire et chercheur... si ce n’est pas indiscrèt, dans quel domaine et dans quelle université ?


        • Gaston Broussac Gaston Broussac 7 janvier 2009 14:34

          Vous écrivez : "Ces universitaires contestent le fait que l’on puisse demander à ceux qui feraient moins de recherche d’enseigner plus, et à ceux qui ont une activité de recherche plus important (sic) d’enseigner moins " ; ce n’est pas étonnant. En effet, le principe même de la transmission d’un savoir vivant est l’une des forces de notre enseignement supérieur : un professeur qui ne ferait plus ou peu de recherche ne ferait que répéter les découvertes de ces collègues chercheurs ce qui ne pourrait qu’appauvrir son propos.
          Quant à l’espace démocratique offert selon vous par la loi LRU, il se résume à une simple recherche de rentabilité économique et à une disparition programmée de la recherche pure (avec ses essais et erreurs) ; il est synonyme également de choix douteux (voir clairement politiques) quant aux sujets de recherches valorisés en sciences humaines par exemple ; j’en veux pour preuve "l’inquisition" que mènent les membres de l’AERES (allez voir leur site Web si vous aimez rire) que vous avez sans doute déjà vu à l’oeuvre puisque vous êtes vous même enseignant et chercheur.
          Votre article est intéressant mais il est clairement partisan d’une politique...disons, pour faire simple, de droite.


          • Vilain petit canard Vilain petit canard 7 janvier 2009 14:47

            Non seulement les fameux enseignants-chercheurs ne sont jamais évalués sur leur enseignement, mais s’ils n’assurent pas d’enseignement, ils ne sont pas sanctionnés. Le recrutement fait la part belle au copinage, népotisme et autres compromissions. Le travail de recherche repose trop souvent sur l’esclavage de post-docs qui n’ont aucun statut (et même parfois même pas la Sécu, on les envoie aux ASSEDIC pour en bénéficier). Les publications citent trop souvent leurs propre auteurs comme références. Les cours du premier cycle sont en général délégués à des vacataires sous-payés et précaires. Chaque élu veut "son" université, alors on en met partout : La Rochelle, Belfort, Compiègne (!), il paraît que c’est bon pour le développement local, en fait c’est surtout bon pour les egos, même les IUT vont s’appeler un jour "Université de technologie", du coup, ça fait des postes pour placer les copains encartés, mais c’est tout. Les étudiants s’en foutent, leur université pourrait tomber en ruines qu’ils ne bougeraient pas. Les titulaires cherchent avant tout à gérer leur propre carrière et leur retraite, passer de PR1 à PR2, échelon 11 à 12 etc. Ils peuvent cumuler leur poste et différentes activités payées, sans que ça pose un problème à quiconque. 

            Voilà où en est l’université, il faut pouvoir le dire. En Faculté de médecine, c’est pire. Ce qui est incroyable, c’est qu’on arrive encore à avoir une vie intellectuelle en France.

            Et pour répondre à votre question : oui ils sont incompétents, englués qu’ils sont dans leurs propres stratégies individuelles.

            La loi Pécresse (et Dieu sait si je ne porte pas l’équipe gouvernementale actuelle dans mon coeur) va au moins faire bouger ce gros machin.


            • geo63 7 janvier 2009 16:14

              @ vilain petit canard : pourquoi tant de clichés, d’inexactitudes et de haine.
              Exemple : si un enseignant ne fait pas son travail d’enseignement il a rapidement des problèmes, dans toutes les Universités qui se respectent.
              "Le recrutement fait la part belle au copinage...". J’ai participé pendant des années aux commissions de recrutement à tous les niveaux, avec parfois 80 candidats pour des postes de MCF par exemple. Les travaux de sélection, d’audition et le choix final ont toujours été parfaitement menés, avec doubles rapporteurs etc.... Je souhaiterais qu’il en soit de même dans le secteur privé. 
               


