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Les bonimenteurs (de Trump à Juppé et Fillon en passant par Hollande)

Promettre pour être élu, semble être la devise en vogue des candidats aux élections quitte à se déjuger ensuite. Ce n’est pas grave, pensent-ils, les électeurs comprendront qu’il n’a pas été possible de tenir les promesses, compte tenu du contexte économique, d’une majorité introuvable ou du poids des lobbies, des multinationales ou de la finance (rayez la ou les mentions inutile), qui ont gentiment téléphoné au nouvel élu pour lui dire que la campagne était finie et qu’il était temps de revenir aux choses sérieuses.

C’est comme ça que ça se passe un peu partout

De Trump qui a su électriser les foules avec des promesses (construction d’un mur, expulsion de 11 millions d’étranger, en passant par l’inculpation de sa concurrente) en passant par Hollande, pour qui l’ennemi, c’était la finance et qui allait nous renégocier les traités européens vite fait bien fait, jusqu’au plus obscur des Maires aux convictions laïques bien affichées qui achète la paix sociale dans les quartiers à coup de subventions à des associations « culturelles », faux-nez d’obscurantistes religieux, tout le monde s’adonne à ce sport qui consiste à prendre les électeurs pour des cons.

La finalité du truc, c’est de conquérir le pouvoir et renvoyer l’ascenseur à ceux qui y ont contribué quitte à mettre en œuvre des mesures qui n’avaient pas été annoncées mais qui feront tellement plaisir à leurs « sponsors ».

Cela commence à se voir et ça explique les alternances rapides liées à la volatilité de l’électorat qui veut tout tester avant de se résoudre à la fatalité en allant à la pêche les jours de scrutins ou bien à descendre dans la rue.

Fillon et Juppé, nos champions français actuels

Le combat pour le second tour des primaires est rude et le challenger n’hésite pas à qualifier le programme de son concurrent d’irréaliste alors que le sien sent également un peu le moisi.

Ces deux bonimenteurs nous proposent des programmes bien dans la logique de la droite libérale avec une mention spéciale pour Fillon qui, bien qu’il soit discret sur le sujet, caresse dans le sens du poil les catholiques en mettant l’accent sur les plus traditionnalistes.

Sur le plan économique, rien de bien nouveau et c’est la fameuse « théorie du ruissellement » qui part du principe qu’il faut que les riches s’enrichissent davantage afin que les pauvres puissent profiter de quelques miettes. On sait déjà ce que ça donne : l’argent accumulé ne va que très peu dans l’économie mais sert à l’enrichissement personnel ou pire va dans des fonds de pension qui ruinent nos économies en fermant des usines ou en les délocalisant pour que leurs actionnaires se goinfrent un peu plus.

Un exemple : la réduction des déficits publics par la suppression de postes de fonctionnaires

Suppression de 500 000 ou de 300 000 postes : le concours de conneries est ouvert entre Fillon et Juppé et c’est l’hôpital qui se fout de la charité. Il est facile, pour peu que l’on s’intéresse au sujet de savoir que le résultat obtenu ne sera jamais atteint mais que les effets indirects plairons tout de même à tous ceux pour qui le mot « fonctionnaire » est un gros mot mais pour qui le service public n’est jamais assez bon lorsqu’ils en ont besoin (sécurité, santé, services publics en milieu rural)

Le but essentiel de la manœuvre est de passer de 35 heures à 39 dans la fonction publique, point barre et de prendre exemple sur cette « réforme » pour appliquer la même chose aux employés du privé. Tout le monde sera cocu dans l’affaire, même ceux qui applaudiront bêtement au sort réservés aux fonctionnaires.

La question de la suppression de postes de fonctionnaires n’est qu’accessoire, elle vise seulement à diminuer la masse salariale par la suppression de postes publics et augmenter la productivité dans les entreprises privées au détriment bien entendu d’embauches privées et publiques.

Inutile de vous dire les effets en matière de suppression d’emplois. Il s’agira en fait du plus grand plan social que notre pays ait connu et il est inutile de rêver à une future, même minime « inversion de la courbe du chômage ».

Pourquoi cette promesse de suppressions d’emplois publics est-elle intenable ?

