Les capitalistes devraient préférer Hollande à Sarkozy pour le quinquennat 2012-2017
Sarkozy a déclaré vendredi 6 avril à Caen : « Vous voulez la gauche ? Vous aurez la Grèce, vous aurez l’Espagne ! ».
Outre le fait que pour plus de 8 millions de Français, la France de Sarkozy c’est déjà la Grèce ou l’Espagne, il faut opposer à cet histrion président-candidat que c’est ce qu’il entend par « la gauche », c’est-à-dire la social-démocratie, qui en Allemagne a mis en place la politique de l’emploi qu’il nous promet pour son deuxième quinquennat. Que propose en effet Sarkozy en cette matière ? Voici le résumé du Parisien.fr :
Dans les premières des 32 propositions de son programme récemment révélé (n° 4, 5, 7, 8, 10), il s’engage à « alléger les charges sociales (moyennant une hausse de la TVA) pour faire baisser le coût du travail et favoriser l’emploi… C’est la recette à double détente du président-candidat afin de booster la compétitivité des entreprises françaises. Une petite révolution réclamée depuis des années par le Medef et de nombreux patrons. Concrètement, dans la continuité des 14 Mds€ d’allégements sur les cotisations employeurs programmée à l’automne, Sarkozy compte aller plus loin au nom de la lutte contre le chômage. Toute entreprise qui embauchera un senior sera exonérée de charges patronales. En cas de “zéro chiffre d’affaires”, les travailleurs indépendants (500000) n’auront plus aucune charge à verser. Autre axe retenu par Sarkozy pour amortir les soubresauts de la crise, il s’agit de permettre aux entreprises en difficulté de négocier grâce à des accords dits “de compétitivité” une nouvelle durée du travail et/ou une baisse des salaires. Une recette à l’allemande annoncée en février sur laquelle les partenaires sociaux ont bien du mal à tomber d’accord. Les chômeurs sont dans le collimateur de Sarkozy, qui veut, en cas de blocage, s’appuyer sur le référendum pour les mettre au travail et leur serrer la vis. Il propose de rendre obligatoire une formation pour tous les demandeurs d’emploi, tenus d’accepter la première offre sous peine de se voir priver de leurs allocations. Quant aux bénéficiaires du RSA, ils devront effectuer sept heures de travail rémunérées obligatoires par semaine. Une mesure testée dans une douzaine de départements qui a du mal à se mettre en place, faute d’emplois suffisants. »
Ce programme, dont « le durcissement de la flexibilité » est l'axe principal (lire Sommet social : la flexibilité du travail pour plus tard), est inspiré par les lois Hartz (du nom de Peter Hartz, DRH de Volkswagen qui fin 1993 obtint du puissant IG Metall l'instauration de la semaine de 4 jours – 28,8h au lieu de 36h – impliquant une diminution du salaire et une flexibilité accrue... Sympathique Hartz qui sera inculpé en 2006 de corruption, notamment de détournement de fonds au profit... du chef du comité d’entreprise de Volkswagen, pour acheter la paix sociale à coups de pots-de-vin, prostituées, voyages « offerts » aux représentants du personnel – lire Inculpation de Peter Hartz). Or ces lois ou réformes Hartz sont la pièce maîtresse du dispositif législatif mis en place entre 2003 et 2005 par le chancelier SPD Gerhard Schröder (dont Hartz, lui-même membre du SPD, fut le premier conseiller entre 1998 et 2005), non pas donc par Angela Merkel qui en a bien plutôt recueilli les fruits tandis que Schröder, lui, en faisait les frais...
Sarkozy le sait pourtant bien, il sait bien que la gauche hollandaise réussirait mieux que lui l’implantation en France de cette réforme du marché du travail, et il sait encore que les capitalistes le savent eux aussi et que, par conséquent, il risque de perdre bientôt leur soutien au profit du leader socialiste, à moins qu’il n’aille à Le Pen, si jamais les syndicats, contre lesquels Sarkozy lancent ses foudres ces jours-ci, ne se couchaient pas (ou si les social-traîtres de la CFDT et de la CGT devaient être débordés par la rue). Le Capital a toujours trois fers au feu, comme le dit notre ami Christophe Ricerchi. Quant à Jean-Luc Mélenchon, il faut être aveugle ou bien croquer du « caviar » pour ne pas apercevoir qu’il est le rabatteur des plus révoltés vers les fusils du Capital, un chien courant en quelque sorte, encouragé par les hallalis du GOF.
Voici quelques documents d’information sur le « miracle allemand » :
1/ D’abord cette note de synthèse sur le travail de la Commission Hartz ; bien qu'elle date (de 2007), elle évoque notre avenir immédiat.
2/ Un article à la dent dure, du World Socialist Web Site, publié en 2006 par le CIQUI, sur les protestations de masse contre les coupes sombres dans les acquis sociaux qui ont accompagné les réformes Hartz et qui elles aussi nous attendent.
3/ Enfin, un article récent de COMMUNISTE sur le prétendu modèle allemand.
4/ Une étude, plus technique, signée par Jens Thoemmes et Anne Labit (alors sociologues doctorants) et parue dans le n°64–03/1995 de la revue Travail et Emploi du Ministère du Travail, sur le rôle joué par les syndicats dans l'instauration de « la semaine de 4 jours » chez Volkswagen.
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