            • Vilain petit canard Vilain petit canard 8 janvier 2009 09:41

              Oui je le suis peut-être un peu trop lâché. Mais j’ai un copain post-doc qui rame depuis des années en fac de socio, à coup de vacations et de bourses de recherche, et ça me sensibilise plus aux problèmes qu’à ce qui va bien. Pour la sélection et la comparaison privé / public, il y a à mon avis une différence de taille : le privé recrute, et le public sélectionne, ce qui n’est pas tout à fait pareil.


            • NO_Future 7 janvier 2009 15:02

              Génial, quand même, d’être payé pour avoir du "temps d’autonomie".
              Il faudrait recréer ce ministère extra, le MINISTERE DU TEMPS LIBRE.

              On y rattacherait l’ Héducassion Nassionalle ! avec Valérie Paresse comme ministre.


              • anny paule 7 janvier 2009 18:00

                Un peu aigre, tout de même, cet article !
                L’auteur, universitaire, enseignant chercheur lui-même, n’aurait-il pas été honoré à la hauteur de ses aspirations ?
                Ce qui m’inquiète davantage dans la loi LRU (loi Pécresse), c’est le fait que des capitaux privés vont intervenir dans les budgets des universités, c’est que certaines disciplines non rentables (lettres, lettres anciennes, philosophie, par exemple) voient leurs disparition, à terme.
                Ce qui a fait la qualité de nos universités durant des "lustres", ce sont, justement, ces "Humanités". Or, elles sont en danger... Il est vrai que se pencher sur des fondamentaux, ce n’est pas rentable...


                • jef88 jef88 7 janvier 2009 19:15

                  La recherche ... Vaste problème !

                  Combien d’enseignants ne se dispensent t’ils pas de la fonction recherche ?

                  Combien ne se contentent t’ils pas de traduire des articles d’outre atlantique ?

                  Quand on a monté son cours, valable quand m^me quelques années à quoi passe t’on son temps ?

                  Le corporatisme s’appuie sur une frange de bosseurs pour planquer une masse de flemmards.
                  Zut ! J’ai enfreint un tabou.................................


                  • Céline Ertalif Céline Ertalif 7 janvier 2009 23:39

                    Cet article m’a bien amusée. Est-ce si sûr que Tchekov soit de droite (comme le croit G Broussac) ? Peu importe finalement.

                    Je ne suis pas du tout au fait de la loi Pécresse, je dois l’avouer. Je connais beaucoup mieux le fonctionnement de l’école maternelle que celui de l’université. Cela dit, je vois que les enseignants ont à tous les niveaux la même indifférence à la gestion et j’en suis consternée. Pour une raison simplissime : c’est que la gestion est l’activité qui caractérise le fondamentalement la responsabilité de tout adulte, et alors oui je suis consternée qu’on puisse prétendre à une activité pédagogique et rester indifférent à la gestion de l’établissement qui a pour fonction d’enseigner. En tant que parent, quelque soit le niveau, je veux des adultes devant les enfants.

                    Je souligne que la gestion dépasse un peu la comptabilité, qu’elle vise aussi bien le court terme que le long terme. Si je me rappelle les quelques universitaires de valeur exceptionnelle que j’ai rencontrés lorsque j’étais étudiante (François Chatelet et Jacques Ellul notamment), je crois qu’il serait tout à fait impossible de déterminer les conditions socio-économiques qui font émerger ce type de personnages. Bien sûr qu’il faut leur fiche la paix et leur accorder une immense autonomie, ils nous le rendent tellement. A un certain niveau, la motivation dépasse de si loin la rétribution matérielle ou même les honneurs. Je parle sans doute de l’exception. Je suis convaincue qu’il faut préserver sans condition ou presque la grande protection de quelques mandarins qui garantit leur indépendance. Un peu comme Chateaubriand disait que les rentiers étaient les seules personnes capables d’une véritable impartialité dans la gestion des affaires publiques parce qu’elles ne dépendaient que d’elles-mêmes. Il faut évidemment protéger ses trésors, mais l’université n’a pas que des trésors.