Parce que tout d’abord, la finalité première est de revenir sur les 35 heures et qu’aborder le sujet par le biais de la suppression de postes de fonctionnaires relève du populisme.

Parce qu’ensuite, un gouvernement peu légiférer, mais qu’il ne peut pas imposer que le retour aux 39 heures se traduise par des suppressions d’emplois dans les fonctions publiques hospitalière ou territoriale qui représentent plus de la moitié des effectifs de fonctionnaires en France.

Pour les hôpitaux, on voit bien ce qui va se passer : difficile de supprimer des postes tant le secteur est en tension. Il s’agira alors d’en terminer avec le cumul énorme des heures sur les comptes épargne temps. Une belle entourloupe.

Pour les effectifs de la fonction publique d’Etat qui a déjà perdu 8% de ses effectifs en 14 ans à coups de RGPP et de non remplacement d’un fonctionnaire sur deux, on voit ce que cela a produit en matière de démantèlement des services de police et gendarmerie. La dernière pelletée de terre pourrait consister à modifier le statut des enseignants pour les gérer sous contrats privés, ce qui diminuerait facialement les effectifs mais pas la masse salariale. On voit bien qu’on est dans le dogmatique plutôt qu’autre chose.

Enfin, le meilleur pour la fin, la fonction publique territoriale. On pourrait être d’accord pour dire qu’il y a trop de fonctionnaires territoriaux en France, mais en s’interrogeant tout de même sur le point de savoir qui les a recrutés, à savoir les élus locaux eux-mêmes, qui, pour certains (Fillon et Juppé par exemple) ont construit des carrières politiques sur le clientélisme local et donc des embauches.

Les mêmes se sont évertués à protéger leurs mandats locaux (si pratiques pour se refaire une santé après un échec aux élections nationales) en refusant toute réforme logique des collectivités territoriales et ont même contribué à créer de nouvelles structures (intercommunalités) sans s’interroger sur les missions devenues obsolètes dans les communes.

Voilà pourquoi les bonimenteurs actuels et à venir ont encore de beaux jours devant eux.

 


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17 réactions à cet article    


  • Sozenz 23 novembre 2016 12:12

    La suppression d emploi dans les secteurs publics est faisable si vous allez dans le sens de la privatisation des services publics.
    casser le code du travail + privatiser donne une flexibilité infini, et permet l’utilisation des personnes comme s ils étaient des kleenex. on rend les personnes corvéable à souhait et soumises.
    La robotisation va rendre le marché du travail de plus en plus tendu. il faudra accepter soit de vivre avec très peu, soit être dans le Lead, autonome, soit être soumis ( grosso modo) .


    • Michel DROUET Michel DROUET 23 novembre 2016 12:31

      @Sozenz
      Bonjour,
      La privatisation des services publics est déjà en route mais cela ne se traduit pas par des réductions massives d’emplois (les élus rechignent à supprimer des emplois publics dans les collectivités pour cause de clientélisme)
      Pour le reste, vous dressez un tableau pas très reluisant, mais terriblement réaliste.


    • lsga lsga 23 novembre 2016 12:37

      @Sozenz
      Accepter de vivre avec très peu, tout en travaillant très peu, c’est ce que fond tous les intermittents du spectacle. Un vrai modèle pour le reste de l’humanité. 


    • aimable 24 novembre 2016 08:19

      @Michel DROUET
      le nombre d’emplois ne changera pas , seul la qualification fonctionnaire disparaitra , cela fera prendre son pied a Spartacus, mais le service il ne le paiera pas par l’impôt mais a la société privée, le fonctionnaire si coûteux sera remplacé par l’actionnaire , je ne penses pas qu’ a long terme il soit gagnant !



    • Michel DROUET Michel DROUET 24 novembre 2016 15:14

      @aimable
      Exact !!! mais il est persuadé du contraire....


    • zygzornifle zygzornifle 23 novembre 2016 14:59

      ce sont tous des chasseurs de blaireaux et a chaque fois la saison est bonne .....


