• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile

Accueil du site > Actualités > Politique > Les blogs vont-ils nous conduire vers une « politique 2.0 » (...)

Les blogs vont-ils nous conduire vers une « politique 2.0 » ?

Quelles sont les perspectives de la blogsophère politique française ? Qui sont les blogueurs politiques ? Comment Internet peut-il améliorer la démocratie française ? Résumé de la conférence politique 2.0

On le sait, Internet va changer la façon de faire de la politique. Aux États-Unis, les blogs ont beaucoup joué dans la campagne présidentielle américaine de 2004. En France, lors de la campagne précédant le référendum sur le TCE, les vrais débats semblaient absents des médias traditionnels (presse, radios, TV) ; sur le Net, au contraire, on assistait à l’apparition de nouveaux lieux de discussion, avec leurs lots d’experts et de tribuns.

Qu’attendre, alors, pour 2007 (élections présidentielles et législatives) ? Et 2008 ? (Elections régionales et municipales).

Pour tenter d’y répondre, un débat se tenait lundi 30 janvier 2006, dans le 14e arrondissement parisien.

Deux plateaux d’invités étaient prévus : le premier était composé de blogueurs et d’animateurs de sites politiques, le deuxième d’hommes politiques tenant leur propre blog. Voilà un résumé de la conférence politique 2.0

CARTOGRAPHIE DE LA BLOGOSPHERE POLITIQUE FRANCAISE

Nicolas Vanbremeersch, auteur, entre autres, de Versac, nous a présenté une carte de cette blogosphère, en précisant qu’elle constituait « une goutte d’eau dans l’océan » des blogs...

Le document n’étant pas encore disponible, voilà un bref résumé de ce qu’il contient :

  1. Les blogs politiques ne se mélangent pas aux autres blogs
  2. Il en existe environ 260 (au 27/01/06) en comptant ceux tenus par les hommes politiques et ceux des « analystes »
  3. Les blogs « de gauche » sont plutôt éclatés, c’est-à-dire qu’il y a pas beaucoup de liens entre eux.
  4. A contrario, les blogs de droite sont plutôt centralisés, et fonctionnent en réseaux fermés.
  5. Les blogs de l’UDF sont très liés au site officiel du parti

Voyons maintenant comment fonctionnent les blogs politiques les plus connus.

Le blog monputeaux et le blog de DSK sont très connectés entre eux, ce dernier est d’ailleurs plus lié à des blogs de tendance politique opposée à la sienne, c’est peut-être le symbole de l’ouverture à droite de DSK...

Autre blog très connu, celui d’Alain Lambert (qui faisait partie du deuxième plateau d’invités). Il n’est pas dans le réseau endogène de l’UMP, cela s’explique entre autres par le fait qu’Alain Lambert a été dans les premiers parlementaires à bloguer, peut être cela traduit-il aussi son indépendance et son ouverture d’esprit.

Enfin, les blogs des Jeunes populaires (UMP) sont très liés entre eux.

Bilan de cette cartographie : la blogosphère politique française semble refléter le fonctionnement des groupes et des hommes politiques de notre pays. Elle est encore au stade embryonnaire, et dispose donc d’un potentiel énorme.

LES POLIBLOGUEURS

Yves-Marie Canne, fondateur de sciencepolitique.net, nous a présenté son étude sur les poliblogueurs : ce sont les internautes qui visitent les sites politiques. Voilà ce qu’il faut retenir de cette étude :

  • A 90% ce sont des hommes, les jeunes sont sous-représentés, puisque 17 % des poliblogueurs ont entre 15 et 25 ans
  • Ces poliblogueurs sont avant tout engagés en politique, puisque 43% font partie d’une formation politique.
  • Au niveau géographique, les poliblogueurs de gauche viennent majoritairement (52%) de région parisienne (qui a dit bobo ?), alors que ceux de droite sont plus provinciaux (72%)

Après cette présentation des blogueurs politiques et de leurs visiteurs, un débat s’est engagé sur l’utilisation que peuvent faire les hommes politiques des blogs.

UNE NOUVELLE RACE D’HOMME POLITIQUE

Les intervenants de ce premier plateau n’étaient pas follement enthousiastes sur la place des blogs dans les campagnes de 2007 et 2008. Par contre, ce qui apparaît clairement, c’est qu’Internet, comme chaque nouveau média de masse, va faire apparaître une nouvelle race d’homme politique. La radio avait permis au général de Gaulle de se faire connaître, la télévision a fait émerger Kennedy aux États-Unis, Mitterand et Valéry Giscard d’Estaing en France. Quel homme politique se fera élire grâce à Internet  ? Aux États-Unis, Howard Dean a lancé sa campagne pour les primaires grâce à son blog, qui lui a permis de recueillir plusieurs dizaines de millers de dollars. Les intervenants ont beaucoup insisté sur le pouvoir de nuisance des blogs, et sur l’absence de législation concernant ce nouveau média.