                    La privatisation ne me paraît nullement un objectif en soi, les universités sont d’intérêt public. Il faut donc qu’il y ait une gestion publique : qui décide ? qui contrôle ? qui sanctionne cette gestion ? Tant qu’on n’aura pas de réponses claires et efficaces à ces questions, nos universités continueront à perdre de l’altitude. Dans ma commune, la plupart des élus municipaux et des agents veillent ou s’inquiètent d’avoir une directrice des services municipaux compétente. Je me souviens que dans l’IEP ("sciences-po") que j’ai fréquenté jadis, les enseignants avaient encouragé la nomination d’un enseignant au poste directeur dans le but d’en débarasser un peu les amphithéâtres... Est-ce que cela changera un jour ? J’ai bien l’impression qu’à l’université, encore aujourd’hui, tout le monde se fiche complètement du rôle du gestionnaire. La responsabilité semble en vacance permanente...



                    • TCHEKOV TCHEKOV 8 janvier 2009 16:28

                      Pour Céline :

                      Bravo pour votre commentaire. On voit que vous savez de quoi vous parlez. Voir le commentaire que j’ai posté ce jour.
                      Cordialement,

                      Tchekov.


                    • kasko 8 janvier 2009 00:29

                      Ouverture sur la vie active

                      L’université est restée repliée sur elle-même. Elle forme des élèves pour en faire des...professeurs, ou des chercheurs. Aucune information sur le monde économique, sur les administrations, les entreprises privées ou publiques. Bénévole dans une association qui aide des cadres et ingénieurs à trouver ou retrouver un emploi, je suis sidéré par l’ignorance de certains jeunes diplômés de l’université sur ce qu’attendent les entreprises de la part d’un candidat, comment se passe un recrutement, quels sont les critères de recrutement,...En 4, 5 ou 6 ans d’étude, on ne leur a pas fait rencontrer une seule personne du monde de l’entreprise, un DRH, un ancien de l’entreprise. Résultat : des inégalités flagrantes entre les étudiants qui ont la chance d’avoir un environnement familial qui peut compenser ces lacunes et les autres, de milieux défavorisés, qui préparent un recrutement comme un examen de fac et qui vont souvent dans le mur alors qu’ils ont les capacités pour réussir ! Bien sûr, quelques professeurs de l’université ont des initiatives très intéressantes comme trouver des sujets de thèse ou de projet en partenariat avec des entreprises et laisser les étudiants en contact avec le personnel de ces entreprises, mais ils sont une minorité et le font de leur propre chef. 

                      La supériorité des Ecoles de Commerce ou d’Ingénieur trouve son origine dans ce comportement. Dans les Ecoles les élèves rencontrent des responsables d’entreprise régulièrement (une partie du corps professoral est issu de l’entreprise), ils sont poussés à participer à des activités telles que les junior-entreprises, ils font de plus en plus de stages. Le jour où les universités s’ouvriront sur l’extérieur elles rendront un service immense à leurs étudiants. A mon avis le projet de la Ministre V. Pécresse va clairement dans le bon sens. Espérons que l’université se montrera plus capable d’évoluer vite que de lancer des manifestations et des pétitions !


                      • manusan 8 janvier 2009 05:22

                        Les budgets universitaires sont remplis de boites noires syndicales de la nature de Corsica Ferry. S’abriter derrière les étudiants, c’est antidémocratiques, laches et les prendre pour des cons.


                        le classement de Shanghai a été créer pour orienter les étudiant chinois à partir à l’étranger, il est produit par l’Institut d’enseignement supérieur chinois , et n’est pas adapté aux fonctionnement de certaines unversités en particulier Européennes et Japonaises

                        sur wikipédia on peut lire (désolé du copier-coller) : "