      • JBL1960 JBL1960 23 novembre 2016 17:28

        @zygzornifle Excellente même ! C’est comme les champignons, surtout les « Trumpettes de la mort ». Tenez, c’est grâce à entrefilets que j’ai pu faire ce bon mot =
        https://jbl1960blog.wordpress.com/2016/11/23/resonnez-trumpettes/

        Sinon, y’a un truc, pas tout jeune mais implacable que j’ai appelé Mouseland vs Blaireauland = https://jbl1960blog.wordpress.com/2015/12/13/mouseland-vs-blaireauland/ Et ça fout toujours autant les j’tons tant c’est ça...


      • HELIOS HELIOS 23 novembre 2016 15:24

        1) NON, NON, NON, le patriotisme, et même le nationalisme, ne sont pas un retour en arriere, c’est juste le minimum de respect que n’importe qui, citoyen ou sujet doit avoir pour lui-même.

        Dites moi, une seconde, comment considère-t-on quelqu’un qui se blesse volontairement ? On l’envoie chez un psy, c’est une maladie.

        Un pays qui ne se respecte pas et qui se detruit, c’est une maladie... et la maladie, ce sont ceux qui détruisent notre société qui la transmettent, il faut éradiquer cette maladie !

        Une identité nationale ne doit pas se blesser elle-même, elle doit se développer, se renforcer... et il ne faut pas confondre cela avec une faute de respect pour les autres.

        2)Les services publics ? mais le gateau est tellement appétissant, tellement ample... pensez donc : l’éducation, la santé et tout ce qui concerne l’organisation de la société, versés directement dans les mains de rapaces dont le seul soucis est de faire du fric.

        L’attaque des fonctionnaires, s’il est associé apparement a l’efficacité, n’est en fait que destiné a augmenter l’emprise d’un secteur privé, rentable donc emmené a faire du benefice, sur le dos d’une population CAPTIVE.
        Seul l’état, c’est a dire la collectivité et sa solidarité forcée ou non est a même de fournir des services essentiels, régaliens ou innaccessibles individuellement, non pas gratuits, mais deconnectés de la marchandisation.

        Seule une automatisation, une informatisation (appelée actuellement « numerisation ») ainsi qu’une forte simplification de l’administration, peuvent participer a la diminution des fonctionnaires.

        Tout le reste, est une immense predation sur des millions de personnes vivant dans nos pays dits « développés ». ... et ne confondez pas, on ne parle pas ici de collectivisme....

        Vous ne voulez pas de cette marchandisation ? eradiquons la maladie, ne votons plus pour ceux qui nous ont infectés ou ceux qui voudraient le faire, changeons, il y a au moins un candidat pour cela, Marine Le Pen.

        • Captain Marlo Fifi Brind_acier 24 novembre 2016 11:41

          @HELIOS
          Manque de bol, Marine vient de se déclarer pour une Europe puissante...
          Pour le Frexit, vous repasserez ...


        • Michel DROUET Michel DROUET 24 novembre 2016 15:26

          @HELIOS
          Votre analyse sur les services publics semble pertinente mais votre solution l’est moins.


        • Durand Durand 24 novembre 2016 18:39

          @Fifi Brind_acier

          Et alors ?!! Elle n’a pas dit qu’elle voulait une UE puissante ! 

          De plus elle dit bien que la Russie fait partie de l’Europe, il me semble... Et elle parle bien de l’intérêt de l’Europe et particulièrement de la France, à améliorer ses relations avec le Russie !

          D’ailleurs, dans la video que vous proposiez - https://m.youtube.com/watch?v=lZEOPXUvXHo&feature=youtu.be - il est bien dit qu’on ne pourrait changer l’Europe qu’une fois débarrassé de l’UE, non ? 

          Votre capacité à interpréter les choses selon votre formatage intellectuel laisse pantois ! Un robot aurait plus de nuances... !
          Notez que je ne dis pas « Votre capacité à prendre les gens pour des cons », car je suis certain que vous vous êtes sincère...

          Le FN est critiquable sur bien des points, mais vouloir à tout prix faire croire que MLP ne veut pas sortir de l’UE en se saisissant d’un argument qui convainc clairement du contraire,... c’est plus que de vacances, dont vous avez besoin !