Avant 2007, plusieurs évènements politiques vont permettre de constater l’appropriation de cet outil par les acteurs politiques (élus, syndicats, citoyens), dans les jours et semaines qui viennent, le débat concernant le CPE va permettre d’évaluer l’importance des blogs et du Net dans la politique française.

LA POLEMIQUE SUR LE SARKOSPAM

Arnaud Dassier, responsable de la communication électronique de l’UMP (pour l’agence L’enchanteur des nouveaux médias) s’est fait interpeller sur l’achat par l’UMP de certains mots-clefs. La loi interdit en effet à une entreprise d’acheter des mots-clefs concernant ses concurrents (Renault ne peut pas, par exemple, afficher de pub sur une page affichant des requêtes concernant Peugeot), mais elle ne précise rien sur les partis politiques.

La vidéo de cette polémique

Le deuxième plateau était, à mon avis, moins intéressant. Plusieurs hommes et femmes politiques ont présenté leurs blogs et l’utilisation qu’ils en font. Pour la plupart, le blog est un moyen d’entrer en contact avec des citoyens qu’ils ne rencontrent pas habituellement. Alain Lambert, quant à lui, se sert de son blog pour s’exprimer sur des sujets autres que ceux pour lesquels on lui accorde une certaine expertise (il a été ministre du budget).
Avoir un blog permet aussi de sortir du cadre politique de son parti, les critiques sont plus faciles sur Internet que dans les mass médias.

Dans ce panel politique, un seul citoyen lambda : Christophe Grébert, qui ne se présentera pas aux présidentielles de 2007 (malgré les sollicitations du public présent). Tout est ouvert, en revanche, pour les élections de 2008.

Christophe Grébert passera d’ailleurs en procès vendredi à Paris, pour une plainte en diffamation de la mairie.

Conclusion de ce débat : le Net va prendre de plus en plus de place dans la vie politique française, mettant en avant de nouveaux acteurs. Il est donc nécessaire d’encadrer ce développement.


Moyenne des avis sur cet article :  5/5   (7 votes)




Réagissez à l'article

9 réactions à cet article    


  • versac (---.---.254.64) 4 février 2006 11:27

    Je mettrai bientôt en ligne le détail de cette étude, avec un commentaire complet. Quelques corrections en attendant :
    - j’ai recensé environ 260 « blogueurs hommes politiques ». Il y en évidemment un peu plus (dont pas mal de cachés, sans aucun lien entrant). Il y a beaucoup plus de commentateurs de la chose publique.
    - Alain Lambert n’a pas de succès car il est un des premiers politiques blogueurs, mais parce qu’il a bien compris les ressorts de l’outil. Il a commencé il y a six mois, soit plus d’un an après DSK, par exemple.
    - les blogs UDF lient beaucoup le blog du parti (la cartographie n’intégrait pas de « sites », non blogs).
    - « Les blogs politiques ne se mélangent pas aux autres blogs » est un peu vite dit. Disons que les blogs d’hommes politiques sont en effet majoritairement peu liés aux autres blogs, de commentaire, ou à des blogs plus personnels.
    - « Le blog monputeaux et le blog de DSK sont très connectés entre eux » : non, pas vraiment, mais ils recoivent le même nombre de liens, et beaucoup de personnes similaires, ce qui s’explique par leur ancienneté et leur notoriété. Ils ne sont pas liés par des hommes politiques d’autres courants (UMP ou UDF) mais pas mal par des « analystes » indépendants.
    - les blogs de l’UMP ne sont pas « centralisés », il n’y a pas de centre véritable, mais une nébuleuse très resserrée, concentrée autour des blogs des jeunes populaires.

    Voila quelques petites corrections. Bientôt la totale sur mon blog (il y a encore un peu de travail sur la cartographie).


    • Dominique (---.---.205.22) 4 février 2006 22:44

      250 ? Mais c’est ce que l’on trouve déjà sur la plus petite plateforme.


      • Sic Transit (---.---.97.141) 5 février 2006 09:10

        C’est intéressant de commencer à étudier ce phénomène.

        Question : vous concluez « Il est donc nécessaire d’encadrer ce développement. »

        Qu’entendez-vous par là exactement ?


        • François (---.---.102.41) 5 février 2006 12:48

          Moi aussi, la conclusion m’a surpris... Etrange et de goût douteux... ! Ce qui fait la force du blogging -notamment politique- et son intérêt, c’est précisément que son développement n’est pas encadré. Ce qui fait le « désamour » des partis politiques, c’est précisément le fait qu’ils soient encadrés... Mieux vaut ne pas être encadré que l’être mal...


          • perspikace 5 février 2006 16:04

            En ce qui concerne l’encadrement, je pensait plus a du travail en amont. Il est clair que la force d’Internet repose beaucoup sur la liberté du réseaux. L’Etat risquerait en légiférant de brider cet outils

            cf : http://www.01net.com/editorial/303897/csa/le-podcast-n-entre-pas-dans-le-temps-de-parole-politique/

            L’Etat peut par contre informer, éduquer, aider les plus démunis a s’équiper, punir les abus...