                        • Le classement s’intéresse au nombre de prix nobels, de publication etc. parmi les élèves et les professeurs. Cependant, ce n’est pas toujours lié à la qualité de l’Université : le niveau des élèves n’est pas forcément lié à l’Université, et d’autre part, un Einstein sera capable de décrocher des prix et de faire de bonnes publications dans n’importe quelle Université.
                        • Le classement s’intéresse aux publications en anglais dans des revues américaines. Cela avantage grandement les Etats-Unis et les pays anglophones.
                        • Dans certains pays, il y a une sélection des élèves pour accéder aux Universités (ex : en Angleterre), et dans d’autres non (ex : France).
                        • Suivant les pays, les Universités sont publiques ou privées, n’ont pas le même budget (Harvard est 100 fois plus riche que Paris VI Jussieu), plus ou moins grandes (il y a 17 Universités à Paris, alors qu’il n’y en a que 3-4 dans d’autres grandes villes mondiales, et parfois jusqu’à une centaine encore dans d’autres).
                        De toutes ces observations il ressort qu’il n’est pas possible de faire un classement équitable des Universités, car les systèmes d’éducation supérieure sont très différents dans chaque pays.

                        Philippe Mahrer, directeur du Collège des ingénieurs met en cause ce classement. Selon lui, il n’a qu’une faible notoriété en Chine même auprès des étudiants. Il est produit par l’Institut d’enseignement supérieur, institut d’une université consacrée aux sciences dures et à la technologie. De plus, il ne tient compte que de critères privilégiant la taille de l’établissement. Ainsi des pays disposant de nombreuses écoles ou universités, d’excellence mais de petite taille, passent à côté de ce classement. Enfin, ce classement ignore les universités, centres de recherche ou écoles travaillant en réseau comme c’est de plus en plus le cas en Europe[8].

                        Ce dernier point est tout particulièrement dénoncé (et mis en évidence) par le Prix Nobel Albert Fert[9].

                        Par ailleurs, Bertrand Bellon, professeur à l’université Paris Sud et qui connaît Nian Cai Lu, indique que ni lui ni ses collaborateurs ne sont sortis de leur université[7] et que ce classement n’est fait que via Internet."

                        bref c’est un outils de mesure intéressant pour le monde sino-us, mais rien de trés cartésien dans le fond, si ce n’est attirer les jeunes talents potentiels vers les US.


                        • Bernard Dugué Bernard Dugué 8 janvier 2009 10:27

                          à l’auteur,

                          merci pour ce billet critique sur l’université. Pour info, sachez qu’avec un diplôme d’ingé et deux doctorats, je n’ai même pas pu obtenir un poste d’Ater, mais je ne regrette rien. Ce milieu n’est pas fait pour développer l’imagination et les connaissances transversales. L’université est dans une impasse, comme la société du reste. Quant au propos sur les ingénieurs, il renvoie au années 60, par ex aux States, une nation dont le dynamisme était dans l’industrie, avec ses ingé, ses scientifiques et ses ourviers


                          • TCHEKOV TCHEKOV 8 janvier 2009 16:17

                            Un sujet de thèse pour un anthropologue :

                            Pourquoi une partie agissante des enseignants se refuse-t-elle à être "acteur" du changement de l’université ?
                            Est-ce par paresse ? par individualisme ?
                            Ou est-ce une position idéologique post-marxisante dans laquelle on refuse de co-gérer un système dont on attend la désintégration et la disparition ?
                            En attendant, Bernard, avec un diplôme d’ingénieur et deux doctorats, ne trouve pas de travail !

                            Bernard :
                            avec un diplôme d’ingé et deux doctorats, je n’ai même pas pu obtenir un poste d’Ater,
                            Sachant qu’un poste d’ATER, c’est un peu mieux que le SMIC, soit 1300 € / mois ... pas terrible. Pourquoi y a-t-il peu de poste pour les jeunes docteurs ? Parce que la majorité des emplois est trustée par des personnes qui
                            bénéficient d’un emploi à vie, qui trouvent cela naturel, et on voit que parmi elles, il en est qui poussent des cris d’orfraie si on laisse percevoir que leur enseignement pourrait être évalué et leur emploi du temps précisé.

