Les cadres de l’UMP embarrassés par l’ancien conseiller de l’Elysée Patrick Buisson

Mais il y a une question que personne ne s’est encore posé, c’est qu’en pensent les ténors de l’UMP ? Pourquoi ne sont-ils pas entendus sur ce sujet, alors que d’habitude, le politique est friand de polémique pour assurer son passage télévisé du soir ? La faute aux vacances peut-être. C’est une première explication qui tient la route. En effet, après les dures batailles qui se sont enchaînées (et autant de défaites pour l’UMP), nos élus auraient peu à cœur de suivre et de commenter l’actualité du mois de juillet.

Il y en a peut-être une autre, qui est un peu moins politiquement correcte. Les Xavier Bertrand, Jean-François Copé, NKM seraient en effet bien embêtés de pouvoir commenter une telle une, puisqu’ils seraient par définition gênés pour condamner un journal dont le rédac’ chef a été, certes il y a longtemps, monsieur Patrick Buisson, l’un des plus proches collaborateurs de Nicolas Sarkozy. En réponse, ils pourront argumenter que les collaborateurs de Nicolas Sarkozy ne sont pas les leurs.

En réalité, ils vont beaucoup plus loin, puisque la relation qui ne les gênaient pas le moins du monde il y a deux mois, en pleine campagne présidentielle, est aujourd’hui indéfendable, maintenant qu’ils essaient de se racheter une image de membre d’un parti ouvert à l’opposé de la ligne du Front national. Et quoi de mieux pour se racheter que de se retourner contre l’ancien allié plein de bons conseils ?

L’Express nous explique que l’ancien conseiller de Nicolas Sarkozy est aujourd’hui tenu pour responsable de la défaite de la droite aux dernières élections, notamment par Roselyne Bachelot et Nathalie Kosciusko-Morizet, preuve que les anciens liens sont bien difficiles à assumer.

Si le bouc émissaire est tout trouvé, et l’argument entendu, la même NKM, invitée par « Questions d’info » disait pourtant un mois avant :

« les analyses de Mr. Buisson étaient "intéressantes comme analyses de la société. Elles sont stimulantes"  ».

Comment une NKM effectuant un virage à la droite de la droite au mois d’avril, complice avec un conseiller qu’elle trouve à présent peu fréquentable, a pu se poser comme défenseuse des valeurs de tolérance et d’humanisme aux législatives du mois de juin ?

S’il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis, NKM a le mérite de le faire, elle, très rapidement. Ses convictions, telles des brises matinales, fluctuent tout au long de la journée électorale. Avant que les résultats des Présidentielles ne soient dévoilés, monsieur Buisson possède des analyses à prendre plus qu’à jeter ; une fois ceux-ci connus et la défaite consommée, il devient persona non grata au sein de l’UMP…histoire de ne pas perdre les législatives.

Même son de cloche pour Xavier Bertrand, mis sur la liste noire du FN aux côtés de NKM, qui se félicite aujourd’hui d’incarner une UMP qui a rompu avec la ligne Buisson… mais qui était secrétaire général de l’UMP au moment ou les conseils du sulfureux conseiller étaient dignes d’écoute (et de rémunération) :

"Depuis 2009, et donc du temps de mon prédécesseur Xavier Bertrand, dont je m'empresse de dire que je suis totalement solidaire par définition, avaient été pris des contrats de conseil avec un certain nombre de sociétés dont celle de Patrick Buisson. Nathalie Kosciusko-Morizet le sait forcément puisqu'elle a été secrétaire générale adjointe de l'UMP au moment où Xavier Bertrand était le secrétaire général, comme d'ailleurs Laurent Wauquiez et toute cette équipe. Ils travaillaient en bonne intelligence avec Patrick Buisson comme avec d'autres", a déclaré M. Copé. 

Pas fou Jean-François Copé, qui a bien compris la manœuvre politicienne de ses camarades, essayant de jeter le bébé avec l’eau du bain. Ce savoureux tacle remet les choses dans leur contexte, et dévoile l’hypocrisie incroyable dont font preuve les Xavier Bertrand, NKM et autres ténors de l’UMP.

Il est alors pour le moins cocasse aujourd’hui de se laver les mains de ces fréquentations hasardeuses, et de s’ériger en symbole du refus des thèses du Front national et de l’extrême-droite au sein de l’UMP. NKM et Xavier Bertrand devraient peut-être suivre l’exemple de Nadine Morano, qui, elle, décomplexée, accorde une interview à…Minute !

Les électeurs peuvent se poser des questions sur les médias qui relaient cette nouvelle légende dorée au sein de l’UMP, d’une génération qui refuse le compromis, alors qu’elle a été bien prompte, deux mois auparavant, à faire fi de ses convictions les plus profondes pour aider à la réélection de Nicolas Sarkozy.

Espérons alors deux choses : que monsieur Buisson n’assume pas ce qu’est devenu son journal, et que ces cadres de l’UMP sachent faire du tri dans les analyses de ce dernier.