            C’est ce que je voulais dire par encadrer smiley



              • boronali boronali 21 février 2006 13:56

                Utiliser l’expression « Politique 2.0 » est empreinte d’un sens fort autant qu’elle est une dérive de l’expression « Web 2.0 » : Le Web 2.0 n’est à ce jour qu’affaire de mots et il en va de même de la notion de Politique 2.0 ...

                Et les blogs ne sont que des mots. Il ne changeront donc rien ni aux modus operandi républicains ni aux institutions qui portent et pérennisent les préceptes républicains. Les blogs ne rendront pas aux citoyens la démocratie que leurs représentants se sont appropriés de longue date. Parce que les blogs ne sont en aucune façon des vecteurs d’action, mais simplement des propagateurs-aggrégateurs d’informations plus ou moins viables.

                En exergue de cet article, l’exemple imparable : les blogs ont largement « phagocyté » le débat politique américain lors des élections 2004. Les plus virulents étant les défenseurs d’idées pro-démocrates dénonçant parfois avec des arguments parfaitement justifiés et ainsi démontrant la potentielle dangerosité de l’administration Bush. Résultat des courses : Georges W. Bush a été réélu - ironie du sort - avec une majorité plus confortable que celles acquises lors des précédentes élections !

                Quand bien même les blogs révèleraient en temps réel tant les erreurs de nos dirigeants que plus graves leurs malversations, ils ont et auront toujours l’immense et insondable murs des 5 pouvoirs qui les confineront aux rôles d’informateurs anecdotiques :

                - le pouvoir exécutif,
                - le pouvoir législatif,
                - le pouvoir judiciaire,
                - la Presse,
                - les appareils politiques.

                Les mésaventures actuelles de monputeaux.com, de la société MAYETIC et de ses deux co-fondateurs en sont de parfaits exemples, parmi tant d’autres.

                Quant à nos hommes politiques qui se sont découverts une extraordinaire vocation de bloggueurs courant 2005, autant les qualifier de « bloggueurs de la 25ème heure » ! A quelque très rarissimes exceptions près, leur blog ne sont pas le reflet d’une volonté de faire de la politique différemment, plus directe, plus proches des citoyens ni même plus intimes (la plupart font blogguer des assistants voire leurs attachés ! ! ! ). Les blogs ne sont pour eux qu’un panneau électoral supplémentaire, permanent et « gratuit », Nicolas Sarkosy en tête, mais très rapidement rattrapés par ses confrères socialistes ...

                La durée de vie d’un blog peut s’estimer à moins de deux ans. Nos politiciens ne dérogeront pas à la règle. Ils se sont lancés dans la blogosphère en 2005 et la quitteront en 2007. Pour la quasi-totalité.

                Il y aura d’autres bloggueurs, non politiciens, pour perpétuer le débat et démontrer à leurs lecteurs, chaque jour un peu plus, que nos institutions sont totalement inadaptées et impropres à redresser l’état actuel de la France. C’est tout. C’est déjà pas mal.

                Le changement, s’il devait intervenir, de nos institutions et de nos représentants arrivera par d’autres vecteurs que les blogs.


                • (---.---.154.46) 22 février 2006 17:12

                  Quelques, réponseS au dernier commentaire

                  1. « Et les blogs ne sont que des mots. Il ne changeront donc rien ni aux modus operandi républicains ni aux institutions qui portent et pérennisent les préceptes républicains. Les blogs ne rendront pas aux citoyens la démocratie que leurs représentants se sont appropriés de longue date. Parce que les blogs ne sont en aucune façon des vecteurs d’action, mais simplement des propagateurs-aggrégateurs d’informations plus ou moins viables. »

                  Personne n’a dis que les blogs ou internet était une fin en soi, qui allait rendre parfait la démocratie. C’est juste un outils de communication, beaucoup plus puissant que les précédent...

                  2.En exergue de cet article, l’exemple imparable : les blogs ont largement « phagocyté » le débat politique américain lors des élections 2004 (...)

                  Les conservateurs ne sont pas absent d’Internet, Des dizaines de bloger (parfois très influents)défendent Bush et sa politique. Les médias traditionnels français plus « proche » des Démocrates, ont plus valorisé les efforts de ce partis.

                  3.« Le mur immense et insondable des 5 pouvoirs »...

                  Hm hm, il fut un temps ou il n’y avait que 3 pouvoirs (législatif, exécutif et juridique) et ces 3 pouvoirs semblaient etre aussi un mur encore plus immense et insondable qu’aujourd’hui.... (Je ne parle meme pas du temps, ou il n’y avaient qu’un seul pouvoir...)


                • perspikace (Nicolas Gosset) 22 février 2006 17:27

                  Dsl, j’ai oublier de loger avant d’envoyer le dernier commentaire

                  c fait :)

Ajouter une réaction

Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page

Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.


FAIRE UN DON






Les thématiques de l'article


Palmarès