        • Clark 23 novembre 2016 22:27

          Le chiffre des postes à supprimer dans les fonctions publiques est peu être à nuancer mais il faut reconnaître que l’administration est aujourd’hui souvent un frein au fonctionnement de notre pays.Lisez le rapport Lambert Boulard de 2013 et les 400.000 normes qui envahissent notre vie. Bien sûr les effectifs de la justice et de la santé sont très insuffisants mais ailleurs ?Quelques exemples : le nombre de fonctionnaires de l’agriculture à cru au même rythme que la diminution du nombre d’agriculteurs. Combien de documents inutiles freinent l’activité des entrepreneurs qui jusqu’à il y peu devaient fournir les mêmes informations à 14 services différents. Si on sortait des bureaux les policiers et mieux utilisait les autres plus à la sécurité des citoyens et moins à la surveillance du stationnement, on pourrait spprimer des postes. Quand à l’éducation nationale son efficience est faible même si elle est sacralisée ; pourquoi enseigner 40 options de langues (parfois avec 4 élèves) Que dire de 7 ans d’anglais aboutissant à ne pas savoir demander son chemin à Londres. Il y des exemples multiples de ce type. Arrêtons de nous voiler la face. On peut supprimer des milliers de fonctionnaires pour mieux payer les autres et améliorer le service au public en réduisant le service public


          • Michel DROUET Michel DROUET 23 novembre 2016 22:38

            @Clark
            Juste un bémol pour dire que la majorité des fonctionnaires supportent des normes édictées par quelques technocrates des ministères ou de l’Europe et acceptées par les élus


          • Clark 24 novembre 2016 07:32

            @Michel DROUET

            Ce n’est pas faux

            mais il n’ont pas besoin de Bruxelles pour cela. Lisez le rapport Lambert Boulard. Pensez aussi à la sur transposition des directives, spécialité française.


          • Captain Marlo Fifi Brind_acier 24 novembre 2016 11:49

            @Clark
            Meuuuh non, la transposition des directives européenne est une obligation pour tous les pays européens... , sinon, les récalcitrants doivent payer des amendes, jusqu’à 0,2% du PIB !
            L’astreinte, ça s’appelle...


            La raison, c’est que le Droit communautaire est supérieur aux droits nationaux, y compris au droit constitutionnel ...

            " La primauté du droit européen sur les droits nationaux est absolue. Ainsi, tous les actes européens ayant une force obligatoire en bénéficient, qu’ils soient issus du droit primaire ou du droit dérivé.

            De même, tous les actes nationaux sont soumis à ce principe, quelle que soit leur nature : loi, règlement, arrêté, ordonnance, circulaire, etc. Peu importe que ces textes aient été émis par le pouvoir exécutif ou législatif de l’État membre. Le pouvoir judiciaire est également soumis au principe de primauté. En effet, le droit qu’il produit, la jurisprudence, doit respecter celui de l’Union.

            La Cour de justice a estimé que les constitutions nationales sont également soumises au principe de primauté. Il revient ainsi au juge national de ne pas appliquer les dispositions d’une constitution contraire au droit européen."


            Vous devriez vous demander pourquoi l’ UPR est la seule organisation qui informe les citoyens sur le contenu des Traités européens, alors qu’ils sont si nombreux à critiquer l’ UE, sans jamais informer les citoyens ....


          • Michel DROUET Michel DROUET 24 novembre 2016 15:24

            @Clark
            Votre approche est très rationaliste et un peu déconnectée de la réalité du terrain. Les habitants des territoires ruraux sont très sensibles à la perte de services publics et ne partagent sans doute pas la totalité de votre raisonnement.
            Cela vaut également pour l’éducation nationale avec la difficulté d’accès des élèves aux établissements d’enseignement sauf à faire plus d’une heure de transports.
            Quant à l’agriculture, vous savez comme moi qu’elle a toujours bénéficié d’un accompagnement particulier de la part des politiques qui ne sont certainement pas prêts à diminuer le nombre d’emplois de fonctionnaires dans ce secteur.
            En conclusion, si l’administration peut être un frein, ce n’est pas de la faute des fonctionnaires mais de ceux qui construisent les normes qu’ils soient dans les ministères ou à Bruxelles, et en raison de la faiblesse des pouvoirs politiques.

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