                             

                            Gaston : Votre article est intéressant mais il est clairement partisan d’une politique...disons, pour faire simple, de droite.
                            Que voilà une déclaration intéressante ... Elle résume à elle seule la position purement idéologique d’enseignants, qui considèrent que chercher à bien faire avec ce qu’on a est une posture de droite.
                            Je prends le symétrique : la posture de gauche, ce serait refuser de réfléchir à une utilisation efficace et adaptée de nos moyens, limités par définition ? Votre pauvre raisonnement conduirait à considérer que l’homme préhistorique serait de droite. Heureusement que des gens de gauche ne pensent pas comme vous.
                            Bienheureux et privilégié êtes-vous, pour considérer que l’on peut réfléchir à l’avenir de l’Université avec des moyens illimités.

                            Vous considérez que cet article est de droite ... ? C’est votre droit.
                            En tout cas, votre commentaire n’est pas de gauche !

                             

                            Céline : Il faut donc qu’il y ait une gestion publique : qui décide ? qui contrôle ? qui sanctionne cette gestion ? Tant qu’on n’aura pas de réponses claires et efficaces à ces questions, nos universités continueront à perdre de l’altitude.
                            Votre commentaire tranquille et précis me semble bien en phase avec mes propres convictions.
                            Dans l’article complet, vous trouvez cette anecdote (réelle), qui illustre votre propos :
                            "La directrice d’une UFR d’histoire se plaint que son travail de direction est éreintant : elle y consacre une demi-journée par semaine (hors périodes de vacances). Comment peut-on imaginer diriger une unité de 50 personnes en une demi-journée hebdomadaire durant 6 mois de l’année ?"

                             

                            Kasko : je suis sidéré par l’ignorance de certains jeunes diplômés de l’université sur ce qu’attendent les entreprises de la part d’un candidat
                            Ceci est d’autant plus préoccupant que ces jeunes diplômés ignorent que c’est la valeur ajoutée apportée par le travail des salariés dans les entreprises, des artisans dans leur activité, des employés des organisations coopératives ou associatives, et seulement cette valeur ajouté, qui génèrent des revenus pour l’Etat.
                            Et que s’ils sont de plus en plus nombreux à ne pas vouloir travailler pour les entreprises, il y aura moins de revenus pour l’Etat, et donc, moins d’argent pour payer les salaires des enseignants et les bourses des étudiants.

                             

                            Anny : le fait que des capitaux privés vont intervenir dans les budgets des universités, c’est que certaines disciplines non rentables (lettres, lettres anciennes, philosophie, par exemple) voient leurs disparition, à terme.
                            Etes-vous paranoïaque ?
                            Quel va être le pourcentage de capitaux privés dans les universités ? Soyons optimiste : peut-être atteindra-t-il 1 % ! Alors s’il vous plaît, évitons de parler de privatisation des universités et laissons ce slogan aux leaders des manifestations estudiantines des beaux jours.
                            Qui s’amuserait en France à "faire disparaître" (pour vous citer) des disciplines non rentables ? Dans les années 1970, on formait chaque année 4 fois plus de psychologues qu’il n’y avait de postes disponibles. Trente ans plus tard, on forme toujours beaucoup trop de psychologue : les titulaires d’une maîtrise de psychologie peine toujours pour trouver des emplois, le plus souvent mal rémunérés. Voilà un bel exemple d’irresponsabilité des universitaires ...
                            Vous imaginez je pense l’amertume de jeunes qui s’aperçoivent après 5 ans d’études supérieures, qu’ils ont choisi une voie débouchant sur de médiocres perspectives de vie. Ne croyez-vous pas urgent que les personnes les plus expérimentées et compétentes de l’Université consacrent une part de leur temps à les aider à s’orienter ?

                             

                            Geo63 : la principale modification apportée dans les textes porte sur le renforcement du pouvoir du Président
                            Soit vous êtes dans le procès d’intention, soit vous n’avez pas lu la loi LRU, soit enfin, vous faites partie de ces nombreux membres du personnel enseignant qui n’ont pas la moindre idée de ce qu’est la gestion publique (cf le commentaire de Céline).

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